Le sommet du G20, qui s’ouvre ce vendredi 30 novembre 2018 en présence d’un parterre de chefs d’Etat et de gouvernement dans la capitale argentine, s’annonce houleux. Le numéro un américain Donald Trump n’est pas le seul à sembler vouloir en découdre. Son homologue français Emmanuel Macron semble également prêt à défendre ses priorités : le climat et le commerce mondial.
Il faut s’attendre à un sommet difficile extrêmement conflictuel, fait-on valoir dans l’entourage du président Macron, où l’on redoute que la guerre commerciale qui fait rage entre la Chine et les Etats-Unis ne monopolise tous les débats de ce G20 argentin. Et de pointer du doigt l’attitude du président américain, ultra-protectionniste, climatosceptique et qui est arrivé, tard jeudi soir, prêt à en découdre avec de nouvelles menaces de taxes, cette fois sur l’automobile.
« C’est comme l’an passé au G20 de Hambourg », résume placidement un diplomate français, cité par notre envoyée spéciale à Buenos Aires, Véronique Rigolet. Sur un air de « même pas peur », le chef de l’Etat français, dit-il, avec ses partenaires européens qu’il réunira d’ailleurs ce vendredi matin, est pleinement décidé à défendre ses priorités, à savoir le climat et le commerce. Et ce, coûte que coûte, en faisant bloc, en s’alliant à 17, 18 ou 19 pays face au géant américain.
Jeudi, avec le président argentin Mauricio Macri, Emmanuel Macron s’est ainsi félicité de leur attachement commun au multilatéralisme et ont affiché la même stratégie pour la défense du climat : faire bloc et avancer. Le président français tentera d’aller plus loin, notamment avec l’Inde et la Chine. Ses toutes premières rencontres bilatérales seront d’ailleurs avec le Premier ministre Modi et le président Xi. « Nous restons mobilisés avec d’autres partenaires », indique l’Elysée.
Vendredi après-midi, Emmanuel Macron devrait également rencontrer son homologue russe, Vladimir Poutine. Mais quant à rencontrer Donald Trump, qui a lui-même annulé son rendez-vous prévu avec l’homme fort du Kremlin, ce ne sera sans doute pas pour cette fois, même si l’Elysée n’exclut pas un simple apparté. Une fois de plus, c’est en effet l’imprévisible président américain qui impose son agenda à cette rencontre des grandes économies du monde.
La rencontre la plus attendue : Donald Trump et Xi Jinping
Donald Trump a d’abord jugé opportun de rencontrer le président russe, en pleine crise ukrainienne, avant de se rétracter dans l’heure qui a suivi. Le président américain s’est également dit proche d’un accord commercial avec la Chine, avant de déclarer qu’il n’était pas certain d’en vouloir un, étant donnés les résultats « positifs » de ses taxes sur les produits chinois. Le tout alors que l’escalade des représailles douanières entre les deux pays menace la croissance mondiale.
Bref, par ses déclarations intempestives, Donald Trump enterre ni plus ni moins l’agenda préparé depuis plus d’un an par la présidence argentine, qui avait fait de la défense du système multilatéral et de l’accord de Paris sur le climat deux axes majeurs de ce sommet. Au point que rien n’indique, à l’heure qu’il est, qu’une déclaration finale commune sera bien adoptée à l’issue de ce G20, observe notre seconde envoyée spéciale dans la capitale argentine, Mounia Daoudi.
Une chose est sûre, les grands dossiers géopolitiques du moment – guerre au Yémen, affaire Khashoggi, crise ukrainienne – devraient éclipser l’agenda officiel du G20, ce groupe qui, pour rappel, rassemble les pays riches et les grandes économies émergentes de la planète, en plus de l’Union européenne. Des sujets qui seront évoqués lors des nombreuses rencontres bilatérales prévues, dont la plus attendue est sans doute celle qui doit réunir Donald Trump et Xi Jinping.
Peut-être ne faut-il attendre aucune décision formelle à Buenos Aires, sauf éventuellement une désescalade commerciale. Quoi qu’en dise M. Trump, l’incertitude née de la décision de son administration de taxer les produits chinois et du cycle des représailles qui a suivi, plombe le moral des entreprises depuis des mois, pas seulement en Asie. Elles sont contraintes de reporter leurs investissements, non sans conséquence sur l’emploi et sur le plan social.
Rfi.fr