Il y a un plaisir malsain à se délecter du mal qui arrive à quelqu’un. C’est dans la psychologie de l’humain. Devant un film, c’est le sentiment qui vous fait souhaiter les pires atrocités au méchant. Une triste fin, voilà tout ce à quoi devrait être abandonné celui qui, sans aucun état d’âme, broie de l’innocent. Payer ses crimes est le sens même de la justice. Mais la loi du talion veut un parallélisme entre le crime et la punition : qui ôte la vie perdra la sienne par le même procédé. La peine de mort se rapproche de ce genre de justice.
Est-elle le meilleur remède contre la criminalité ? Chacun pourra y répondre selon ses croyances et son sens de la justice. Le retour de la peine de mort est, pour nous, un retour en arrière. Une satisfaction de la soif de vengeance sans discernement et sans possibilité de s’amender. Et dans la justice imparfaite des hommes, une place doit être accordée à l’erreur. A défaut de connaitre le droit, il faut avoir assisté à un procès en Cour d’Assises ou Chambre Criminelle pour comprendre les procédés et méthodes qui permettent d’établir la culpabilité d’un justiciable.
Savoir différencier l’homicide du meurtre, le meurtre de l’assassinat est un préalable pour émettre un avis éclairé sur la question d’autant plus que la peine de mort frappe habituellement le crime le plus grave avec toutes les circonstances aggravantes qui l’accompagnent. Tout est dans la gravité, dans l’intention et dans la préméditation. Et c’est là que c’est intéressant. Souvent, les témoignages font loi dans les cours. Quand il y a des aveux, une interrogation sur les conditions d’obtention de ces aveux pourrait révéler une atroce contrainte à laquelle on soumet l’accusé. Ce qui anéantit la crédibilité même des aveux.
Et quand il s’agira d’établir l’intention, un autre procès d’intention commence. A cette occasion, des êtres humains perfectibles se mettront à juger les intentions des personnes, à en mesurer la teneur pour conclure que l’acte jugé a été ou non volontaire ; ou qu’encore le prévenu a agi ou non avec préméditation. Que des hommes pour juger des intentions puisqu’il ne s’agira pas que de mort mais d’une mort donnée intentionnellement.
La certitude n’est pas souvent totale lors du prononcé du verdict. En quelque sorte, le juge qui est obligé de rendre sa décision peut se tromper. Ultérieurement, des preuves nouvelles peuvent aider à innocenter un condamné. Le juge ordonnera sa libération sans avoir les moyens de redonner la vie qu’il a ôtée. La peine de mort est un verdict qui procure un plaisir jubilatoire à la horde qui a faim de vengeance. Cette foule sans visage qui crie, est la même qui passe à tabac un voleur, parce qu’elle n’a pas la conscience de chaque personne qui la compose. Combien d’entre nous sont capables de torturer quelqu’un seul ? Pense-t-on que ce juge condamnera facilement s’il est conscient qu’il ne pourra réparer son éventuelle erreur.
L’opinion la plus éclairée n’est pas celle qui se dégage le lendemain d’un crime. Les gens sont comme possédés et les passions prennent le pas sur les réflexions. Ainsi, les langues qui se délient ne racontent pas la même histoire. L’histoire qui est racontée est celle de la victime mais aussi celle de chaque raconteur d’histoire. Et chacun engagera le combat sous un prisme subjectif. Il y en a qui voit la question « genre » dans son opposition « homme/femme ». Il y a un « Ousmane Mbengue » qui déverse sa bile colérique qui raconte l’histoire de ses déceptions aux cotés des femmes et il y a des femmes qui manifestent sur lui les frustrations tirées de leurs déceptions auprès des hommes.
Nous avons compris, depuis un certain temps, qu’il faut désormais s’y faire ; les aigreurs vont se mêler au discours sensé et derrière, il y a un combat, une cause qui ne s’annonce pas dès le début mais qui finit par se savoir. L’asile sera ouvert… et pas seulement pour Ousmane Mbengue. Un séjour expiatoire devrait être offert aux magistrats virtuels des réseaux sociaux pour avoir vendu la haine sous la cagoule mal faite du justicier.
Alioune FALL (Actusen.sn)