Les vacances ont coïncidé avec l’installation de la canicule à Dakar. Depuis plusieurs décennies, on note un envahissement massif des plages en période estivale par les jeunes en quête de fraicheur et de divertissement.
Si on veut savoir si telle plage est autorisée ou interdite, il n’y a aucune structure qui prend en charge cette question. Le Ministère de l’intérieur, point focal de la sécurité des plages n’a pas de dispositif d’appels gratuits spécifiquement dédié pour informer, conseiller ,orienter et renseigner les populations en quête d’informations.
La Brigade nationale des Sapeurs-pompiers, une entité technique d’intervention non plus. Et lorsqu’on fait appel à eux, l’idée de base est de les faire intervenir à temps utile pour sauver une vie ou des vies en péril. Pour les contacter, elle a mis en place un dispositif d’appel gratuit, le 18, que n’importe qui peut composer lorsqu’il est témoin d’une situation où une vie est en danger pour demander de l’aide.
La Direction de la Protection civile chargée des études et de la prévention des catastrophes n’a pas non plus de dispositif d’appels gratuits d’information, de conseil, d’orientation et de renseignement sur la nature des plages et sur les mesures de prévention des risques de noyade.
La ville de Dakar et les communes bordées de plages de la région de Dakar, aucune n’a mis en place un dispositif d’appels gratuits dédié pour informer, conseiller, orienter et renseigner le grand public dans le besoin. Les rares flyers et dépliants disponibles consacrés au sujet ne peuvent pas satisfaire la demande. Les efforts dispersés doivent être centralisés voire même monopolisés par le Ministère de l’Intérieur pour apporter plus d’efficacité à la réponse des cas de noyade dans les plages en période estivale.
Evidemment que chaque personne qui va à la plage a ses propres raisons. Toutefois, le dénominateur commun entre toutes ces personnes qui vont à la plage est la recherche de la fraicheur. La différence viendrait de la manière de rechercher cette fraicheur que réclame l’organisme. Si certains personnes une fois à la plage ne pouvant pas résister à l’envie de se baigner se mettent à l’eau, par contre d’autres, restent à la berge de la plage et profitent du vent frais généreusement offert par la mer.
D’aucuns ne font ni l’un ni l’autre. C’est en général des sportifs qui viennent se renforcer les muscles en courant dans le sable marin fortifiant. Donc, aller à la plage revêt plusieurs significations.
En effet, les noyades ne surviennent pas qu’aux niveaux des plages interdites mais elles peuvent se produire dans une plage autorisée voir même dans une piscine lorsqu’on n’observe pas les mesures de prévention de risque de noyade dans une plage autorisée ou dans une piscine.
Les noyades peuvent arriver lorsqu’on se baigne seul ou lorsque l’on se met sur un appareil gonflable quand le vent souffle de la terre vers la mer ou lorsque l’on se met à l’eau brusquement après un repas copieux ou âpres une activité sportive intense ou après une exposition prolongée au soleil ou lorsque l’on surestime ses capacités ou lors qu’on pratique un jeu dangereux etc.
Force est de constater que les jeunes continuent de fréquenter les plages interdites malgré les décès enregistrés par suite de noyade dans les plages annuellement. Faudrait-il voir dans ce comportement défiant la raison le développement d’une nouvelle relation que les jeunes entretiennent avec la mort ?
Certains acteurs ont essayé d’expliquer la fréquentation des plages interdites par la privation de certaines plages et la pauvreté. Les jeunes ne disposant pas de moyens pour se transporter plus loin que dans leur quartier dans une plage autorisée pour se baigner se tournent naturellement vers la plage la plus proche, à côté de leur domicile même si elle est interdite.
Par ailleurs, ce qu’on doit retenir, une plage interdite n’est pas interdite d’accès aux personnes mais elle est interdite de baignade. Donc, le problème ce n’est la plage interdite en tant que telle mais le fait de s’y baigner. Aller à la plage ne signifie pas forcément s’y baigner même si la tentation est trop forte une fois que l’on est à la plage et que l’on observe des personnes imprudentes en train de se baigner. Par conséquent, la privatisation des plages et la pauvreté ne peuvent justifier les cas de décès enregistrés par suite de noyade dans les plages interdites.
Dans le cadre de la prévention, les parents doivent jouer un rôle important pour réduire le nombre de cas de noyade des jeunes en période estivale en les sensibilisant sur les risques de noyade de se baigner dans une plage interdite et sur les mesures de prévention des risques de noyade dans une plage autorisée. Pour y arriver, ils doivent d’abord être plus informés que leurs enfants. Pour le moment ce n’est pas le cas du fait de l’absence de dispositif d’appel gratuit pour informer, conseiller, orienter et renseigner les parents en quête d’information.
Les enfants, sachant que leurs parents n’approuveront pas leur demande d’aller à la plage se cachent pour s’y rendre. Et avant de revenir à la maison, ils ou elles prennent le soin d’effacer tous les signes extérieurs qui risquent de les compromettre devant leurs parents.
La mort par suite de noyade n’est pas liée au nombre de fois que la victime a eu à se baigner dans une plage. Pour sa première fois, un jeune lycéen est décédé par suite de noyade à la plage de Pikine. Il ne s’était jamais baigné dans une plage. On peut se demander pourquoi ce jour-là ?
Pour réduire le nombre de victimes de noyade dans nos plages en période estivale, l’Etat se doit, d’une part, mettre en place un dispositif d’appels gratuits d’information ,de conseil , d’orientation et de renseignement sur la nature des plages et les mesures de prévention des noyades dans une plage autorisée et d’autre part, mener une campagne de communication de masse bien articulée et éminemment cohérente sur les spécificités physiques des plages interdites en période pré- estivale , estivale et post-estivale.
Par ailleurs, il doit de mettre en place une structure d’accompagnement psychologique et social des parents des victimes décédées par suite noyade du fait de la brutalité et du caractère tragique de la mort qui a emporté leurs enfants.
La souffrance et la douleur des parents des victimes décédées par suite de noyade dans les plages sont profondes et incommensurables. La famille ne suffit plus à les consoler. Sur ce, ils méritent d’être psychologiquement et socialement accompagnés par l’Etat plus exactement par le Ministère de l’intérieur. Prévenir vaut mieux que guérir. L’envie de se baigner, ne doit pas compromettre notre raison de vivre.
Vive le Sénégal !
Vive la République !
Par Baba Gallé DIALLO
Email : babadediana@gmail.com
Auteur de : INITIATIVE 2007 pour Zéro noyade en Période Estivale