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Esplanade des Mosquées: «journée de la colère» contre les mesures de sécurité

La tension ne retombe pas à Jérusalem, après les mesures de sécurité imposées par Israël à la suite de l’attaque du vendredi 14 juillet. Trois arabes israéliens avaient attaqué des policiers sur l’esplanade des Mosquées, tuant deux d’entre eux. Depuis, le gouvernement israélien a fait installer des détecteurs de métaux à l’entrée du lieu saint, provoquant la colère des fidèles musulmans et des heurts, mardi 18 juillet encore, aux abords de la Vieille ville. Quatorze personnes auraient été blessées, selon le Croissant-Rouge palestinien. Le mouvement palestinien du Fatah a appelé les Palestiniens à manifester ce mercredi 19 juillet.

Avec notre correspondant à JérusalemGuilhem Delteil

Le Fatah du président Mahmoud Abbas appelle les Palestiniens à descendre dans la rue, à exprimer leur colère ce mercredi 19 juillet ; un appel à une journée de la colère pour dénoncer l’installation des détecteurs de métaux à l’entrée d’Al Aqsa.

Mais cet appel, lancé lundi soir 17 juillet, arrive quelque peu à contretemps : cela faisait deux jours que cette grogne avait commencé à s’exprimer dans les rues de Jérusalem. Le parti présidentiel cherche ainsi à ne pas se déconnecter de la rue palestinienne, lui qui est déjà largement discrédité dans l’opinion publique.

Après l’attaque contre les policiers vendredi 14 juillet, Mahmoud Abbas avait parlé pour la première fois en plusieurs mois à Benyamin Netanyahu. Le président de l’Autorité palestinienne cherchait alors à éviter une escalade. Mais ces derniers jours, on a vu que le ton des autorités palestiniennes est quelque peu monté, dénonçant l’installation de ces détecteurs de métaux.

Reste à connaître l’écho que l’appel du Fatah à une journée de la colère, en pleine semaine, aura. Le principal indicateur sur l’ampleur du mécontentement palestinien sera probablement plutôt vendredi, lors de la prière hebdomadaire.

Les ambitions israéliennes sur les lieux saints

L’installation de nouveaux portiques provoque la colère car, pour les Palestiniens, c’est un signe de plus des ambitions israéliennes sur ce lieu saint.

Xavier Guignard, spécialiste d’Israël et de la Palestine, explique en quoi Al Aqsa cristallise les tensions : « Depuis 1967, il y a un équilibre géographique très compliqué de souveraineté entre le mur occidental et l’esplanade des Mosquées, avec, du côté palestinien, la peur d’être dépossédé complétement un jour de l’accès ou de la souveraineté sur cette esplanade. Et il y a des offensives régulières du côté israélien, notamment depuis 1993, donc, depuis les Accords d’Oslo, pour revenir sur ce statu quo et pour s’emparer, en termes de souveraineté, complètement, de l’esplanade des Mosquées. Les Israéliens, ce qu’ils souhaitent, c’est un grignotage petit à petit de la souveraineté sur l’esplanade des Mosquées. On l’a vu l’an dernier [mars 2016, ndlr], ça a été le débat qui a suivi une montée de violence avec une installation de caméras de sécurité. Là, cette année, on parle d’installations de portiques de sécurité pour contrôler l’accès des pèlerins musulmans à l’esplanade des Mosquées. Donc on est plutôt sur ce type de politique, à savoir la politique du fait accompli, mais des petits pas également. »

Cette politique du fait accompli rappelle d’autres points de crispation en Cisjordanie. Et, particulièrement, le cas d’Hébron. La ville accueille en son sein la tombe supposée d’Abraham, Isaac, Jacob et de leurs femmes Sarah, Rébecca et Léa. Hébron abrite donc un lieu saint, là aussi, pour Juifs et Musulmans, et ce lieu, depuis qu’Israël occupe la Cisjordanie, depuis 50 ans, a été divisé : une partie est demeurée mosquée, l’autre est devenue synagogue.

Ce partage est souvent évoqué par les Palestiniens quand ils parlent de leurs craintes pour l’esplanade des Mosquées. Ils accordent peu de crédit aux assurances du gouvernement israélien de ne pas vouloir toucher au statut de l’esplanade.

Rfi

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