A moins d’une semaine des élections du mercredi 23 août prochain et du départ annoncé de Jose Eduardo Dos Santos, au pouvoir en Angola depuis 1979, le pays est en pleine campagne électorale. Mais dans un contexte économique toujours tendu, plus que la politique, c’est l’amélioration des conditions économiques qui préoccupe aujourd’hui les Angolais.
Luanda, ce mercredi 16 août. À tous les carrefours, des panneaux et des affiches du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) et la photo de son candidat João Lourenço. La capitale de l’Angola a longtemps été considérée comme un fief du parti de Jose Eduardo Dos Santos. Les très rares affiches des autres partis sont pour la plupart déchirées. « Les militants du MPLA ne les laissent jamais plus de quelques heures, avant d’intervenir », confie un riverain.
Duel MPLA – Unita dans les urnes
Le pays est à J-6 des élections législatives du mercredi 23 août prochain. Plus de 9 millions d’Angolais sont appelés aux urnes pour départager six partis lors de ce scrutin qui doit élire le nouveau Parlement angolais, chargé ensuite de désigner le président.
Des élections que l’on annonce sans grande surprise : le MPLA et sa coalition au pouvoir devraient l’emporter. Jose Eduardo Dos Santos – au pouvoir depuis septembre 1979, soit depuis près de 38 ans – a décidé de ne pas se représenter, invoquant des raisons de santé. Son dauphin désigné, dont le visage s’étale sur les affiches électorales, est son actuel ministre de la Défense, João Lourenço.
Face au MPLA, le principal parti d’opposition est l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), l’ex-rébellion soutenue à l’époque de la guerre civile par les États-Unis et l’Afrique du Sud, dont le candidat est Isaias Samakuva.
La crise creuse les inégalités
A Luanda, malgré la date du scrutin qui approche, il y a peu de conversations politiques. La première des préoccupations, c’est la cherté de la vie, mais aussi les inégalités sociales et la crise économique qui frappe durement le pays depuis plus de deux ans, du fait notamment de la chute des cours du pétrole.
La ville est divisée. Front de mer luxueux contre quartiers populaires et bidonvilles. Dans la capitale, pour survivre, il faut toujours s’éloigner un peu plus du centre-ville. Un effort a été fait, en cette période électorale, sur les prix de certains produits de consommation courante.
Dans une rue commerçante de Luanda, vendeurs et clients ont effectivement constaté cette baisse. Certains y voient d’ailleurs un geste politique du MPLA pour s’attirer les faveurs d’une population exsangue.
Le kwanza au plus bas
Mais tous les produits importés, surtout manufacturés, restent très chers. Si la monnaie nationale, le kwanza, n’a officiellement pas décroché par rapport au dollar ou à l’euro, en réalité, sur le marché noir sa valeur est divisée par deux.
« C’est difficile, parce qu’au Portugal ces vêtements sont vendus pas chers, mais en euros, et on doit prendre les euros à la banque au taux officiel », explique une commerçante. « Il y a aussi le coût du transport. Et ici, on est obligé de les vendre chers, en kwanza ». Conséquence : des prix élevés, donc moins de clients pour cette commerçante.
Cette élection, les habitants de la capitale espèrent donc tout de même qu’elle apportera un changement. Un changement vital pour les entrepreneurs et petits commerçants confrontés à la dévaluation du kwanza et qui doivent de plus faire face à la multiplication des factures impayées, aussi bien par des acteurs publics que privés.
Le chômage en hausse
La crise entraîne également, aujourd’hui encore en pleine période électorale, des licenciements secs ou des « suspensions de contrats ». Un chauffeur confie ainsi avoir été informellement « remercié », il y a quelques semaines, avec la perspective d’être « peut-être repris, après l’élection ».
Sous un gigantesque panneau aux couleurs du MPLA, des femmes négocient le prix d’un taxi clandestin. Elles sont entourées par une horde de jeunes, marchandises à la main, prêts à tout pour vendre. « Je suis vendeur de paires de lunettes dans la rue. Ça se passe comme dans une période difficile : il n’y a pas de travail, je fais ça », explique l’un de ces jeunes vendeurs à la sauvette.
Il affirme qu’il n’ira pas voter, mercredi prochain. « Je ne crois pas à ça parce que, ceux qui sont vraiment pauvres, ils continueront toujours d’être pauvres. Et ceux qui sont riches continueront à s’enrichir. Je vais voter pour qui ? Même si je peux voter, je n’aurai pas de travail ! »
Avec RFI