Les canadiens à l’intérieur comme à l’extérieur sont responsables de la réputation de leur pays et de leur peuple. Il y a bien des cas lourds qui tourmentent et empêchent les gens d’ici de dormir profondément ces temps-ci. La promesse non tenue par l’ambassade du Canada à Dakar de fournir de l’eau potable à des populations pauvres du village de Montréal et les allégations d’évasion fiscale de 8 millions de dollars dont une compagnie québécoise fait l’objet, méritent d’être soulignées en passant. Aux Philippines certaines compagnies canadiennes sont accusées de laisser sur place des déchets toxiques et dangereux pour la santé des populations et ce sont également des milliers de personnes qui auraient été affectés par des déchets miniers. Ainsi certains auteurs disent que la présence canadienne aux Philippines pose problème, d’autant plus que le gouvernement fédéral persiste à soutenir des actions irresponsables des minières canadiennes.
Ailleurs, on fait état d’échappement de poussières toxiques et cancérigènes impactant une population de cent vingt mille habitants pendant des années. Ainsi le ministère de l’environnement de ce pays aurait accusé la CBG (Compagnie des bauxites de Guinée) et Rio Tinto Alcan d’être des pollueurs irresponsables.
Pourtant et de manière générale, la bonne réputation du Canada dans le monde ne souffre d’aucune souillure. Mais elle est continuellement mise à rude éprouve par le comportement irresponsable de certains de nos compatriotes et de nos compagnies à l’étranger. Il y a actuellement des faits mondiaux marquants qui trahissent l’image de marque de ce pays et de son peuple si gentil. Ce sont des allégations graves pour lesquels la justice canadienne a été saisie et qu’elle a accepté de dire le droit. A l’issue de ce procès et on l’espère, la juridiction de ce pays pourra encore une fois laver à grande eau les points noirs qui apparaissaient sur la notoriété de ce beau et généreux pays, qu’est le Canada. Sanctionner les coupables et leurs dire que leurs actes ne sont acceptés nulle part et même pas en Afrique, serait une jurisprudence exemplaire pour le progrès des droits de l’homme. De ce fait, notre système de justice enverrait un message mondial clair, à ses citoyens qui seraient tentés de dévier du droit chemin. Il s’agirait présentement de la présence problématique d’une minière canadienne (Nevsun Ressources) en Érythrée.
L’Érythrée dans le monde
La république d’Érythrée (Eritrea en anglais, Értra en tigrina) est un pays du nord-est de l’Afrique. À la limite de la région géopolitique de la Corne de l’Afrique, elle a pour voisins Djibouti au sud, l’Éthiopie à l’ouest, et le Soudan au nord. Sa superficie est de 121 144 km², soit l’équivalent de la Corée du Nord (mais cinq fois plus petite que la France). Sa capitale et sa plus grande ville est Asmara avec 431 000 habitants (recensement de 1995) et elle divisée en six provinces (awraja) : Anseba, Debub, Debub-Keih-Bahri, Gash-Barka, Maekel et Semien-Keih-Bahri. Le nom de l’Érythrée provient du grec eruthros signifiant « rouge » en raison de la proximité de la mer Rouge. Conquise de nombreuses fois au cours du XXe siècle, d’abord par les Italiens puis par les Britanniques et enfin par les Éthiopiens, l’Érythrée a accédé à l’indépendance en 1993, à l’issue d’une guerre de libération qui a duré trente-cinq ans. Sa population tourne au tour de 6,3 millions d’habitants avec un produit intérieur brut de 3,4 milliards de dollars US. Les musulmans regroupent 45 % de la population, contre 45 % pour les chrétiens coptes et 10 % pour les autres confessions. La plupart des chrétiens coptes sont traditionnellement installés sur le plateau érythréen. Quant aux musulmans, ils vivent généralement sur la côte de la mer Rouge et dans certains centres urbains. Plus de 60 congrégations religieuses sont à l’œuvre dans ce pays.
Situation des droits de l’homme dans ce pays
En Erythrée, l’une des pires dictatures de la planète se maintient au pouvoir par la terreur, la surveillance de masse, la torture à grande échelle, la détention arbitraire et le travail forcé. Ces violations « d’une portée et d’une ampleur rarement vues ailleurs » pourraient constituer des « crimes contre l’humanité », conclut un récent rapport de la commission d’enquête des Nations unies sur les droits de l’homme dans ce pays de la corne de l’Afrique. De plus, la commission d’enquête de l’ONU publiée le 8 juin 2016, estime que ce pays de l’Afrique de l’Est s’est rendu coupable de crimes contre l’humanité. Il existerait dans ce pays, des prisons secrètes où se pratiquent des formes sophistiquées de torture, le travail forcé pour une grande partie de la jeunesse, des milliers de disparues et une terreur générale. La commission a conclu que des dirigeants érythréens se sont rendus coupables de crimes contre l’humanité. Des crimes d’esclavage, d’emprisonnement, de disparitions forcées, de persécutions, de viols, de meurtres et d’autres actes inhumains ont été commis dans le cadre d’une campagne systématique et à grande échelle contre la population civile depuis 1991. Il paraitrait qu’une mine canadienne a été construite en partie grâce au travail forcé de centaines d’ouvriers conscrits par ce gouvernement érythréen totalitaire accusé de graves violations de droits humains. De plus, c’est un système étatique opaque et combinard, prompt à rendre des services aux puissances du moment, pourvu qu’on lui fasse glisser une petite enveloppe et quitte à renier ses alliances d’hier, exploitant sa population au bénéfice de sa classe dirigeante, menteur et dissimulateur avec des instruments de répression sans précédents. La liberté de religion inscrite dans la Constitution (art. 19.4: « Tout citoyen a la liberté de pratiquer n’importe quelle religion et d’en exercer la pratique. ») ne semble pas bien respectée, car ceux qui pratiquent une religion non reconnue font l’objet d’arrestations de la part de la police. Des centaines de membres d’Églises non reconnues sont aujourd’hui en prison. Pourtant, selon la Constitution érythréenne, la persécution religieuse est interdite et le gouvernement affirme respecter la liberté de culte.
