Le journalisme est, de nos jours, l’une des professions les plus courues au Sénégal. Au point que beaucoup d’étudiants, devenus des mutilés des Universités publiques, qui ne savent plus à quel avenir se fier, du fait d’un horizon bouché en termes de perspectives d’emplois, finissent par embrasser le métier.
Aussi, constate-t-on que, de plus en plus, on tend, avec la nouvelle génération de journalistes, vers le niveau zéro de la maîtrise des règles élémentaires de grammaire et d’orthographe. Dans ce contexte, des Ecoles de formation en journalisme poussent comme des champignons et accueillent souvent des pensionnaires qui ne connaissent le Baccalauréat qu’en rêve.
Quant aux enseignants, ils sont souvent des reporters qui n’ont fait aucune preuve dans une Rédaction digne du nom et dont le profil laisse, dans bien des cas, à désirer.
Fort de ce tableau ô combien ombrageux, Actusen.com a, dans le cadre de ses reportages sociétaux, fait une incursion dans ce microcosme et donné la parole à des Responsables d’Ecoles de formation en journalisme, des étudiants, ainsi que des formateurs.
Qui se sont prononcés sur le niveau de recrutement des étudiants et celui de leurs Professeurs, sur la responsabilité de l’Etat, ainsi que sur des remèdes de nature à redonner vie à une profession carrément en berne. DOSSIER!!!
«Je m’appelle Maguette Mbengue, étudiante en master II en Communication et Journalisme à l’Institut Supérieur des Sciences de l’Information et de la Communication (Issic). Il est vrai que la question du niveau des journalistes est très importante et très complexe. La nouvelle génération de journalistes présente un niveau de langue très bas, surtout si on la compare à la génération de Sokhna Dieng Mbacké qui était excellente dans le domaine».
Pour mieux expliquer sa position, la jeune étudiante part d’une analyse en deux temps. Selon elle, il y a «d’un côté, beaucoup d’écoles de journalisme dans ce pays. On en rencontre à chaque coin de rue. Et l’on se pose la question de savoir si elles sont toutes aptes à fournir une formation digne de ce nom. Parce qu’il faut une bonne expertise dans le domaine».
Maguette Mbengue : «la nouvelle génération de journalistes présente un niveau de langue très bas, surtout si on la compare à la génération de Sokhna Dieng Mbacké qui était excellente dans le domaine».
D’un autre côté, toujours Maguette Mbengue pense que «le faible niveau, qui est à déplorer, réside dans le fait que les étudiants trainent ces lacunes depuis l’école élémentaire. Ils ne lisent plus et ils n’essaient pas de s’exprimer pour pouvoir être corrigés. Les étudiants n’accordent pas de temps à la documentation ; et pourtant, ça aide beaucoup surtout pour acquérir une bonne culture générale ».
«Dans certaines Ecoles de formation, les étudiants passent en Master, alors qu’ils n’ont même pas soutenu leur mémoire de Licence»
D’après Mlle Mbengue, « certaines de mes camarades ne font pas du journalisme par vocation et par aptitude, mais juste pour être vues et s’en prévaloir. Et une fois dans les Rédactions, leurs lacunes se font jour, de façon scandaleuse.
J’aimerais aussi aborder le fait que dans certaines Ecoles de formation, les étudiants passent en Master, alors qu’ils n’ont même pas soutenu leur Mémoire de Licence. On en voit, même si cela ne concerne pas tout le monde, bien évidemment. En tout cas, c’est inquiétant et cela nous engage tous».
Fama Mbaye : «les Ecoles doivent aussi instaurer un test de niveau pour sélectionner ceux qui présentent les meilleurs profils»
«Je suis étudiante à l’ISSIC. Je ne peux que confirmer le faible niveau des journalistes. Ils ne maîtrisent pas bien le français qui est notre langue officielle. En plus, l’éthique et la déontologie, qui sont deux éléments fondamentaux et extrêmement importants en journalisme, ne sont plus prises en considération. En tout cas, pour la plupart du temps« , explique Fama Mbaye.
Selon elle, « un journaliste doit être cultivé, avoir un background assez important pour pouvoir informer et se faire écouter ou lire. Je ne rejette pas la faute sur les Professeurs, parce que nous, à l’ISSIC, avons des Professeurs qualifiés qui sont des professionnels en journalisme et qui ont fait leurs preuves dans le métier ».
