Près d’1,4 millions de Mauritaniens sont appelés aux urnes ce samedi. Ils vont devoir élire leurs députés, leurs conseillers régionaux et municipaux. Et les électeurs font face à une avalanche de candidatures. Il faut dire qu’après avoir boycotté pour l’essentiel le précédent scrutin en 2013, c’est l’opposition toute entière qui participe cette année. Et pour cause, à moins d’un an de la présidentielle prévue mi-2019, cette élection a valeur de test à bien des égards.
Les Mauritaniens sont appelés ce samedi 1er septembre à se choisir un nouveau parlement et des conseils municipaux et régionaux. 98 partis politiques briguent les suffrages. Ces élections sont déterminantes à la fois pour les principales forces de l’opposition mais aussi pour le parti au pouvoir du président ould Abdel Aziz.
En 2013, l’UPR avait profité du vide né du boycott des poids lourds de l’opposition pour s’imposer au parlement. Aujourd’hui, ceux qui avaient boycotté reviennent et donnent le change. Le retour sur la scène politique des grands partis radicalement opposés au régime, à l’exemple des islamistes de Tawassoul et du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) d’Ahmed ould Dadah, aurait créé une certaine angoisse dans les rangs de la majorité actuelle.
Angoisse illustrée par l’engagement du chef de l’État mauritanien qui a conduit personnellement la campagne électorale de l’UPR en sillonnant les quinze régions de la Mauritanie. Une première dans le pays. Aucun chef d’État n’avait, auparavant, participé à une campagne pour les législatives. Ses appels à une victoire écrasante de l’UPR à l’Assemblée seront-ils entendus ? L’UPR va-t-elle conserver la majorité absolue ? Les islamistes de Tawassoul, qui avaient aussi profité du vide laissé par les autres en 2013, vont-ils être confirmés comme principal parti d’opposition ? Ce sera l’un des tests de ce scrutin.
L’enjeu du troisième mandat
Enfin le pari risqué de Biram Dah Abeid, le militant anti-esclavagiste actuellement incarcéré, va-t-il payer ? Pour se présenter aux législatives, il a uni son mouvement avec le Sawab, un parti nationaliste arabe traditionnellement hostile aux Négro-Mauritaniens, son bastion électoral.
En ligne de mire également, la possibilité pour la majorité présidentielle, si elle obtient les deux tiers des sièges de députés, de faire sauter le verrou constitutionnel ouvrant la voie à un troisième mandat du président. Les récents propos de Mohamed Ould Abdel Aziz, affirmant que « ceux qui parlent souvent de troisième mandat doivent d’abord gagner les législatives » ont relancé la polémique.
A bien des égards, ce triple scrutin fait donc figure de répétition générale avant la présidentielle de 2019.
Rfi.fr