Au Sénégal comme dans toutes les sociétés africaines, la famille est la principale structure d’organisation des êtres humains. Elle est non seulement une instance de reproduction sociale basée sur des liens de parenté mais aussi, le lieu de socialisation de l’individu.
De nos jours, elle peut être définie selon les liens de parenté qu’entretiennent ses membres ou qui existent entre eux. Au Sénégal par exemple on y trouve :
- une famille élargie, composée des parents, grands parents, oncles, cousins, beaux frères etc.
- Une famille nucléaire, composée d’un ménage avec deux parents, leurs enfants ou sans enfants ;
- Une famille recomposée, regroupant des demi-frères ou demi-sœurs, belle mères, beaux pères, enfant sans lien de consanguinité, enfant avec qui on a un parent en commun etc.
Autrement dit, la famille se présente comme étant un système, structuré par un certain nombre d’éléments en interaction, régis par des règles, dans lequel une modification d’un élément entraine un changement dans l’organisation de ce dernier.
Ceci étant, il faut dire que toutes les familles traversent en un moment donné de la vie divers stades entrainant ainsi, des modifications ou parfois des perturbations, des crises, des conflits et il arrive des fois que le système familial peine à s’adapter aux changements et à les gérer.
De ce fait, la famille comme toute structure sociale ou autre instance regroupant des individus (homme, femme) n’est pas exempt de situations conflictuelles, qui résultent d’une opposition entre personnes ou entités qui la composent. Une famille est donc un noyau composé de membres différents. Si d’une part elle est une source de bonheur, d’autre part elle peut également être une source de problèmes lorsque le courant ne passe pas entre les membres. Les conflits familiaux sont donc naturels et inévitables.
Les conflits familiaux, qu’ils s’agissent de couple, de succession, d’enfants, de parents, grands-parents ou autres, ont parfois des répercussions sur la vie et la stabilité morale et psychologique de la famille. Des conflits qui, empoisonnent souvent la vie de celle-ci et qui font naître la haine, entraînant ainsi des ruptures, des souffrances, altérant l’existence, aussi bien de ceux qui les subissent que de ceux qui les provoquent.
Au Sénégal, les désaccords en cas de séparation, de succession ou concernant la garde d’enfants aboutissent très souvent devant le juge. Alors qu’il existe pourtant une solution à l’amiable, qui est la médiation familiale. Elle offre l’occasion de rechercher seul, sans juge mais avec l’accompagnement d’un tiers (le Médiateur) indépendant, extérieur à l’environnement familial, en vue d’un accord satisfaisant gagnant/gagnant pour tous.
Qu’est ce que la médiation ?
La médiation est un mode coopératif de gestion des conflits. Elle s’adapte à chaque situation particulière. Elle considère les partenaires comme principaux acteurs de la recherche de solutions.
Quant à la médiation familiale, elle est un processus de construction ou de reconstruction du lien familial axé sur l’autonomie et la responsabilité des personnes concernées par des situations de conflit de rupture ou de séparation. .Le médiateur aide les parents, les membres de la famille à trouver des solutions appropriées, durables, participatives et constructives. Il encourage toutes les personnes à prendre la parole. La médiation prend en considération les aspects humains d’un conflit. Elle encourage et facilite l’expression des préoccupations, des inquiétudes et des doutes. L’ensemble des sujets discutés durant ces séances peut être pris en compte dans l’accord qui sera conclu.
La médiation permet aux participants de prendre en main leur avenir et d’agir directement sur leur vie quotidienne. Les solutions trouvées en médiation sont réalistes et applicables. Au besoin, elles peuvent être modifiées.
Fonctions de la médiation :
Pour Michelle Guillaume Hufnung Formatrice et Experte en Médiation, la médiation remplie quatre fonctions que sont :
- une fonction de création du lien social ;
- une fonction de reconstruction du lien social ;
- une fonction de prévention des conflits ;
- une fonction de règlement de conflit
Avantage de la médiation familiale dans les conflits familiaux :
Dans un procès, le juge tranche le conflit de positions et vous transforme en gagnant ou perdant. Dans une médiation familiale, la logique est différente et chacun peut en ressortir satisfait et gagnant. Elle offre un temps d’écoute pendant lequel chacun exprime ses besoins ; c’est un temps d’échanges mais aussi de partage et de négociation. Le processus revient à se parler, s’écouter puis décider ensemble. Ainsi, l’avantage de la médiation dans les conflits familiaux est qu’elle permet de faire face à des difficultés qui peuvent paraître insurmontables : les malentendus, le manque de communication, les disputes et querelles dans la succession, le divorce…
Donc, il faut souligner que la médiation permet de trouver, en dehors de l’espace judiciaire, les solutions les plus adaptées aux situations conflictuelles dans une dynamique participative.
Il s’y ajoute parmi les avantages de la médiation : l’amélioration des relations, la créativité des solutions et l’économie en temps et en argent car le coût d’une médiation est inferieur au coût d’un procès. Elle est efficace parce que l’accord est durable, rapide et confidentielle mais également permet d’éviter les embouteillages des tribunaux.
En somme, La médiation familiale est un temps d’écoute et d’échanges, dans un lieu neutre et confidentiel, avec un tiers professionnel qualifié, qui ne prend parti pour personne et qui vous permet: d’aborder les problèmes liés au conflit familial, d’établir une communication constructive, de prendre en compte les besoins de chacun et de rechercher des solutions concrètes et concertées.
Le rôle du médiateur dans les conflits familiaux
Etant un tiers qualifié et impartial, le rôle du médiateur est de rétablir la communication entre les protagonistes (les membres de la famille) et de créer un climat de confiance, propice à la recherche d’accords. Dans une situation de conflit familiale le médiateur permet de : favoriser l’émergence de solution, propose un espace de communication, favorise la responsabilisation des médiés, canalise les tentions en favorisant la restauration d’un lien de qualité y compris l’intérêt supérieur de l’enfant.
En fin, il est important de dire que la médiation ne remplace pas le système judiciaire. Elle complète les procédures légales et permet de trouver des solutions durables qui conviennent à tous les membres de la famille.
Malick NIASSE / Médiateur familial et communautaire
Chargé des relations extérieures
de l’Association des médiateurs diplômés du Sénégal
kilamniasse@gmail.com