Les députés britanniques ont rejeté très largement ce mardi 15 janvier l’accord sur le Brexit négocié par le gouvernement de Theresa May avec l’Union européenne. Quelques minutes avant le vote, la Première ministre leur avait pourtant demandé de « respecter (…) le résultat du référendum ».
La défaite est totale pour Theresa May. Ni la promesse de travailler plus étroitement avec les députés ni les appels aux élus de ne pas trahir le vote britannique en faveur du Brexit n’auront convaincu la Chambre des communes. Les parlementaires ont rejeté le plan de retrait par 432 voix contre 202. C’est une défaite extrêmement lourde, la plus grande subie par un gouvernement dans l’histoire du pays, pointe notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix.
Bien qu’elle ne soit pas une surprise, cette défaite de Theresa May prolonge un peu plus l’incertitude dans laquelle est plongé le Royaume-Uni. Elle redonne aussi espoir à certains. Sur la grande pelouse qui fait face au Parlement de Westminster, le résultat du vote a été accueilli par des applaudissements nourris et même des cris de joie. C’est là que ce sont rassemblés ce mardi soir les partisans d’un nouveau référendum.
Ces milliers de personnes qui ne veulent pas quitter l’Union européenne ont suivi le déroulé du vote sur deux écrans géants. Elles espèrent que le rejet de cet accord de sortie ouvrira la voie à une nouvelle consultation, même si pour l’instant, cette option n’est pas sur la table. Dans le camp adverse, celui des pro-Brexit, la satisfaction est la même, mais pour des raisons différentes. Pour eux, le rejet de ce texte ouvre la voie à une sortie de l’UE sans accord, indique notre envoyée spéciale, Anastasia Becchio.
« Le temps est presque écoulé »
Le visage fermé, Theresa May s’est exprimée brièvement devant les députés quelques secondes après l’annonce du vote. Elle s’est dite prête à aborder les futures discussions de manière constructive. Dans la foulée, le dirigeant de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn a annoncé le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement. Le vote interviendra dès ce mercredi soir. Si elle passe cette épreuve, la Première ministre aura trois jours pour présenter une solution alternative. Elle a déjà prévu de revenir devant le Parlement avec une déclaration lundi prochain.
Car le temps presse. Le Brexit doit avoir lieu dans deux mois et demi.« Le temps est presque écoulé », a averti dans un communiqué le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui appelle le Royaume-Uni à « clarifier ses intentions dès que possible ». Et si Bruxelles ne veut pas d’un divorce sans accord, l’exécutif européen va « continuer à préparer son travail de solution d’urgence pour être certain que l’UE est totalement préparée » aux conséquences d’un Brexit brutal, a poursuivi Jean-Claude Juncker.
« C’est un jour amer pour l’Europe. Nous sommes prêts. Mais un Brexit dur est la pire de toutes les possibilités pour l’UE, mais surtout pour le Royaume-Uni », a réagi sur Twitter le ministre des Finances et vice-chancelier allemand Olaf Scholz.
De son côté, le président du Conseil européen, Donald Tusk, préconise un nouveau référendum pour maintenir le Royaume-Uni dans l’UE.
Les Européens ne s’attendaient pas à un miracle et même si pour eux c’est la douche froide, c’est surtout l’incertitude qui domine. L’ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, coordinateur du Parlement européen pour le Brexit estime que l’Europe a compris ce que les députés de la Chambre des Communes ne voulaient pas, mais qu’il faudrait maintenant qu’ils lui disent ce qu’ils veulent, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet.
Interrogé lors de son échange avec les maires de France dans l’Eure, le président Emmanuel Macron a émis plusieurs hypothèses après le vote du Parlement britannique.
Rfi.fr