ACTUSEN
ActualitéNewsUNE

Champions du Monde !!!! (La Chronique de Sambaay Bathie)

La phrase du quotidien dakarois est savoureusement tragique, lorsqu’elle nous relate que le Président de la République a «sorti de SA POCHE 25 millions de NOTRE PAUVRE ARGENT». Cherchez l’erreur !!! Le Président Macky Sall, qui donne 25 000 000 FCFA de « Soukeurou Koor » à des DG, des PCA et autres cadres vernis… de L’APR, alors que  ces derniers ont des traitements mensuels de 3 000 000 à 10 000 000 F CFA par mois pour certains, on a dû mal comprendre quand le chef de l’Etat nous parlait de « la patrie avant le parti et de rupture. On a dû rater une marche.

Ce n’est plus de la mendicité républicaine, nous assistons là à un véritable vampirisme économique. Le problème que nous pose cette compulsive prodigalité partisane et républicaine c’est que «Ou c’est SA poche, ou c’est NOTRE PAUVRE ARGENT». Sans tomber dans une inquisition que nous interdit le statut même des fonds politiques ou « caisse nègre », nous sommes tentés de penser aux conditions dans lesquelles s’effectuent ces traditions qui s’apparentent à une sorte de Zakat.

Que nous sachions, ces cadres de l’APR qui faisaient la manche dans les couloirs de la Présidence de la République, et qui auraient émargé chacun pour 1 million de francs, sont tirés à quatre épingles, roulent en grosses cylindrées, portent montres rutilantes au poignet, et sont entre autres DG, et PCA et dirigent, c’est cela qui est navrant, la Coordination des Cadres Républicains. A moins qu’ils ne servent qu’à décorer les murs de la permanence comme leur statut l’indique, nous ne comprenons pas du tout pour quelles raisons ils ont pu bénéficier de ce que le Coran commande de ne donner qu’à des personnes effectivement dans le besoin, au risque de commettre un péché.

Alors puisque ce sont «nos pauvres sous qui étaient dans SA poche», nous sommes comptables devant Dieu de cet inélégant et obscène impair. Même d’autres Cadres qui sont nés après la honte, ne sauraient encaisser ces sous… Ce racket honteux de privilégiés de la République et ce vampirisme économique navrant sont pires qu’un crime… C’est une faute de goût. Que Dieu nous Pardonne !!!

Serait-ce pour cette raison que nous nous sommes payés un jour de jeûne en plus que tous les musulmans de la planète entière, prouvant une fois de plus notre statut de «Champions du Monde» de l’Islam, ne regardant pas la même lune que les autres, étant le seul pays où la Lune met 2 jours à traverser notre fuseau horaire et démontrant au monde entier nos capacités à bouleverser les règles universelles communément admises, notre réponse immuable aux questionnements sur nos pratiques recevant la même réponse tombée d’un ciel sans lune : « Mais Fii, Sénégal la !!!! »…

Comme pour nous expliquer que notre pays est disposé sur la Carte du Monde à côté de la Planète Terre. D’ailleurs, nos divers comités moraux et éthiques seraient tout disposés à nous faire fêter Noël le 26 décembre et le Jour de l’An aux alentours du 3 janvier. «Champions du Monde», on vous le dit !!!! Chez nous quand on nous montre la Lune, on regarde le doigt…Notre devise est «Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?».

Mais le doigt sur les lèvres aussi, on sait faire, comme si cette année, il avait été donné comme consigne de ne point commémorer l’anniversaire du 23 Juin 2011. « Chuut… !!! Motus et bouche cousue et plumes bien rangées… ». Déjà 6 ans…Le 23 JUIN 2011 a marqué l’Histoire de notre Sénégal, rebattu les cartes que les hommes et femmes politiques avaient habitude de manipuler et de distribuer, et bouleversé le sentiment et les engagements citoyens de nos compatriotes, leur faisant brutalement prendre conscience de leur si important pouvoir.

Nous avons collectivement découvert que la Démocratie était Populaire, ce qui, tout compte fait, a les allures rafraîchissantes d’un pléonasme. En ces jours de juin 2011 socialement caniculaires, les Sénégalais ont partagé  la certitude que ce pays  avait en son tréfonds des formidables capacités d’endurance, et avait encore envie d’espérer et de croire au combat du bien-être et du développement…et de la dignité. La célébration de ce 23 juin a été timide et d’ailleurs, comme pour établir, en effet, miroir la première anicroche à l’esprit du 23 juin, nous avons eu droit à la commémoration de la libération de Karim Wade. En effet, avoir libéré Karim Wade qui avait été au cœur du «Jengu» (résistance) populaire un 23 juin, en disait déjà long sur la relative conscience qu’avait encore la coalition au pouvoir de ce qui avait alors tant contribué à sa victoire de 2012.

Alors que nous reste-t-il de «l’Esprit du 23 Juin» ?  Cet «Esprit» s’était dissipé et avait disséminé, dans chaque individu, un refus de l’arrogance des hommes au pouvoir, un rejet de la partisannerie et des coteries, un dégoût pour les revirements opportunistes et les recyclages toute honte bue. Alors, le verbe, même affublé d’effets de menton, ne suffira pas. L’éloquence et le verbe hypnotisant de Wade se sont même heurtés à «l’Esprit du 23 juin»… Les discours incantatoires et la Communication en 3D ne suffisent pas. Ce que le Peuple a exigé le 23 Juin 2011 n’a pas disparu. Il SAIT ce qu’il veut, le peuple.

Les «Trains futuristes», les «Projets Hollywoodiens de Diamniadio en 3D», tout ça, il connaît, il sait que c’est possible, il le voit partout dans le monde à travers les tablettes et smartphones connectés. Il n’en rêve même plus. Le Peuple, ce qu’il veut voir, c’est si ses épidermiques exigences de 2011, et qui s’appelaient Rupture, Dignité retrouvée, respect, humilité, combat pour éradiquer la pauvreté, besoins d’éducation, de formation et de rêves à vivre sont encore à l’esprit des gens qui nous gouvernent. L’Esprit est encore vivace et déterminé et il se tient encore incandescent au cœur des préoccupations des Sénégalais qui souhaitent toujours que ces préoccupations soient aussi celles des hommes politiques que le 23 Juin avait projetés, voire catapultés au sommet du pouvoir.

Le jeu politicien qui nous est offert pourrait gratouiller l’épiderme sensible d’un peuple qui est au bout du…bout… Nous sommes au bord du gouffre… Pourvu que le « Pas en avant » promis par le Yonnu Yokkuté ne nous précipite pas au fond du gouffre. Mais même là-bas, en manque de tout et surtout d’humilité, nous nous glorifierons encore d’être «Champions du Monde».

SAMBAAY BATHIE (Actusen.com)

Leave a Comment