Les faits de la poursuite civile au Canada contre la minière canadienne, Nevsun Ressources
Au moment où le monde entier s’émeut du drame des migrants, une décision de justice du Canada a décidé de poursuivre le firme Nevsun Ressources pour des faits d’esclave perpétrés dans un gisement d’or, de cuivre et de Zinc a Bisha, à 150 km à l’ouest d’Asmara, la capitale. La mine est détenue à 60% par la firme et à 40% par l’État d’Érythrée.
En effet, 52 personnes ont intenté un procès au Canada pour un système de travail forcé couplé à des traitements dégradants dont ils ont été victimes et dont Nevsun Ressources était non seulement complice, mais principale bénéficiaire. La plainte date de 2014, après qu’un premier groupe de 3 personnes avait réussi à rejoindre le Canada. Leur nombre a vite grossi au point d’atteindre 57 personnes tous ayant réussi à gagner un pays étranger. Les ouvriers étaient des recrues de l’armée où ils étaient enrôlés de force pour leur service militaire obligatoire à durée limitée. Repérés pour leurs aptitudes pour la construction, ils avaient été affectés dans 2 sociétés d’état, en l’occurrence Siegen et Mered, des sous-traitants de Nevsun. Les soldats-esclaves recevaient un peu de nourriture et d’eau, travaillaient durant des journées interminables et étaient attachées les uns aux autres la nuit pour les empêcher de s’évader. Évidemment ils recevaient des punitions si le travail était mal fait ou lent. Des conditions similaires à de l’esclavage.
En novembre 2017, La cour rejeta la prétention de Nevsun, selon laquelle la plainte devrait être entendue en Érythrée plutôt qu’au Canada. La juge Newbury a décrit la situation en Érythrée comme étant « défavorable à la tenue d’un procès, ou favorable à la tenue d’un procès présidé par un juge qui ne soit pas véritablement indépendant des intérêts de l’État compte tenu d’un système juridique largement influencée par le Président et des militaires partisans du régime. » Elle a également permis aux demandeurs de poursuivre leurs demandes en justice faisant état de crimes contre l’humanité, esclavage, travail force et torture. La cour a également débouté l’argument de Nevsun selon lequel la compagnie devrait bénéficier de l’humanité en raison de la possibilité que les activités du gouvernement Erythréens seraient visées, y compris les allégations graves concernant des violations des droits humains. La Juge Newbury qui s’est appuyée sur un jugement récent au Royaume-Uni, a écrit que « la torture (et j’ajouterai le travail forcé et l’esclavage ‘’contrevient aux règles impératives du droit international ainsi qu’aux valeurs du droit interne canadien’’. » Aussi, le 8 Juin 2017, la cour suprême du Canada a également refusé d’entendre l’appel de Tahoe Ressources Inc. (Compagnie minière) dans un procès civil intenté par plusieurs guatémaltèques cherchant à obtenir réparation pour des blessures subies lors de la violente répression d’une manifestation pacifique devant la mine de Tahoe au Guatemala.
Ainsi, c’est la première fois qu’une cour canadienne reconnait qu’une entreprise peut être assujettie à une poursuite civile qui repose sur le droit international et les droits humains.
Qu’ont fait les gouvernements canadiens suite à ces allégations d’esclavage et de violation de droits humains par leurs compagnies ?
La décision courageuse des juges canadiens de vouloir à tout prix rendre à ces gens leur dignité est à saluer. On doit également réfléchir sur les différents systèmes judiciaires africains où en réalité aucune forme sérieuse de justice n’est possible. Malheureusement, la maltraitance et l’esclavage existent encore sur le sol du vieux continent noir. Les dirigeants noirs maltraitent encore leurs populations afin de recevoir des commissions et de plaire aux occidentaux qui sont en fait des sangsues ou vampires. Il est important que les africains sachent qu’ils peuvent s’adresser aux tribunaux canadiens pour des traitements inhumains, dégradants et autres, en poursuite civile, criminelle et pénale pour obtenir réparation. Beaucoup d’organismes canadiens sont là pour les assister et les aider.
Aussi, l’Arabie Saoudite serait un paradis comparativement à l’Erythrée où des allégations graves de violation de droits humains sont souvent dénoncées. Le gouvernement libéral actuel a réagi d’une façon démesurée sur la situation des droits au pays du prince hériter Mohammed Ben Salmane Al-Saoud. Mais on ne l’entend pas, sinon on l’entend rarement sur ces questions en Afrique et ailleurs. Cette absence de réaction ou ce peu de réaction serait-elle une complicité afin de pas nuire aux intérêts de nos compagnies à l’extérieur ? Comme on dit, il y a toujours une raison ou une justification devant un comportement même si elle serait difficile à trouver. On y reviendra après le procès afin d’informer l’opinion sur le verdict définitif de la cour fédérale canadienne (à suivre).
Gondiel Ka
Montréal, Canada
Chroniqueur
Expertise Relation Afrique Canada