L’arrestation d’une dizaine de jeunes de la Commune de Pakour il y a environ trois semaines dans l’affaire de la contestation d’une décision du Conseil municipal portant acquisition, par un promoteur privé, d’une partie de la forêt de la localité, reste une pilule très amère à avaler pour le président de SOS Environnement, et pour cause. En effet, à la veille du procès des mis en cause prévu, après deux renvois, pour demain mercredi 9 mai au tribunal régional de Kolda, Abdoulaye Cissé estime que cette arrestation est injuste.
L’octroi de mille hectares à Mamadou Omar Sall a porté le coup de grâce sur les programmes de préservation de la forêt que ces jeunes ont voulu manifester leur courroux. Suite à quoi ils ont été interpellés. Pour Abdoulaye Cissé, il est hors de question de « laisser M. Sall commettre un génocide environnemental et foncier au détriment des populations. Ces jeunes sont tout simplement animés par un souci de préservation de la forêt ». Ce qui, selon le président de SOS Environnement, ne semble pas être le cas du promoteur qui a procédé à un abatage des arbres, pour pouvoir tenir sa bananeraie.
Pour autant, les pourfendeurs de ce délibéré du Conseil municipal, dans une ardeur inouïe, soutiennent que « si la bananeraie est implantée sur la vallée du kayanga dans le département de Vélingara, elle tuera toutes les activités économiques de ces populations qui vivent le long de la berge. C’est avec cette berge qu’elles abreuvent leurs bétails. Et si on laisse faire, on assistera à la disparition de villages et des déplacements de populations ». pour eux, Omar Sall fait dans « l’abus de pouvoir » parce que les populations accueillent très mal ce projet d’implantation d’une bananeraie.
Ce qui pousse Abdoulaye Cissé à fustiger l’arrestation jugée arbitraire de ces jeunes. « J’estime qu’aucun motif ne justifie l’arrestation de ces dix qui ont passé près de trois semaines à la maison d’arrêt et de correction », peste-t-il. Avant d’ajouter « ce sont des otages et ils doivent être libérés ». Selon lui, le seul tort de ces derniers c’est d’être des défenseurs de l’environnement .
Par ailleurs il alerte la Municipalité: « le conseil municipal doit revoir le délibéré pour apaiser les esprits et éviter un second « Boffa Bayotte. Nous voyons mal qu’un maire fasse des délibérations de terres pour les affecter à des privés au moment où l’Etat lutte pour la préservation de l’environnement et des forêts. Nous exigeons leur libération immédiate et sans condition « , menace-t-il.
Sur un air suspicieux, Abdoulaye Cissé enfonce le promoteur Mamadou Omar Sall en ces termes: « nous pensons qu’il y a une main mise dans cette affaire, vue l’intervention du génie militaire pour encadrer les travaux » du promoteur qui, laisse-t-il entendre n’est intéressé que par l’appât du gain et -être des populations. » Mamadou Omar Sall devra nous passer sur le corps pour faire sa bananeraie », conclut-il.
Douma Diallo (Correspondant Actusen.com à Kolda)