Accusé d’avoir « collaboré » avec des islamistes de Boko Haram, le correspondant camerounais de RFI, Ahmed Abba, attend jeudi le verdict de la justice camerounaise. Détenu depuis juillet 2015, il encourt la peine de mort.
Il risque la peine de mort. Poursuivi pour « complicité » de terrorisme, le correspondant camerounais de Radio France Internationale (RFI), Ahmed Abba, doit être fixé sur son sort ce jeudi 20 avril.
Lors de l’audience du jeudi 6 avril, le commissaire du gouvernement, représentant du parquet du tribunal militaire de Yaoundé, avait requis la peine de mort à son encontre. Et ce alors que « la loi ne prévoit pas de réquisition de peine avant une éventuelle reconnaissance de culpabilité », avait alors souligné RFI en dénonçant « l’absence de preuve » contre son journaliste.
Selon la radio publique française, très écoutée en Afrique, cette audience avait donné lieu à un réquisitoire-éclair, dans lequel le commissaire du gouvernement a maintenu les chefs d’accusation de « non-dénonciation d’actes de terrorisme, apologie et blanchiment ». Pendant « trois heures », les avocats du journaliste « ont littéralement déconstruit le dossier, prouvant qu’aucun élément de preuve n’a jamais été apporté par l’accusation et qu’aucune des infractions n’est constituée ». Les avocats du journaliste avaient demandé que les juges le déclarent « non coupable » et l’acquittent purement et simplement.
« La direction de RFI ne peut douter que (le) jour (du verdict) sera celui où l’innocence d’Ahmed Abba sera reconnue, et qu’il sera aussi le dernier jour de son calvaire », avait commenté la radio après l’audience, ajoutant : « 628 jours de détention, c’est décidément trop long pour un innocent ! »
Correspondant de RFI en langue haoussa, Ahmed Abba avait été arrêté fin juillet 2015 à Maroua, dans l’extrême-nord du Cameroun, avant d’être transféré à Yaoundé où il est depuis détenu. Le parquet estime qu’il a « collaboré » avec des islamistes de Boko Haram. Ahmed Abba a toujours clamé son innocence.
Fin juin 2014, une loi antiterroriste très controversée est entrée en vigueur au Cameroun, prévoyant notamment la peine de mort pour les personnes reconnues coupables d’actes de terrorisme ou de complicité. Depuis, des dizaines de personnes ont été condamnées à la peine capitale pour terrorisme. Le code pénal camerounais prévoyait déjà cette peine pour les coupables de meurtres et d’assassinats, mais aucune exécution n’a eu lieu depuis le milieu des années 1980.
Avec AFP