L’élection du président de la République est, la mère de toutes les confrontations électorales du pays et, celle de l’année 2019, devrait être la mer dans laquelle, le système politique de Macky Sall va définitivement se noyer, pour ne plus revivre. Après l’avertissement du référendum au mois de mars 2016, Macky Sall vient de recevoir une nouvelle mise en garde du peuple, avec les élections législatives (du 30 juillet 2017). Même si la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), dont il est le chef est sortie vainqueur (et comment !!!), en attendant prochainement la publication des résultats définitivement officialisés, par le Conseil constitutionnel.
Comme, nous l’avons souvent relevé, le système électoral applicable aux élections des députés au niveau départemental « le raaw gaddu » (majorité relative) est inique, et ne reflète nullement, après proclamation des résultats, l’état réel des forces politiques. A savoir, la vraie configuration arithmétique des partis politiques ou, coalition de partis politiques. Et, les élections législatives du 30 juillet 2017, confirment notre constat, car sur l’ensemble des suffrages réellement exprimés l’opposition politique sénégalaise est majoritaire en voix. Mais, elle sera très minoritaire dans la prochaine Assemblée Nationale en sièges. Toutefois, démocrates et, surtout légalistes, nous reconnaissons volontiers « dura lex, sed lex » (la loi est dure, mais c’est la loi), et qu’une loi même scélérate reste celle de la République, néanmoins cela ne nous interdit aucunement de la dénoncer.
Au regard des dysfonctionnements recensés, à notre avis, sciemment, le pouvoir de Macky Sall a tout fait pour que les élections soient agitées. Des irrégularités, nul n’en doute, comme cela est d’ailleurs souligné, dans un langage diplomatique, par la Mission de l’Union Africaine (UA) dépêchée pour observer le déroulement du scrutin. Puisque, lesdits observateurs, au-delà de pointer plusieurs manquements dans l’organisation des élections législatives, recommandent et, exhortent le gouvernement du Sénégal, selon Madame Catherine Samba Penza Chef de la Mission « à réinventer un cadre incitatif, à la poursuite du dialogue permanent (…) en vue de décrisper le climat politique, de promouvoir une résolution consensuelle des différents politiques, et de restaurer un climat de confiance pour la préserve de la paix et de la cohésion sociale (…) ».
Face à un adversaire déterminé, usant de tous les moyens pour arriver à ses fins, ce serait un euphémisme de penser ou, de croire, que les difficultés d’organisation rencontrées à Paris avant et, pendant les élections législatives en Europe de l’Ouest, du Nord et du Centre sont marginales. Pour causes, les défaites suspicieuses de certaines têtes listes départementales, de la Coalition Mankoo Taxaawu Senegaal (MTS), notamment Idrissa Seck (Thiès), Malick Gakou (Guédiawaye), et Bamba Fall (Dakar) pour ne citer que ceux-là, avec les nombreux incidents de votes dans tout le territoire, sont de nature à conforter nos doutes.
A compter de la proclamation officielle des résultats des élections législatives (du 30 juillet 2017), l’opposition politique a, au plus dix-huit mois pour mettre en échec Macky Sall, et lui faire prendre conscience que la République ne peut accepter de telles prévarications. Procéder ou, agir comme il l’a fait, surtout soutenus, encouragés et, conseillés par les apparatchiks de BBY, il s’octroie de force la victoire des élections législatives à Dakar, et dans d’autres départements du pays. Avec éventuellement la complicité de la justice constitutionnelle, une telle attitude les met une fois de plus, en marge des bonnes pratiques démocratiques.
Bamba Fall et, sa Coalition de MTS ont remporté les élections législatives du département de Dakar. Pour causes le retard, dans la proclamation des résultats provisoires par la Commission départementale de recensement des votes (CDRV), est de nature à conforter nos soupçons. Malheureusement, la volonté du Prince (Macky Sall), d’inverser les résultats a eu raison du droit et, du vœu de nos concitoyens. Ce fait n’est nullement isolé, puisque tant d’autres villes ou, départements du pays sont également concernés par la substitution. Si Dakar focalise les regards et, les commentaires, mais aussi que, le pouvoir s’est farouchement employé à s’y déclarer vainqueur (fôkhaati), ce n’est pas simplement, en raison de la symbolique de son statut de capital du Sénégal. Car, après y avoir déversés des millions de nos francs par le truchement d’Amadou Ba, le président de la République et, ses amis ne peuvent accepter une pareille humiliation.