Fama Ndiaye de poursuivre : « les Ecoles doivent, aussi, instaurer un test de niveau pour sélectionner ceux qui présentent les meilleurs profils. Je m’adresse à tous mes camarades étudiants et même à ceux qui exercent, déjà, et je fais partie du lot, bien sûr, (elle éclate de rire). Pour être un bon journaliste, il ne faut cesser de lire, d’apprendre, et de retenir. C’est ça la clé».
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, dans bien des Ecoles de journalisme, les apprenants n’ont pas le baccalauréat.
Abdoulaye Ndiaga Sylla, Directeur de l’ISSIC : «le niveau des étudiants de la nouvelle génération est beaucoup plus faible…
«La baisse de niveau n’affecte pas seulement les étudiants qui prétendent au métier du journalisme et de la communication. C’est tout d’abord un problème général, qui touche tous les Secteurs de la formation ; que ce soit dans le privé comme dans les Universités publiques», estime Abdoulaye Ndiaga Sylla, membre fondateur du Groupe Sud Communication.
Il ajoute : «je ne suis pas en train d’essayer de les absoudre, mais ce que je veux dire, c’est que c’est parce qu’ils sont plus exposés que le problème est plus apparent à cause de l’ampleur des audiences. On donne les enseignements qu’il faut, mais si le niveau de l’étudiant est faible, et évidemment, cela peut poser problème».
Cela dit, Abdoulaye Ndiaga Sylla, journaliste diplômé du Centre d’Etudes Sciences et Techniques de l’Information (Cesti), croit savoir qu’il «faut considérer qu’il arrive que l’étudiant présente des lacunes, avant de s’inscrire dans une Ecole de journalisme. A l’Issic, nous recrutons à partir du Bac pour ceux qui préparent la Licence professionnelle».
Car, selon lui, «le Bac est le diplôme de référence, pour que le futur étudiant puisse accéder aux études supérieures. Et pour ceux qui préparent le Master professionnel, il faut, impérativement, avoir la Licence. Il peut s’agir d’une Licence en Lettres modernes, en Géographie et autres ou une Licence d’une autre Ecole de Communication».
Si l’on compare, dit-il, «les premières promotions de l’ISSIC aux dernières, on remarque qu’il y a un énorme fossé, du point de vue des niveaux. Pourtant, la formation est la même et les Professeurs n’ont pas changé. Et même au Cesti, on rencontre le même problème. Le niveau des étudiants de la nouvelle génération est beaucoup plus faible».
…les jeunes ont perdu l’habitude de lire, alors que le meilleur apprentissage à l’écriture c’est la lecture…
Pour Abdoulaye Ndiaga Sylla, « autant l’étudiant a des difficultés pour parler et comprendre la langue, avec laquelle nous travaillons, le français en l’occurrence, autant il a des lacunes en culture générale. C’est ce qui distingue le bon journaliste du mauvais. C’est un problème de niveau à la base« .
Pire, relève-t-il : « les jeunes ont perdu l’habitude de lire, alors que le meilleur apprentissage à l’écriture c’est la lecture. Je ne cesse de le répéter aux étudiants. C’est la même chose aussi, chez, certains Professeurs« .
Maintenant, dit-il, « ce que l’on tente d’expérimenter, c’est d’instaurer le système des tests d’entrée comme cela se passe au CESTI. S’assurer que l’étudiant a le bagage technique, l’aptitude et une bonne maîtrise de la langue pour faire du bon journalisme. Mais encore faudra-t-il que toutes les écoles adhèrent à cette proposition ».
(Cette photo sert juste à illustrer le texte. Elle est une image d’étudiantes de Ensup/Afrique devant représenter le Sénégal à ENACTUS internationale)
…Il faut que ceux qui enseignent la pratique du journalisme soient des journalistes professionnels reconnus et diplômés, qui ont acquis des années d’expériences…
Pour ce qui est de la formation dans les Ecoles de journalisme, « je pense qu’elle est assez bonne. Les contenus des enseignements sont corrects dans bon nombre d’Ecoles qui forment au métier de communication et de journalisme parce que les cours sont fournis soit par des Professeurs de rang magistral, soit par des Professionnels du métier, c’est-à-dire des journalistes qui ont entre 15, 20 ou 30 ans de métier. Pour ce que j’en connais« , explique le Directeur de l’ISSIC.
