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Catalogne: le scénario catastrophe de la mise en œuvre de l’article 155

Le conflit catalan est entré dans sa phase décisive. Après mille rebondissements de part et d’autre, le Sénat espagnol devrait, ce vendredi 27 octobre, entériner l’application de l’article 155 de la Constitution, qui suppose la mise sous tutelle d’une région rebelle. Sauf surprise de dernière minute, ou revirement des séparatistes (la convocation de législatives anticipées), ces mesures d’exception devraient être en vigueur en Catalogne dès samedi.

Ce qui est en jeu ce vendredi, c’est ni plus ni moins que l’avenir de la Catalogne. Si réellement, l’article 155 de la Constitution s’appliquait, les conséquences pourraient être catastrophiques, estime notre correspondant à Madrid, François Musseau. Certains craignent qu’une telle situation occasionne de violentes altercations sur place.

L’article 155 stipule que « si une communauté autonome ne respecte pas les obligations qui lui sont imposées par la Constitution ou par d’autres lois, ou agit d’une manière qui porte gravement atteinte à l’intérêt général de l’Espagne, le gouvernement (…) pourra adopter les mesures nécessaires pour l’obliger à respecter les dites obligations, ou pour la protection de l’intérêt général ».

Il faut imaginer le pouvoir central prendre à Barcelone le commandement de la police catalane et de ses 17 000 agents, mais aussi de l’administration fiscale, du siège de l’exécutif avec la destitution de Carles Puigdemont et de ses ministres, des médias publics comme la télévision TV3, ou encore du centre des télécommunications. En somme, une complète mainmise sur les institutions catalanes, y compris le Parlement. Du jamais vu.

L’Espagne est un pays extrêmement décentralisé, et ses 17 régions dites Communautés autonomes tiennent à leurs pouvoirs étendus, en matière de santé et d’éducation par exemple. Pour une bonne majorité de Catalans, nationalistes, cette mise sous tutelle serait vécue comme une humiliation et un retour aux heures noires du franquisme (1939-1975), et il faudrait s’attendre à de vives résistances, à la fois des foules dans la rue comme de haut fonctionnaires catalans.

Ce scénario, le pire qui se puisse imaginer pour tous, est aujourd’hui le plus vraisemblable dans la péninsule ibérique. Mais on ne peut pas, toutefois, écarter la possibilité d’une main tendue de dernière minute, d’un revirement ou d’un énième coup de théâtre. Les autorités catalanes camperont-elles sur leur refus d’organiser des élections anticipées par exemple ? Une certitude seulement : la situation n’a jamais été aussi indécise, confuse, et dangereuse.

Rfi

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