Le film est identique à celui de Me Wade allant présenter ses condoléances, au plus fort de son règne. Les acteurs sont presque les mêmes, la trame est identique. Dans ce film version Macky Sall, seuls les décors changent. Les mots sont bien choisis, les paroles sages et «sincères», tirées du meilleur du « yoyo » politique dans lequel excelle « l’hommo senegalensis ». Capable de jouer sur les sentiments, d’émouvoir une assistance happée par le deuil qui a saigné les cœurs, de marquer les esprits les plus téméraires.
Le Président Macky Sall, en allant présenter ses condoléances à Samuel Sarr, a joué sur ce registre, à sa façon. Mais quelle maladresse ! Sur le coup, il n’a pas bien assumé son rôle d’acteur de la chose politique, puisque passant complétement à côté de la plaque. Attendre ce moment de deuil pour espérer tirer les libéraux sur ses nobles intentions de repenti, prêt à se faire pardonner ses fautes. Ce n’était ni le lieu, ni l’endroit, ni le moment.
«Si j’ai dû offenser certains d’entre vous, je m’en excuse.» C’est ce qu’on appelle perpétrer un joli meurtre et venir tranquillement compatir à la douleur des proches. Depuis l’avènement de Macky Sall, les libéraux vivent des situations de persécutions résultant d’une revanche froide ou d’un crime de lèse-majesté que veut leur faire payer Macky Sall.
Le règne de l’ex-petit fils de Me Wade commence par des accusations qui sortent de l’ordinaire. Contre toute attente, il accuse Me Wade de voler les véhicules du Palais, d’avoir décroché les tableaux de luxe, mis dans des sacs remplis des billets d’Euros et de dollars. Puis, il prend son fils Karim Wade et le met en prison. Malgré les appels du pied des autorités religieuses, morales, sociales, le fils Wade va croupir en prison, pendant trois longues années.
La liste des dignitaires libéraux emprisonnés s’allonge avec l’incarcération de Oumar Sarr, Aïda Ndiongue, Me Amadou Sall, Bara Gaye, Mamadou Lamine Massaly la liste n’est pas exhaustive. C’est tout cela que Macky Sall voulait faire disparaitre à perte et profits. Mais il a oublié le contexte.
Nous sommes à deux mois des élections législatives, les libéraux cherchent à se donner un semblant de crédit, en s’adossant au personnage Karim Wade. Et son titre de martyr sacrifié sous l’autel de la traque aux biens mal acquis. Lui, depuis Doha, cherche à tirer les ficelles, en s’appuyant sur des soutiens intéressés et parfois désintéressés.
La politique au Sénégal chez certains, c’est l’art de renifler les matelas financiers et de s’y allonger pour profiter du douillet confort à milliards. Alors, Karim Wade prépare son retour et une probable alliance tacite avec le Président du Conseil départemental de Thiès, Idrissa Seck est dans l’air du temps. Idy serait dans les dispositions d’oublier le passé et de travailler avec le fils biologique de Me Wade.
Le Président Macky Sall, sentant le danger de cette probable Coalition qui ferait feu de tout bois, cherche à l’éteindre du mieux qu’il peut. Il a déjà essayé de mettre dans son escarcelle des légitimes proches de Wade, Farba Senghor et Pape Samba Mboup…au moment où Aïda Mbodj, la reine du Baol, est créditée par certains de ses contempteurs d’être dans l’antichambre du Palais.
Outrés par ce spectacle affligeant, Babacar Gaye parle «d’hypocrisie, de cynisme» et Doudou Wade va plus loin. Avec un vocabulaire qui fait très fort. Tout cela n’est que de la politique politicienne et les Sénégalais en ont marre de ça, ils en ont par-dessus la tête des calculs politiques pour réaliser la seule obsession qui vaille : obtenir par tous les moyens un second et dernier mandat.
L’ambition de régler les problèmes de la banlieue dakaroise empêtrée dans une pauvreté crasse, régler les problèmes des malades dans les hôpitaux, s’occuper des milliers de villages et hameaux sénégalais qui n’ont ni eau ni électricité, c’est cela qui devait animer, motiver nos politiques de quel bord qu’ils se situent. Au lieu des querelles de chiffonniers, les règlements de compte, sous l’arbitrage de la justice accusée par certains acteurs de partiale ou parcellaire.
Certes, la Première Dame Marième Faye Sall fait des actions sporadiques dans les hôpitaux, aident quelques personnes trouvées çà-et-là. Mais c’est insuffisant. On l’a vue à Thiès, par exemple, aidant les cas sociaux, distribuant quelques billets de banques, au gré de ses humeurs.
Mais s’il y avait une bonne politique étatique à Thiès, les cas sociaux ne seraient pas si nombreux dans la Capitale du Rail. Où le Rail est mort, les usines ne tournent plus. L’Etat, pour se venger des Thiessois très prompts à voter Idrissa Seck, n’engage plus des politiques de développement pour sortir la Ville-rebelle de l’ornière. Allez dans des quartiers naguère nantis à Thiès, les familles ne mangent plus à leur faim. Tout s’est désagrégé…
Le Sénégal est malade et il faut le laver comme l’avait dit le défunt khalife général des Tidianes Cheikh Tidiane Sy Makhtoum. 30 morts au Daaka de Medina Gounass, 21 femmes meurent noyées à Bententy causant un chagrin immense. La mort est banale au Sénégal et les Sénégalais font fi de ne pas ouvrir les yeux sur le drame. Qui l’eut crû ?
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