La marée noire s’est déversée sur le peuple du Macky. Attention ça colle, Yakham Mbaye, Thèrèse Faye, Mbaye Niang… ont vite fait de se mettre au chaud pour laisser passer le flot de milliers de personnes habillées en noir qui ont déferlé le 7 avril sur la Place de l’Obélisque. Qu’importe le nombre, « Y’en à marre » a mobilisé. Une bonne manière de rabattre le caquet à tous les «politiciens» de quel que bord que ce soit et en mal de publicité qui les prenaient pour des bouffons incapables de faire foule.
« Y’en à marre » a dit tout haut son ras le bol, pourtant il n y a pas eu de mort d’hommes, pas d’échauffourées. L’ambiance était même bon enfant. Si l’on s’arrête aux pantalons bouffants, à la tenue noire symbole du deuil, au chiffre de 1 million, l’on peut facilement faire fausse route. La symbolique du rassemblement au-delà de son caractère spontané comme le 23 juin de triste mémoire, c’est une reconquête de la Rue publique par le peuple.
La manifestation a été un succès, puisque les frustrés du Macky ont grossi les rangs. Ils sont jeunes, sans emploi, sans perspectives d’avenir probant, ils sont seulement laissés à eux-mêmes par un pouvoir qui s’empiffre de faits électoraux et de recrutements chez de nouveaux parvenus plus prompts à tourner casaque, rejoindre les rangs de l’Apr, participer au partage du gâteau et se servir goulument. Silence, on se partage «le gâteau et un seul ne peut suffire». La patrie avant le parti, slogan de campagne est bien loin…Ci-gît vœu pieux.
Mais au-delà de toute conjecture, et de toute clameur inutile, la réussite de ce rassemblement de « Y’en à marre », c’est l’échec des politiques professionnels. C’est comme si les Sénégalais ne croient plus en eux. Les populations le disent, d’ailleurs, tout bas dans les chaumières : elles en ont marre des promesses électorales jamais effectuées, au non-respect de la parole donnée, à la dépravation des mœurs politiques, au népotisme, à la gestion clanique du pouvoir, à une justice crédité à tort ou à raison d’être aux ordres et de surcroît sélective…
Elles en ont marre de se laisser abuser comme des bambins à qui l’on promet de belles tablettes de chocolat et qui n’en voient jamais la couleur. Alors « Y’en à marre » qui mobilise tout ce peuple de frustrés, ce n’est pas seulement quelque chose à prendre à la légère pour les tenants du pouvoir. Notamment le président Macky Sall qui s’éloigne, sans y prendre garde de son «peuple», à cause de ces thuriféraires et autres troubadours qui pullulent dans son palais bunkerisé.
Le Chef de l’Etat doit lucidement lire la manifestation comme un sérieux avertissement. Il y a, dans cette foule du 7 avril, une partie de ses sympathisants, parce que incapables de saisir la portée de sa politique qui ont changé de camp entre 2012 et 2017. Alors forcément, il y a quelque chose qui ne va pas. A lui, élu par le peuple de 2012, de crever l’abcès et de raisonner ses troupes pour des lendemains qui chantent.
Dans un monde où les professionnels de la politique n’ont plus la cote. Le Mouvement Y’en à Marre vient de réussir une véritable opération de charme auprès des masses laborieuses sénégalaises. Dans ce peuple abandonné à son piteux sort de «Badolos» qui n’a même pas d’eau pour se laver dans les quartiers des Parcelles assainies, Nord et Ouest Foire etc, l’’air du temps, ou la mode pour parler de façon triviale est aux mouvements sociaux.
Avec « Y’en à marre » au Sénégal, Balai citoyen au Burkina Faso, Podemos en Espagne, Syriza en Grèce…Les politiques professionnels ont cessé de se vautrer de lucre et de luxe, d’afficher une mine impeccable en costumes cravates. C’est fini !les stéréotypes et les rhéteurs politiques tout miel, tout sucre. C’est là où l’originalité de « Y’en à marre » garde tout son sens. Puisque Fadel Barro et sa bande de potes ne cherchent pas à soigner leur mise, ils se battent pour des idées novatrices et rebelles d’où cette constance de ne pas être obnubilés par un poste de ministre sous le Macky.
Dans la bataille aux Législatives où les Sénégalais ne rêvent pas d’une Assemblée de dormeurs ou d’applaudisseurs…Y’en à marre est un bon allié pour grappiller des voix et aucun parti politique ne se laisserait pas tenté par une future collaboration avec ce mouvement citoyen…Mais il y aura toujours un esprit «tordu» à force de deals foireux et de mariages ratés pour venir ajouter un insipide grain de sel à ce succès largement partagé dans l’opinion par ce rassemblement de « Y’en à marre ».
Il faut dire que le pays s’appelle le Sénégal où le ridicule ne tue pas. Le farfelu marabout -politicien Ameth Khalifa Niass sans doute blasé par le succès de « Y’en à marre », est entré en scène, au moment où on ne l’attendait pas pour débiter des billevesées, dont il a le secret, traitant la marée noire de la Place de l’Obélisque de Gay Pride. Au Sénégal, il y a des races d’individus à la petite cervelle comme ça, aussi épaisse que la peau d’un poisson.
«C’est un malade mental, il doit être interné», tacle Malal Talla alias Fou Malade. Aux cérémonials pour se faire décerner la palme du ridicule, Ameth Khalifa Niass aurait remporté sûrement le meilleur prix du personnage burlesque et bouffon. Qui disait que le Sénégal est un pays de fous et de faux… Ce Niass, disons-le, est niais.
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