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Cameroun-Chili : Sur les traces d’Arturo Vidal, star qui a dribblé la faim

COUPE DES CONFEDERATIONS – Parti de rien, Arturo Vidal est devenu une star au Chili, qui affronte le Cameroun samedi en phase de poules (18h00). Le capitaine de la sélection chilienne fait figure d’exemple à suivre dans son pays.

Dans l’un des quartiers les plus pauvres de Santiago, Yvo et ses camarades chaussent leurs crampons, maillot du club Rodelindo Roman sur le dos et jouent à être Arturo Vidal, lui aussi parti de rien et désormais roi du football chilien. Il y a une vingtaine d’années, c’est la star du Bayern Munich elle-même qui sortait d’une des bicoques entourant le terrain du modeste club où il a touché ses premiers ballons, oubliant pour quelques heures le froid et la faim.

C’était bien avant que décolle sa carrière pour le mener jusqu’à cette sélection nationale qui dispute à partir de samedi la Coupe des Confédérations en Russie. Aujourd’hui âgé de 30 ans, Arturo est « un modèle et une source d’inspiration, j’aimerais être comme lui », confie à l’AFP Yvo Aliaga, après avoir remporté son match du dimanche face à une autre équipe locale. La même admiration pousse de nombreux jeunes à rejoindre le club pour courir sur la terre des premiers pas du milieu de terrain, devenu le symbole de la « Génération dorée » de la Roja chilienne avec son style de jeu et sa coupe iroquoise.

Au palmarès de Vidal, un deuxième titre de champion de Bundesliga cette saison, mais aussi deux Copa America avec le Chili. « Pour Rodelindo, le club de mes amours, celui qui m’a vu naître »: cette phrase, apposée sur une photo d’un jeune Vidal portant le maillot de l’équipe Colo Colo, accueille les visiteurs au siège du club. Arturo, « c’est notre roi », clame Maria Teresa Lizama, qui vit dans le coin depuis des années.

« Le vent entrait de partout »

Le joueur continue de suivre la vie de son quartier, collabore avec le club et n’hésite pas à venir en aide quand un voisin est malade, assurent plusieurs habitants de Rodelindo, qui défient chaque week-end le froid ou la chaleur, ou encore la poussière qui vole autour du terrain, pour venir soutenir leur équipe. Tous parlent avec affection du joueur, dont l’indiscipline a pourtant souvent été pointé du doigt, mais aucun ne veut évoquer les polémiques le concernant, notamment quand, ivre, il avait eu un accident avec sa Ferrari, en pleine Copa America au Chili en 2015.

La famille du footballeur, qui a déjà fait les titres pour des arrestations ou l’abus d’alcool du père, est revenue en Une des journaux il y a peu, après la mort tragique d’un beau-frère d’Arturo, tué par balles à quelques kilomètres du quartier. Les circonstances du meurtre sont encore floues mais l’intense couverture médiatique qui a suivi a agacé les inconditionnels de l’idole locale. Tous évoquent surtout sa mère, Jacqueline Pardo, un « grand pilier » qui a fait avancer sa famille malgré la pauvreté, dans une maison « où le vent entrait de partout », raconte Arturo Olea, ancien entraîneur de Rodelindo.

« Mange-terre »

Portant un maillot du Bayern, Olea fait défiler sa collection de photos de Vidal et se rappelle avec émotion du jeune Arturo que « l’on surnommait le ‘Mange-terre’ car il tombait et il jouait, on lui donnait des coups et il s’arrêtait », mais « avoir mal ou être blessé, il s’en fichait ». Vidal affiche le même style combatif aujourd’hui: « S’il faut ‘verrouiller’ avec la tête, avec quoi que ce soit pour pouvoir gagner, alors il faut le faire », a-t-il lancé avant le quart de finale de Ligue des champions contre le Real Madrid, finalement perdu. « La confiance qu’il a comme joueur l’a mené à jouer un grand rôle sur le terrain, c’était déjà un leader », assure Ivan Valenzuela, qui avait joué avec Vidal dans les catégories jeunes de Colo Colo.

Considéré comme un héros au Chili, Arturo Vidal a donné son nom au stade de la commune de San Joaquin, dont il est l’enfant prodige. Mais il n’oublie pas son autre passion : les chevaux. Il en possède une trentaine et est un visiteur assidu du club hippique de Santiago. « Cela le fait vibrer de venir ici, sans doute moins que quand il joue au football parce que c’est sa vie, mais ici il vibre de façon détendue », observe le journaliste Juan Antonio Torres, qui l’avait interviewé alors qu’il n’était qu’un jeune espoir de Colo Colo.

Avec Eurosport

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