En tout cas ici (NDLR : son Ecole), souligne-t-il, « l’enseignement n’est pas simplement théorique. En Master, on forme l’étudiant à la pratique (tenue d’un journal hebdomadaire, émissions à la radio et à la télé…) pour le mettre dans les conditions de travail professionnel ».
…Que l’Etat prenne ses responsabilités !…»
De l’avis d’Abdoulaye Ndiaga Sylla, il n’y a pas trente-six mille solutions pour pallier le manque de niveau. « Ce qu’il faudrait par-dessus tout, c’est que l’Etat prenne ses responsabilités, lui qui a la possibilité d’évaluer les Ecoles, de vérifier le profil des enseignants, comment ils sont recrutés, et si les enseignements répondent à la norme, s’ils font de la pratique etc.
Mais c’est l’Etat qui délivre des autorisations d’enseigner à toutes ces Ecoles de journalisme qui foisonnent comme vous venez de le dire (Ndlr : Actusen.com). Donc, il doit être plus regardant. Il faut que ceux qui enseignent la pratique du journalisme soient des journalistes professionnels reconnus et diplômés, qui ont acquis des années d’expériences« .
Ce que le Professeur Mame Less Camara confirme en ces termes : « l’Etat a perdu sa rigueur dans l’enseignement ; la qualité laisse à désirer. Beaucoup de nos confrères ont commencé à enseigner, alors que leur encre n’est pas encore sèche », s’étonne-t-il. Formateur au Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI), Mame Less Camara invite l’Etat à revoir le système pour un meilleur encadrement de la jeune génération de journalistes.
Mame Less Camara, formateur au CESTI : «beaucoup de nos confrères ont commencé à enseigner, alors que leur encre n’est pas encore sèche…
Interpellé sur la baisse du niveau de langue chez la jeune génération de journalistes, le formateur au CESTI, Mame Less Camara, reste formel : « cette baisse de niveau n’est pas spécifique aux journalistes. La vérité, c’est que les journalistes sont seulement dans des professions remarquables, où on prête attention à ce qu’ils disent et font. D’ailleurs, dans des professions comme la justice, on voit des avocats ou des magistrats qui ont du mal à s’exprimer, comme il faut « , justifie le Doyen de la presse.
« Le journalisme est une profession dont l’accès n’est pas contrôlé, tout mène au journalisme », regrette Mame Less Camara qui indique que l’outil de travail des journalistes francophones restent le français.
…Ce qui est remarquable est que l’usage du français frôle le ridicule, car le niveau est très bas»
A en croire Mame Less Camara, le journaliste doit, d’abord, comprendre l’information, avant de la transmettre au public. « Ce qui est remarquable est que l’usage du français frôle le ridicule, car le niveau est très bas. L’on entend souvent des expressions bizarres, qui n’existent pas dans la langue française », se désole ce formateur en journalisme.
Il est d’avis que les Associations professionnelles ont un rôle à jouer, pour faire face à cette situation de baisse du niveau chez la jeune génération. « Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) et le Conseil de régulation sur l’éthique et la déontologie (Cored) doivent faire quelque chose, pour éradiquer ce phénomène qui remet en cause l’exercice de la profession », juge-t-il.
A cette responsabilité de ces instances, Mame Less Camara ajoute celle de l’Etat pour réguler cette profession.
Amsata Ndiaye, Directeur administratif et juridique de IMC : «nous avons essayé, à l’interne, de relever le niveau, mais il y a des étudiants qui se sentent insultés si on leur donne des cours de français…
A l’Institut supérieur de Management et de Communication (IMC) situé au Rond-Point Liberté 6, on dispense une formation en journalisme. Le Directeur administratif et juridique, Amsata Ndiaye, a bien voulu répondre à nos questions.
D’après lui, «on procède à un test pour les nouveaux étudiants et le critère de recrutement reste l’obtention du baccalauréat. Le test de niveau a pour objectif d’orienter l’étudiant et de passer, après, par un entretien, pour mieux les conseiller». Il indique qu’il est important d’avoir tous les renseignements pour la filière de son choix.
Pour faciliter le choix de l’étudiant, l’établissement met en relation celui-ci avec les doyens de la presse pour être mieux orienté. «Il s’agit pour ces professionnels de les aider dans leurs choix», dit-il.
