Thione Ballago Seck avait fredonné le fameux refrain, comme quoi « Nguur nexna » (c’est intéressant, le Pouvoir). Mais le leader du « Raam Daan » ne savait pas si bien dire.
La preuve par la sortie disproportionnée, ce 20 septembre, du Premier ministre. Le tout nouveau maître des poursuites du Sénégal, piqué par on ne sait pas quelle mouche, a eu l’outrecuidance de menacer, ouvertement, de ses foudres, tous ceux qui se hasarderont, désormais, à ergoter sur les fameux contrats pétroliers.
Tragi-comédie ! Dans la mesure où voilà un homme qui, jusqu’à un passé récent, était inconnu du bataillon des Sénégalais susceptibles de présider, un jour, aux destinées d’un Gouvernement.
Certes, le Pouvoir est triste, en ce qu’il peut pousser celui qui l’exerce à pousser des d’ailes. Mais il est temps que Dionne apprenne à respecter la démocratie, pour laquelle des millions de Sénégalais ont sué sang et eau, aux fins de la préserver. Et ce n’est pas aujourd’hui que les millions de Sénégalais vont la boucler pour le bon-vouloir d’un Premier ministre très enclin à se fâcher tout rouge, et pour rien du tout.
Il est temps que ce Pm-là comprenne qu’on ne gouverne pas avec la cravache un peuple civilisé, mûr et borduré de courage. Mais plutôt avec la carotte ! Et Abdoulaye Wade et Ousmane Ngom l’ont appris à leurs dépens. Au cas où ce Dionne-là ne le savait pas, il urgerait de lui rappeler qu’on lui concède le fait que son Gouvernement chemine, plus qu’il ne sache faire bouger les lignes.
On lui concède, sans coup férir, que son équipe soit incapable de redonner vie au système éducatif en cale sèche ; on lui concède que son régime a fini de montrer ses limites à trouver la clé à ses errements, pour redonner envie aux greffiers.
On est d’accord que Dakar réussit la triste prouesse d’être l’une des rares capitales au monde pour ne pas dire la seule à être saoule d’eaux de ruissellement, dès que le ciel ouvre ses vannes. On lui concède qu’on chôme plus qu’on ne sache trouver le plus piètre emploi sous nos Tropiques.
On lui concède le fait que son Gouvernement est incapable de prendre à-bras-le-corps la lancinante équation de la houle qui a fini de balafrer la mémoire de centaines de pères de familles à Saint-Louis. Tout comme son équipe est incapable de refiler le sourire aux populations du Saloum, dont Kaolack, entre autres localités, sont vassalisées par les inondations.
On concède au Premier ministre qu’en dépit de ses déclarations d’intentions, depuis qu’il a été propulsé comme une météorite à la tête de la Primature, ça cale et ça coince dans tous les sens. On concède au Pm Dionne que les Sénégalais ont la particularité de savoir souffrir en douce, sans broncher.
On lui concède que la situation ô combien préoccupante à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss en proie à une mutinerie est de nature à le déprimer. Mais ce que nul ne saurait pardonner, quand bien même, au Chef du Gouvernement, c’est qu’il veuille, vainement, manquer de respect à ses semblables, au point de tenter de jouer sur leurs nerfs.
D’autant qu’il a fallu que les Sénégalais usent de la liberté d’expression, sans avoir jamais porté atteinte aux fondamentaux de la République, pour qu’un certain Mahammad Abdallah Dionne puisse devenir, un jour, Premier ministre.
L’indépendance, le Sénégal l’a acquise, depuis un 4 avril 1960. La liberté d’expression est droit constitutionnel plus vieux que la chute de Abdoulaye Wade et l’avènement de l’actuel régime, en 2012. Comprendre ça, ne demande aucun capital d’expérience ou d’intelligence. A bon entendeur, salut!!!
Actusen.com