J’ai été de ceux qui ont cru, après plusieurs désillusions de sorciers blancs, que l’équipe nationale du Sénégal doit, enfin, être dirigée par un entraîneur local. J’ai aussi pensé qu’avec l’expérience des joueurs de 2002, l’équipe nationale du Sénégal devait revenir à un d’entre eux reconvertis en entraîneurs. Aussi ai-je été de ceux qui ont cru, qu’avec Aliou Cissé, tout était possible. Tant la rigueur et la rage de gagneur du natif de Ziguinchor en tant qu’ancien capitaine des Lions et entraîneur adjoint chez les Espoirs et les A’, cristallisaient les espoirs. Mais j’ai eu tort. Tout comme ceux qui ont confié cette équipe nationale du Sénégal à Aliou Cissé. Ce chauvinisme, nous a joué un sale tour à la CAN 2017 et au mondial 2018. Et puis…Aliou Cissé n’était vraiment prêt à devenir l’entraîneur titulaire de l’équipe nationale du Sénégal. On le lui a mis dans la tête. Il a accepté. Mais il s’avait pertinemment qu’il n’avait ni l’étoffe ni le vécu. Il le prouvera à chaque sortie des Lions. Tant en match amical qu’officiel. En dépit de quelques résultats positifs. Cissé est arrivé en équipe nationale en tant qu’apprenti. Mais ce qu’il oublie, c’est que le banc des Lions du Sénégal n’est pas un Centre de perfectionnement quand bien même qu’on aurait reçu une formation d’entraîneur et un diplôme en poche. Giresse l’a appris à ses dépens. Il s’est cassé les dents. Lui, la terreur du championnat de France (milieu de terrain en son temps) mais piètre entraîneur avec l’équipe du Sénégal.
L’équipe nationale, c’est notre richesse. Notre patrimoine. Ce que nous avons de plus cher. Si Cissé qui a vécu plus en France qu’au Sénégal ne le sait pas, il est alors temps de le lui rappeler. On ne vient pas en équipe nationale du Sénégal pour apprendre. Soit on connaît ou on ne connaît pas. Et si c’est le deuxième cas qui se présente, on se doit de quitter tout bonnement son poste en secouant la poussière de ses sandales. Sans attendre un limogeage imminent. Pourtant évitable dans le temps si on avait pris les devants. Voir les choses autrement, n’est qu’une vue de l’esprit. Penser que tous ceux qui critiquent les choix de Cissé ne veulent pas qu’il réussisse, n’est que pure égoïsme. L’équipe nationale nous appartient à nous tous. Chacun y a un droit de regard. Même s’il a été le moins payé des de tous les entraîneurs arrivés en Russie en été dernier pour la CM de football 2018, Aliou Cissé encaisse notre argent tous les mois. Il se déplace à l’étranger pour des missions de prospection de joueurs avec nos moyens. L’argent de mon père. Ce pauvre papa qui n’a jamais travaillé dans l’administration du Sénégal. Qui n’a jamais eu de salaire non plus.
Cependant, qui a toujours payé l’impôt qui lui imposait l’Etat central jusqu’à sa mort. Jusqu’à son dernier souffle. Un matin de juin 1992. C’est avec cet argent que le salaire de Cissé est payé. Quand il m’envoyait apprendre dans l’école des blancs, il n’y avait pas d’établissement public dans mon village (Safane) dans le département de Goudomp (Sud-Est de la Casamance). J’ai alors fait mes premiers pas non pas dans une école publique mais privée catholique jusqu’en classe de Cm2. Aujourd’hui, Aliou Cissé bénéficie du fruit de son labeur et de tant d’autres papas. M’interdire de parler de mon équipe nationale, est une hérésie. C’est mon patrimoine. Celui de mon père parti dans l’au-delà sans avoir vu le ballon rond rouler dans un écran de Tv faute d’électricité.
Cissé et Senghor doivent se taire
Alors s’il lui restait encore un peu de bon sens, l’ancien pensionnaire de PSG devait se taire. Lui et le Président de la Fédération, Augustin Senghor qui le maintient à son poste en dépit des désillusions connues par l’équipe nationale. Tous les deux n’ont plus droit à la parole. Ils ont échoué. Mais le second plus. Après deux CAN ratés et des problèmes de prime parfois notés, le Président de Gorée Fc, a atteint le seuil de l’échec. Se présenter en victimes expiatoires (pour les deux), après chaque critique, n’est pas respecter les Sénégalais. Personne ne veut du mal ni ne souhaite un échec cuisant aux hommes forts du foot sénégalais tel qu’ils le perçoivent. S’ils aiment tant ce pays comme le clament et déclament, le moment est donc venu de revoir leur copie. Sinon le réveil risque d’être brutal.