Sur la baisse du niveau de langue, le Directeur administratif et juridique de l’IMC soutient que c’est un problème à tous les niveaux. «Il y a deux problèmes, à savoir le niveau de langue et la barrière de langue. Nous faisons des cours de français, dans le but de remédier aux lacunes des étudiants. Nous avons des Professeurs qui s’en chargent», assure-t-il.
…Même certains Professeurs commettent des fautes »
Amsata Ndiaye estime, toutefois, que « le Supérieur ne prend que ce qui a été acquis dans l’Elémentaire, le Moyen et le Secondaire. La baisse du niveau de langue, il l’associe au système double flux dans les années 90. Et cette génération que nous avons dans l’établissement a participé à ce système».
«La cause de la baisse de langue est beaucoup plus profonde qu’on ne le pense. Ce n’est pas à notre niveau, mais nous faisons tout pour l’améliorer. Même certains Professeurs commettent des fautes», dit Amsata Ndiaye.
Et d’ajouter : «nous avons essayé, à l’interne, de relever le niveau de français. Mais il y a des étudiants qui se sentent insultés, si on leur donne des cours de français, car ils disent que, depuis leur tendre enfance, ils n’ont appris que le français ».
Alors que, dit-il, « moi, je prends toujours des cours de français facile du genre « Greyfus » et autres. Il faut donc avoir une certaine humilité intellectuelle à suivre les cours de français. Certains Professeurs dénoncent la baisse du niveau de langue chez les étudiants».
Concernant le profil des enseignants, il affirme que « dans l’Enseignement supérieur, il y a des documents que l’on doit fournir pour pouvoir enseigner« . Mais, « malheureusement, pour le journalisme, il n y a pas de Doctorat. Après le Master 2, ce qu’on peut faire c’est de virer dans la communication pour être Docteur», renchérit M. Ndiaye.
Le Directeur administratif et juridique de l’IMC de dire : « les enseignants, qui dispensent des cours dans notre établissement sont non seulement des Docteurs en communication, qui ont le Master en journalisme, mais aussi des Professionnels qui ont 20 ans d’expérience et reconnus dans le milieu de la presse« .
Leur recrutement, souligne-t-il, « se fait par un entretien d’embauche. Nous avons un manuel de procédures à l’école et un conseil scientifique. Ce manuel de procédures est chargé de statuer sur le recrutement des Professeurs. Ce sont des gens agrégés qui constituent ce Conseil scientifique.
L’enseignant présente un syllabus qui montre l’objectif pédagogique du cours. Nous remettons son syllabus à un spécialiste, qui va voir s’il correspond ou pas aux attentes de l’Ecole».
« Pour accéder au CESTI, il faut souffrir le martyre, être coté en termes de niveau académique, de culture générale et avoir le Ciel avec soi »
Le Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) est la seule et unique Ecole de formation où il faut souffrir le martyre pour espérer, un jour, y accéder. En effet, c’est un parcours du combattant digne de ce nom auquel les candidats au concours d’entrée se soumettent.
Parfois, des milliers de candidats se présentent aux tests de présélection, auxquels ne survit qu’une infime partie. Une fois la réussite à ces tests en poche, les candidats doivent ensuite suer sang et eau, pour pouvoir faire partie de la trentaine à être déclarés admis au concours final. Le restant de l’effectif revient, chaque année, aux autres pays d’Afrique où le Concours est organisé, suivant la même rigueur.
D’ailleurs, « les conditions d’accès au CESTI sont si surréalistes qu’il ne suffit pas simplement d’être cotés en termes de niveau académique et de culture générale. Mais il faut aussi avoir la baraka, pour faire partie des admis« , schématise un ex-pensionnaire de l’Ecole.
Dans certaines Ecoles de formation à l’image de l’ISEG et de l’ENSUP/Afrique, Actusen.com n’a pas pu faire parler leurs responsables. Au motif que ces derniers seraient absents des lieux, ont-elles invoqué, pêle-mêle. Mais à force de gratter le vernis qui recouvre plusieurs Ecoles de formation, Actusen.com a fini par découvrir des faits de nature à donner des frissons à plus d’un.
C’est le cas d’un Etablissement où l’un des enseignants en journalisme n’a jamais, alors pas du tout, fréquenté une seule Rédaction de sa vie. Tout comme il n’a jamais suivi, de toute son existence, un cours qui a trait au journalisme.
