ACTUSEN
NewsPolitiqueUNE

(Chronique de Alioune Fall): Khalifa passera à la guillotine sous les applaudissements de Tanor

La psychose de la succession est cette pathologie qui, presque, n’épargne aucun roi. Elle hante leur sommeil et installe dans leurs cœurs des envies de meurtre. Il n’empêche qu’après une longue période de persécution des juifs d’Egypte, un de leurs fils qui a évolué sous les ailes du roi finit par être celui que le pharaon redoutait tant. Et pourtant, les avertissements divinatoires ont causé l’extermination de beaucoup de jeunes garçons, excepté le petit Moise dont les parents se sont débarrassés par peur qu’on le leur arrache.

Les caprices du destin l’ont jeté dans les bras de la reine et le roi n’a pas résisté au charme du petit. Des années après, quand la mer rouge s’est refermée sur lui et son armée, les dernières images de son vécu qui ont défilé dans sa mémoire lui ont appris que l’œil ne voit jamais la poussière qui l’aveugle.

Wade en a fait les frais. Lui qui n’a jamais pris Macky SALL pour son alter égo s’est vu corriger par ce dernier alors qu’il était occupé à anéantir le peuple des assises nationales, incarné par deux autres candidats aujourd’hui actionnaires minoritaires de la mouvance présidentielle.

Le Président Macky aurait bien fait de relire Candide et d’apprendre de sa fameuse, confortable et fataliste théorie philosophique de Panglos pour comprendre que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

D’abord Karim Wade, ensuite Khalifa Sall, il ne semble reculer devant rien. Ignorant le fair-play dans ses actions de tous les jours, Monsieur le Président est plus que jamais décidé à avoir un second mandat. Il compte plus sur les stratagèmes que sur un bilan présidentiel. Il entend ôter toute saveur aux joutes futures. Le roi semble bien apprendre de ses maitres de la métropole pour conclure que l’exil et la prison sont les meilleurs moyens pour venir à bout, un peu prématurément, de ses adversaires.

Même pas peur de se fourvoyer et de se reprendre. On y oublie toutes les formes. La seule chose qui justifie la voie choisie est la finalité souhaitée. C’est ce qu’a démontré le savant du roi, Ismaila Madior FALL qui déclare que la demande de la levée de l’immunité parlementaire de Khalifa SALL est une exigence procédurale qui vise à sauvegarder tous les droits du mis en cause et de ne laisser place à aucune négligence « susceptible de remettre en cause » la tenue d’un procès équitable. En le disant ainsi, il avoue que les droits de khalifa SALL ont été jusqu’ici, bafoués.

Mais comme il ne faut pas gêner le prédécesseur Sidiki KABA, Il se laisse à la gymnastique verbale, d’une adresse rare pouvant même tromper la vigilance des observateurs les moins avertis. Ainsi, selon lui, la levée de  l’immunité parlementaire du maire de Dakar est une option prise même si, par ailleurs, elle n’était pas obligatoire et que l’impact de l’antériorité des poursuites par rapport à son élection reste un débat.

Alors cher professeur, pour moi le débat réside dans le fait que Khalifa SALL et le maire Barthélémy DIAS ne présentent pas les mêmes intérêts pour le Président et pour Tanor. Le Barth connu dans ses exagérations langagières et dans ses poussées guerrières n’a pas la trempe de cette menace qui, depuis 2009, contrôle la capitale, emportant sur son passage des ministres et leur chef. Ce Barth, ne constitue pas, pour Tanor, cette menace qui est l’un des rares à pouvoir s’enorgueillir d’une légitimité électorale pour réclamer le douillet fauteuil d’un looser.

Sinon, comment comprendrait-on que Barthélémy, pour des faits aussi graves, que le meurtre puisse bénéficier d’une liberté provisoire, aussitôt son élection sans qu’on ait fait sortir l’argument de l’antériorité de ceci par rapport à cela. C’est quand il s’est constitué en menace pour l’entente cordiale au sein de la mouvance présidentielle qu’on s’est souvenu de l’affaire Ndiaga DIOUF.

Et comme Khalifa est à un cran au-dessus sur la pyramide de la hiérarchie des menaces, il se fera bientôt immoler par les automates de parlementaires acquis à la cause de celui à qui ils ont fait serment d’allégeance. Il ne faut pas s’y tromper, il n’échappera pas à la guillotine. Le génie politicien de Macky SALL n’est pas le seul carburant de la machine destructrice d’opposant, les dinosaures du Haut Conseil des Collectivités territoriales (Hcct) et de l’Assemblée nationale seront devant l’autel du sacrifice

Ainsi, les Sénégalais le vivront comme ils en ont déjà vécu depuis le duel entre Senghor et Dia, la chasse aux sorcières orchestrée contre Idy. Un éternel recommencement digne du châtiment de Sisyphe. Ils finissent par cesser le déni, prennent conscience de l’absurde de notre vie politique dans tout ce qu’il a de plus irrationnel et de plus déraisonnable. Aussi absurde qu’on voit Thierno Alassane Sall cristalliser l’attention de Idy ou de Sonko alors qu’il y a quelques mois, il défendait bec et ongle le programme du Président Macky Sall.

L’incarnation de cette absurdité reste Maitre Elhadj Diouf, le député zappé par le peuple et dont les prises de positions n’épousent aucune cohérence idéologique. Si vous l’aimez aujourd’hui, attendez-vous à être rebutés par ses points de vue. Telle une girouette au gré du vent, la robe se laisse. Aujourd’hui il défend Khalifa. On verra ce qu’il en sera demain.

Et quand, l’immunité parlementaire de Khalifa sera levée, ce sera la dernière victoire de Tanor et la plus grande défaite du parti socialiste qui parachèvera l’opération de fusion acquisition lancée par le Chef de l’Etat et qui aboutira l’absorption sinon des partis alliés, l’essence même de ces formations politiques.

L’hiver vient et l’avenir de nos formations politiques est aussi sombre que la nuit noire des incertitudes. Aucun pronostic ne sera assez crédible avant les dépouillements. Et comme l’œil ne voit jamais la poussière qui l’aveugle, le seul grain de sable qu’on ne voit pas venir fait son petit bonhomme de chemin dans les confins du pays à la rencontre des populations.

On ne sait pas si l’endurance y sera. S’il sait tirer des leçons de ses déboires, il évitera surtout la place de l’indépendance. Cette place à l’accès difficile qui a aspiré toute son énergie en 2012 pour contester une candidature déjà validée par le conseil constitutionnel, le maintenant loin derrière la course.

Alioune Fall

Leave a Comment