El-Hadji Diouf en est convaincu : « Etre africain est un handicap » aujourd’hui encore pour un footballeur qui, en comparaison avec un joueur européen, doit composer avec un manque d’exposition et de reconnaissance évidents.
Invité jeudi sur le plateau de l’émission Le Vestiaire sur SFR Sport, El-Hadji Diouf était forcément un bon client pour distiller ses confidences, et autres souvenirs de carrière, auprès des trois consultants Emmanuel Petit, Jérôme Rothen et Rolland Courbis, avides de voir l’icône du football sénégalais vider son sac au terme d’une carrière tumultueuse sur les terrains comme en dehors.
Dont l’acmé sera atteinte à Séoul, le 31 mai 2002, lors d’un match d’ouverture de la Coupe du monde 2002, remporté à la surprise générale par les Lions de la Teranga face à l’équipe de France, championne du monde en titre (1-0), qui révéla le talent de l’ancien Lensois à la face du monde.
Diouf, qui n’a jamais brillé par son humilité et a toujours une haute estime de soi, au point d’estimer aujourd’hui encore qu’il était digne de concourir pour le Ballon d’Or : « Je ne dis pas pour le gagner, mais pour titiller les meilleurs. » Il devra finalement se contenter de remporter le Ballon d’Or africain à deux reprises (2001, 2002). Et nourrit le sentiment d’un profond manque de reconnaissance pour les meilleurs talents du football africain. Et il interroge…
L’exception « Mister George »
« Si Zinédine Zidane avait pris la nationalité algérienne, serait-il devenu Zinédine Zidane ? Footballistiquement parlant. Le talent, OK, mais l’aura et la possibilité de gagner ? On ne parlerait pas de lui comme c’est le cas dans les journaux, lance-t-il comme une évidence. Il n’y a qu’à voir Yaya Touré (quadruple Ballon d’Or africain), on parle peu de lui, alors que c’est un des meilleurs joueurs de ces dix dernières années.
Etre africain, c’est un handicap, on est moins vendu, moins médiatisé. Une preuve ? Sur quels terrains joues-tu la CAN ? En Europe, tu joues sur des billards. De combien de joueurs Pelé a-t-il parlé en jugeant qu’ils avaient les moyens de devenir un deuxième Roi Pelé s’ils avaient été brésiliens ? Samuel Eto’o, George Weah… », énumère-t-il, alors que « Mister George », seul et unique Ballon d’Or de l’histoire en 1995, reste l’exception qui confirme la règle.
« On parle toujours des joueurs européens, mais on ne parle jamais du joueur noir, c’est très rare, lance encore Diouf, avant de se reprendre: Ça n’a rien à voir avec la couleur. Mais sur le talent pur, par rapport à pas mal de joueurs européens, je suis 10 000 fois meilleur qu’eux ! Mais être européen fait que… »
Avec Football.fr