Ex-gréviste sous Wade, ancien pensionnaire de Rebeuss et envoyé par le régime d’alors au Maroc qui l’a éconduit, cet homme enseigne le journalisme, qu’il ne connait qu’en rêve
Pis, l’enseignant en question fut un ancien gréviste à la peau dure sous le défunt régime de Me Abdoulaye Wade. Et l’Etat, désireux de faire en sorte que le dirigeant de grève d’alors quitte l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, lui avait trouvé, à l’époque, une bourse d’études au Maroc. Une fois au Royaume chérifien, l’homme, qui fait office de Professeur dans une Ecole de formation de Dakar, avait ambitionné de s’inscrire dans un Institut formant des journalistes.
Mais son rêve sera de courte durée, car lorsque les responsables de cet Institut marocain ont su le profil du gréviste d’alors qui traînait une farouche réputation de trouble-fête à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, ils l’ont empêché de pouvoir s’inscrire dans leur Etablissement.
C’est ainsi que celui qui, de nos jours, se fait passer pour un Professeur en journalisme, est resté un an à se ronger les freins dans les rues et ruelles du Maroc. Avant de rentrer au bercail. Aujourd’hui, il fait partie du corps professoral qui a en charge la lourde responsabilité de former des hommes de médias.
Ces Reporters n’ayant fait aucune preuve dans leurs Rédactions, qui servent d’enseignants dans ces Instituts de formation
Outre le profil de cet enseignant qui laisse à désirer, il y a le cas de beaucoup de reporters dans les Rédactions, qui pour arrondir les fins du mois ou pallier le fait qu’ils soient payés en monnaie de singe par leurs employeurs, se sont, finalement, mus en Professeurs dans les Ecoles de journalisme. Or, comme le disent certains, « todiou gnou féneu » (ils n’ont fait aucune preuve dans le métier).
A cet effet, les responsables de bon nombre d’Instituts de journalisme, qui ne sont habités que par le dur désir de se remplir les poches, accueillent, à bras ouvert, cette catégorie d’enseignants. Qui, pour la plupart, acceptent d’être rémunérés entre 3000 et 4000 F Cfa, l’heure de cours.
Et le résultat se passe de commentaire : ce sont des centaines d’étudiants, qui, à la fin de leur formation, ne savent même pas rédiger une brève. Pis, demandez-leur c’est quoi un chapeau, ils restent muets, le regard hagard, avant de rétorquer : « on n’a pas appris ça à l’Ecole ».
« Sans Baccalauréat, des candidats au métier de journaliste, admis dans les Etablissements…
Autre preuve que certains Instituts qui forment des journalistes ne s’intéressent qu’à l’argent qu’ils tirent des pauvres, nombreux sont parmi eux qui acceptent d’accueillir des candidats à la profession qui n’ont pas le Baccalauréat.
…ne peuvent pas conjuguer un verbe du premier groupe au passé composé et vous disent ceci si vous leur demandez le participe présent du verbe lire »
Dans ces Etablissements, il suffit juste que l’étudiant ait de quoi s’inscrire et soit en mesure de payer ses frais de scolarité, à la fin de chaque mois, pour y être accepté. Et inutile de vous faire raconter le résultat, au terme de la formation de cette catégorie de journalistes ! Car, pour la plupart, ils ne savent pas conjuguer un verbe du premier groupe au passé composé.
Aujourd’hui, une bonne partie de l’image de la presse s’est craquelée, du fait du niveau de langue très bas. Lorsque vous leur demandez le participe présent de lire, ils répondent : « liant ». Tout comme, beaucoup de ces journalistes ne savent pas s’il faut dire le « photo » ou la photo », caricature, sous le couvert de l’anonymat, un formateur dans une Ecole de journalisme.
D’ailleurs, ajoute-t-il, « le niveau de langue de la jeune génération de journalistes tutoie tellement le ridicule qu’en conférence de presse, lorsque certains confrères posent des questions, on est contraint à faire profil bas, jusqu’à la fin de la rencontre ».
Pendant ce temps, constate pour, s’en désoler, cet enseignant, « l’Etat s’emmure dans un grand mutisme face à ces Ecoles qui foisonnent à-tout-va et qui, malheureusement, ne sont que des fabriques de chômeurs. Dans la mesure où rares sont ces journalistes qui ont la chance d’être gardés dans une Rédaction ».
Dossier réalisé par Ndèye Aminata Diaham & Ngoya Ndiaye (Actusen.com)