Echauffourées entre Opposants et forces de l’ordre, exfiltration du Chef de l’Etat… Les incidents signalés à Paris dans la résidence de l’Ambassadeur sénégalais, lors de la visite du Président Sall, relèvent plus d’imaginations fertiles que de la réalité.
C’est, du moins, ce qu’a semblé retenir Yakham Mbaye dans cet entretien téléphonique avec Dakaractu.
Monsieur le Ministre, avec votre collègue Mamadou Talla, le Député Farba Ngom et le Chef de Cabinet Adjoint du Président de la République, vous étiez les responsables du parti au pouvoir à être présents à la rencontre d’hier entre Macky Sall et les Apr d’Europe, à la Résidence de l’Ambassadeur du Sénégal à Paris. Une rencontre qui se serait mal passée. Est-ce véritablement le cas ?
C’est ahurissant ! Après avoir lu ce qui a été écrit sur ce qui s’est passé, hier, à la Résidence de l’Ambassadeur du Sénégal à Paris, il est clair que le tout relève de la désinformation. Et je vais même vous surprendre en affirmant ce qui suit : personne ne peut affirmer que les sept personnes, qui se sont manifestées à l’extérieur de la Résidence, aux environs de 20 heures en attirant l’attention avec des vociférations, soient de l’opposition.
Ah bon ? Sur quoi vous vous fondez pour affirmer cela ?
Environ une heure avant le début de la rencontre, j’ai été à l’entrée de la Résidence pour échanger avec une connaissance qui voulait assister à la rencontre. A ce moment, cinq individus qui avaient un accoutrement singulier m’ont interpellé pour me dire ce qui suit :
«Nous sommes des marchands ambulants qui oeuvrons aux alentours de la Tour Eiffel. Nous sommes aussi des sympathisants du Président Macky Sall. Nous n’avons pas travaillé aujourd’hui, car on nous a demandé de venir assister à la rencontre. Mais, là on nous traite avec mépris en nous refusant l’entrée et tout porte à croire que c’est notre habillement qui ne plait pas. Nous ne sommes pas en costume et cravate, mais nous méritons respect et considération».
Après les avoir écoutés, j’ai demandé à mes interlocuteurs l’identité de «on». A savoir la personne qui les avait conviés à la rencontre. Mais, ils ont été incapables de me donner une réponse satisfaisante. Alors, je leur ai dit être désolé de ne pouvoir intervenir, car je ne suis pas de l’organisation. J’aurais pu, s’ils m’avaient indiqué l’identité de ce «on» l’informer de ces présences à l’entrée de la Résidence.
Environ deux heures plus tard, lorsque nous avons entendu des vociférations, j’ai quitté le jardin de la Résidence pour venir à l’entrée, histoire de savoir ce qui se passait. Là, j’ai vu que les gendarmes sénégalais faisaient bloc pour empêcher des camarades responsables de Section de l’Apr en Europe de franchir la porte de sortie et d’aller en découdre avec un groupe d’individus supposés être des opposants. Donc, les éclats de voix qui nous parvenaient, c’étaient des responsables Apr.
Moi-même, ainsi que Farba Ngom et Pape Samba Diop avons été interdits de sortie par les gendarmes. Alors, depuis une des fenêtres de la Résidence, j’ai voulu voir ce qui se passait dehors. Et là, j’ai distinctement remarqué parmi un groupe de sept personnes qui s’agitaient, trois des individus avec qui j’avais échangé deux heures plus tôt.
Alors, je me suis posé trois questions : ces individus sont-ils de vrais opposants qui avaient tenté de tromper la vigilance de tous, pour s’infiltrer dans la Résidence, vers 18 heures, et saboter la rencontre ? Ou bien, sont-ils d’authentiques sympathisants du Président Macky Sall outrés de n’avoir pu assister à la rencontre ? Enfin, ledit groupe était-il un mélange d’opposants et de ces sympathisants frustrés ? Je n’en sais rien !
Mais, une chose est sûre, que j’avais constatée en parlant au groupe d’individus aux environs de 18 heures : tous n’étaient pas lucides… Et peut-être que c’est cet état de fait ajouté à leur accoutrement, qui avait motivé les gendarmes à leur refuser l’entrée.
Donc, à vous entendre parler, les faits ont été exagérés…
Oui ! Si on s’intéresse aux faits, rien qu’aux faits. Est-il nécessaire de relever que toutes les fois où le Président de la République est présent à Paris et logé dans la Résidencede l’Ambassadeur du Sénégal, un dispositif de sécurité composé de policiers français y est déployé. Hier, ils étaient une dizaine. A ceux-là on doit ajouter des gendarmes sénégalais permanemment en faction.
