La femme qui symbolisait la lutte des familles de disparus au Pérou est morte lundi 28 août 2017 dans la ville andine d’Ayacucho. Angélica Mendoza n’avait jamais renoncé à chercher son fils, disparu en 1983. Hasard du calendrier ô combien symbolique, elle sera enterrée à Ayacucho ce mercredi, Journée internationale des victimes de disparition forcée. Portrait d’une femme rendue exceptionnelle par l’adversité.
Elle était surnommée « Maman Angélica ». Âgée de 88 ans, cette femme indigène au visage buriné est morte des suites d’une pneumonie.
Son cercueil sera porté ce mercredi 30 août dans les rues d’Ayacucho, où elle n’a jamais renoncé à chercher son fils Arquimedes Ascarza Mendoza.
Il avait été arrêté en 1983, au début de la « guerre sale » entre les autorités péruviennes et la sanglante guérilla maoïste du Sentier lumineux.
Conduit comme bien d’autres dans la caserne Los Cabitos, de sinistre réputation, Arquimedes ne sera plus jamais revu.
Une infatigable militante
Depuis 12 ans, les médecins légistes ont découvert dans un terrain proche de cette caserne des os appartenant à 109 personnes différentes.
Sur place, le nombre de disparus pourrait être supérieur à 300. Les personnes ont été généralement brûlées dans les fours de Los Cabitos.
Il y a moins de deux semaines, Mme Mendoza avait réussi à faire condamner par défaut deux militaires pour détentions arbitraires, tortures et disparitions de civils.
Elle avait d’ailleurs fait le voyage à Lima pour écouter le verdict, signe d’un engagement qui n’a jamais failli depuis toutes ces années.
1985 : la première marche
Angélica Mendoza était l’une des fondatrices de l’Asociación Nacional de Familiares de Secuestrados, Detenidos y Desaparecidos (ANFASEP), avec d’autres mères de disparus. En 1985, elle avait organisé la première marche des familles de disparus, en compagnie du prix Nobel de la paix Adolfo Pérez Esquivel.
Elle avait également créé une cantine pour les orphelins cherchant à survivre dans les rues de sa ville des Andes péruviennes, Ayacucho.
Souvent menacée de mort et accusée d’être l’ambassadrice du Sentier lumineux, sa mémoire a néanmoins été saluée par la France et les Nations unies.
Avec RFI