Il est aussi, à rappeler leur principal adversaire (Khalifa Sall) n’est pas libre, de ses mouvements parce que, emprisonné arbitrairement sur instruction du Chef de l’Etat. En pensant sans doute, que l’enfermement et, l’éloignement du terrain politique du candidat absent, mais le plus présent (Khalifa Sall), leur permettraient de triompher aisément dans le département de Dakar. Oubliant, de prendre en compte la détermination de la population, et son attachement à la démocratie, tout comme son rejet de l’injustice.
La Commission départementale de recensement des votes (CDRV) déclare, BBY vainqueur dans le département de Dakar. Nous pouvons sans risque dire, ces résultats provisoires vont être confirmés sous peu, par la Commission nationale de recensement des votes (CNRV). Certains candidats lésés, comme Bamba Fall, vont légitimement introduire un recours en contestation d’élection devant le Conseil constitutionnel. Toutefois, l’histoire enseigne, trop souvent, les membres de cette institution de la République, qui vont siéger au contentieux, pour valider ou, invalider les résultats des élections législatives, s’alignent sur les désirs du pouvoir. Donc, il ne faut pas être utopiste, pour penser que les juges de Macky Sall vont infirmer certains résultats provisoirement publiés par la Commission nationale de recensement des votes (CNRV). Pourtant, cela est fort plausible, pour des localités remportées par l’opposition politique.
Les adversaires de Macky Sall doivent lucidement, objectivement et, sans concession faire l’analyse des causes de leurs défaites, voire leurs autocritiques. Pour pouvoir corriger leurs propres manquements, malgré le fait que BBY soit un adversaire redoutable en triche ou, tout autre acte de cet ordre. Selon nous, les excuses d’une impréparation, d’une surprise et, d’une méconnaissance totale des techniques et, méthodes de l’adversaire sont recevables, et peuvent être pardonnées, tel ne sera pas le cas en 2019, lors des élections présidentielles, en cas de défaite. Donc, l’opposition politique pour ne pas être exposée à des regrets, doit sans délai mener une réflexion approfondie, sur un travail de sécurisation du vote, pour limiter ou, circonscrire les entorses constatées au Code électoral et, savamment organisées par Macky Sall.
De notre point de vue, il n’y a guère de fatalité de l’échec en politique, puisque s’inscrivant sur le même registre que la réussite ou, la victoire. Parce que, celle-ci (la réussite) a un fondement quelque fois rationnel, qui découle d’actes murement réfléchis, approfondis, posés, suivis et entretenus. Et le maillage du terrain qui passe par des rencontres, des échanges et, des discussions avec nos concitoyens, pour avoir leur confiance et, adhésion au projet porté, est un des premiers fondements qui participent au futur succès.
Aussi, nous pouvons légitimement nous interroger, sur la configuration du paysage politique du pays, si MTS dans sa version originelle était finalisée et, partie en bloc aux élections législatives. Mais avec des égos surdimensionnés, laissant de côté les intérêts du peuple que de regrets après la proclamation officielle du résultat des élections législatives du 30 juillet 2017. C’est pourquoi, les leaders de l’opposition politique doivent intégrer, dans l’analyse de la défaite ce facteur, pour ne pas rééditer les mêmes erreurs en 2019.
Macky Sall et, ses sbires doivent avoir à l’esprit, que ne saurait être un moyen durable de conservation du pouvoir, avalisé par le peuple, la tentation malsaine de travestissement de la volonté des électeurs dans les urnes. De plus, l’absence de réaction, à la hauteur de l’affront porté, aux suffrages des électeurs, n’est aucunement une quelconque légitimation, mais seulement, une retenue et, un attachement à la République, à la démocratie, et à l’Etat de droit.
En volant au peuple sa démocratie, le libre choix de ses représentants ou, son vote, ce sacrilège né de la triche du Chef de l’Etat et, de ses partisans, de s’autoproclamer très largement vainqueurs aux élections législatives (du 30 juillet 2017), ne sera effacé qu’en 2019, avec la mère des élections (l’élection du président de la République). Toutefois, l’opposition politique ne peut rien négliger, pour remporter lesdites élections, et a au plus dix-huit mois pour se préparer, et faire oublier cette inqualifiable turpitude.
Daouda N’DIAYE
Juriste/Analyste politique
Article dédié à Mame Soda SENE