Hier, alors que les premiers avaient éloigné le groupe de sept manifestants à au moins cent mètres de la Résidence, les gendarmes sénégalais, qui étaient assaillis par plus d’une dizaines de responsables de l’Apr décidés à sortir pour en découdre avec les perturbateurs, ont finalement été débordés.
Et c’est Pape Diaw, Coordonnateur de la Dse d’Italie qui s’est échappé le premier pour aller asséner un coup de poing à l’un des manifestants, avant d’être interpellé par les policiers français qui l’ont obligé à rentrer dans la Résidence.
Et ce n’est pas faire injure à l’opposition, si ceux-là sont d’elle, de dire que ces manifestants ont détalé comme des lapins.
Seulement, il est dit que ces incidents ont obligé l’exfiltration du Président de la République ?
Mais, ces dires relèvent d’un conte ! Sept manifestants qui viennent vociférer devant le Palais de la République, à Dakar, alors que le Président de la République préside une rencontre à la Salle des Banquets, peuvent-ils obliger son exfiltration vers je ne sais quel autre lieu du Palais ? Soyons sérieux !
La Résidence de l’Ambassadeur du Sénégal à Paris, c’est comme le Palais en miniature. Pour y accéder, il faut montrer pate blanche, vous me passez le terme. Et de l’entrée aux jardins où se tenait la rencontre, il faut quand même au moins cinquante mètres. Vous imaginez sept individus déborder une dizaine de policiers français, des gendarmes sénégalais, la garde rapprochée du Président de la République, plus de trois cents responsables et militants de l’Apr, pour venir inquiéter le Président de la République ?
La vérité est toute simple : si nous avions ignoré ces bruits qui n’avaient aucune incidence sur le déroulé de la rencontre, peut-être qu’on n’en serait pas là. Car, qu’ils soient de l’opposition ou du camp des sympathisants du Président Macky Sall, vu que nous sommes en démocratie, ces protestataires sont dans leur rôle : se faire entendre, lorsqu’ils le jugent nécessaire, mais sans violence.
Il est aussi vrai qu’il revient à ceux qui sont avec le Président de la République, contre vents et marées, d’être vigilants afin que les faits et gestes de ceux-là ne prospèrent en étant inconsidérément amplifiés, comme ce fut le cas en Suisse, et finalement donner une fausse image préjudiciable.
Par ailleurs, le Président de la République à qui nous avons relaté ce qui s’est passé à l’extérieur de la Résidence, a eu ces mots à l’endroit des responsables et militants de son parti qu’il a écoutés pendant plus de sept tours d’horloge, et entendus : «Ne répondez pas à la violence, qu’elle soit verbale ou physique. C’est l’arme des faibles. Et nous sommes forts de la confiance des Sénégalais et du travail que nous abattons pour le bénéfice exclusif des Sénégalais.»
On ne manquera pas d’indexer le fait que le Président de la République a revêtu la casquette de chef de parti…
Et nous ne manquerons pas de dire à ces prêcheurs sans morale ni éthique, pour la plupart chefs de partis et hommes d’affaires ou affairistes, que le Président de la République s’est toujours conformé à la Constitution et à la bonne morale politique sénégalaise. Ni l’une ni l’autre n’interdisent d’être Président de la République et Président d’un parti politique.
Pour finir, quels enseignements peut-on tirer de cette rencontre ?
D’abord, son caractère inédit. Pour la première fois depuis la création de l’Apr en 2008, le Président Macky Sall a fait face en un lieu aux directions de l’Apr dans les pays d’Europe, communément appelées Délégation des Sénégalais de l’Extérieur ou Dse.
De 17 heures à 21 heures, les responsables des Dse Italie, Allemagne, Benelux – qui regroupe la Belgique, la Hollande et le Luxembourg –, France et Angleterre ont communié avec leur leader. Des échanges ouverts, francs et fructueux qui ont remobilisé ces bases.
Ensuite, jusqu’à 1 heure du matin, le Ministre Mamadou Talla, le Député Farba Ngom, le Chef de Cabinet Adjoint Pape Samba Diop et moi-même avons été aux côtés du Président Macky Sall, qui s’est entretenu avec chaque Dse. Ce deuxième face-à-face a permis de laver du linge très sale, en famille et entre quatre murs.
Et si je vous dis que les tiraillements chroniques au sein des Dse d’Allemagne et d’Italie ont été surmontés grâce à la formidable capacité d’écoute et à la force de proposition du Président Macky Sall, vous comprendrez que l’opposition en Europe a du souci à se faire…
Entretien réalisé par Dakaractu.com