Une enquête publiée ce 7 février par Amnesty International appuie celle diffusée en début de semaine par la chaîne américaine CNN. Selon ces deux rapports, les Emirats Arabes Unis fourniraient des véhicules blindés, systèmes de mortier et autres armes de production occidentale aux milices yéménites soutenues par la coalition menée par l’Arabie saoudite. Certaines d’entre elles sont notamment liées à al-Qaïda. Le chef des forces américaines au Moyen-Orient a également fait part de ses préoccupations à ce sujet devant la commission du Sénat.
Mercredi 6 février, Amnesty International a publié une enquête pointant la responsabilité des Emirats Arabes Unis devenus un canal de distribution d’armes de pointe aux milices yéménites. Interrogé par RFI, le référent armes d’Amnesty international, rappelle que le comportement des Emirats est illégal, et qu’il ne fait qu’envenimer le conflit qui déchire le Yémen : « Les Emirats Arabes Unis présentent une nouvelle forme de danger dans le cadre du conflit au Yémen. Ils arment toute une série de milices qu’ils forment, qu’ils financent. Ils leur donnent des équipements militaires, américains, belges, serbes. Ces milices qui agissent au Yémen dans la lutte contre les Houthis a priori sont hors de contrôle. Ce ne sont pas des unités régulières placées sous commandement régulier. Elles ont des intérêts qui leur sont propres. Mais, de par leur collaboration, elles bénéficient d’armements émirati. Ces milices vont avoir une emprise sur le territoire, parce que implantées dans des zones stratégiques dans lesquelles les Emirats ont besoin d’elles pour continuer le combat au sol ». Pour Aymeric Elluin, dans la tentative de la prise de Hodeïda, « les milices ont été super actives avec les équipements qu’on leur avait fournis, notamment un certain nombre de véhicules blindés américains et ont contribué à commettre des exactions comme des crimes de guerre ».
Amnesty International rappelle la responsabilité des pays occidentaux dans le conflit qui déchire le Yémen : « Le danger prend une ampleur considérable, parce que finalement les Etats fournisseurs n’ont aucun contrôle sur la situation finale des équipements qui sont fournis. Ce qu’on peut souligner aujourd’hui, c’est que les fournitures d’armes ne se sont pas arrêtées. Un certain nombre de pays, notamment européens, ont pris des mesures pour faire en sorte de ne plus armer les Emirats Arabes Unis : le Danemark, la Norvège, la Finlande. Mais les livraisons d’armes continuent, que ce soit les livraisons d’armes américaines, françaises, britanniques. Les Français sont le deuxième fournisseur des Emirats Arabes Unis. Ce qui monte aujourd’hui, c’est la pression, la tension internationale. Mais cette pression internationale de la part de l’opinion publique, des médias, de la société civile doit continuer à monter pour que les décisions soient prises par les grands exportateurs pour suspendre leurs transferts tant qu’il y a un risque que les armes puissent servir pour commettre des exactions au Yémen ».
Le conflit au Yémen a fait quelque 10 000 morts, en majorité des civils, depuis mars 2015, selon un bilan partiel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Certaines ONG évoquent un chiffre cinq fois plus élevé.