Nous allons vers une Coupe d’Afrique au Cameroun à 24 équipes. Si nous sommes qualifiés (ce qui n’est pas encore sûr), il y aura plus de matches à jouer. Or ce que le Sénégal a montré dernièrement, prouve à suffisance que plus la compétition avance (plus de matches dans les jambes), moins les joueurs sont fringants. Et plus la science de Aliou Cissé se perd. A la CAN 2017, nous avons battu la Tunisie d’entrée. Nous nous sommes qualifiés par la suite pour le second tour. Mais en 1/4 de finale, le Cameroun, l’équipe la moins fringante mais disciplinée tactiquement et compétitive, nous a sortis et remporté la finale à force de courage. Cette fois, au Cameroun, avec l’étape des 1/8 de finale à franchir, la tâche s’annonce pénible au rythme avec lequel joue le Sénégal. Il est permis de rêver.
Mais quand rêver de jouer la finale telle qu’assignée à Aliou Cissé, est un leurre. Cette équipe du Sénégal n’est pas encore prête pour remporter la CAN. Le match contre Madagascar (2-2) la semaine dernière me fonde à l’idée de faire cette prédiction. Sans entrer dans la malédiction, des regrets, il y en aura toujours et encore. Comme en 1986, 2000 et 2002. Les hommes de Cissé n’ont pas encore le cran de secouer l’égo des grands du continent. En dépit de la qualité intrinsèque des joueurs qui composent cette équipe nationale. L’Etat des stades ou les problèmes de l’arbitrage seront toujours les mêmes. Partout où nous nous rendrons en Afrique, ce sera pareil.
En parlant de stade, le Sénégal est-il mieux loti que certains pays du continent. Je ne le pense pas. C’est alors un faux prétexte que de tout mettre sous cet angle. Quand on encaisse autant qu’on ne marque. Quand votre défense tant chantée devient subitement fébrile dans les 15 dernières minutes de la partie. Ne jetons pas l’anathème sur le terrain de Tana. Celui de Léopold Sédar Senghor ressemble tout au plus à un champ de patate qu’à un air de jeu à un moment ou un autre de l’année. Surtout quand des combats de lutte traditionnel avec frappe y sont organisées.
De quel droit Aliou Cissé peut-il se prévaloir pour mettre fin aux critiques sur sa personne, ses tactiques et le jeu fourni par l’équipe nationale ? De qui se moque-t-on ? Il n’a pas été élu par le peuple sénégalais pour lui demander de la boucler. C’est un conglomérat d’hommes et de femmes qui a porté son choix sur lui. Alors qu’au même moment, les choix du Chef de l’Etat, élu au suffrage universel, sont parfois commentés et discutés. Pourquoi refuser l’opinion des autres dans un monde en perpétuel conflit. A la proclamation de la liste des Lions devant affronter les Barea, en réponse à la question d’un journaliste sur les sorties récurrentes de certains de ses anciens coéquipiers, Aliou Cissé a lancé ceci : «Je ne suis pas le polémiste de l’équipe nationale. Je suis l’entraîneur de l’équipe nationale». Dans la salle, je me suis senti petit. Cette arrogance du sélectionneur national envers ses anciens camarades en équipe du Sénégal, m’a surpris. Je me dis dans for intérieur : mais il se prend pour qui ? Je ne trouvais pas de réponse.
L’aboyeur devenu réfractaire aux critiques
Alors je me replongeai dans les vidéos des matches de l’équipe nationale notamment, le match d’ouverture de la Coupe du monde 2002 contre la France (1-0). Sur les images, je revois Cissé crier avec toutes ses forces à ses coéquipiers pour des erreurs de replacement comme s’il était leur papa sur le terrain. Pour la simple raison qu’il était le capitaine. Même si c’est lui qui perdait une transmission de balle. Il ne manquait pas d’aboyer. Ce qui lui donna, je comprends mieux maintenant, ce surnom «d’aboyeur». Mais s’il en avait le droit sur le terrain pendant qu’il faisait le même travail que les autres, pourquoi aujourd’hui, c’est lui qui refuse qu’on critique ses choix. Que les joueurs qui sont avec lui ne puissent lui dire coach : tel choix est bon mais tel autre n’est pas bon. Les cas Papy Djilobodji et Diao Baldé Keita sont encore vivaces. Cissé aurait eu des problèmes avec ces joueurs pour avoir osé cracher la vérité à leur entraîneur. On l’a vu jouer. Et avec l’équipe nationale et avec ses différents clubs. Aliou Cissé n’était pas ce bon joueur.
A part ses dreadlocks et son charisme, rien ne le différenciait d’un joueur de navétanes. Le ridicule ne tue pas. Il n’était pas beau à voir jouer. Et je ne me déplacerai pas au stade pour des joueurs comme lui.
Tous les entraineurs savent comment Cissé jouent. Ugo Broos du Cameroun l’a dit après sa victoire aux tirs au but en 1/3 de finale de la CAN 2017. Nicolas Dupuis l’a répété après Madagascar (2-2) Sénégal. On voit nettement, la différence qu’il y a entre les autres et…lui. Les seules équipes que Cissé a gagnées, sont celles qui ont commis l’erreur de jouer sur le tempo du Sénégal. Mais toutes celles qui ont imposé leur rythme aux hommes de Cissé, ont réussi ou obtenu un résultat positif face au Sénégal.
Mon Dieu ! Comment veut-on qu’on continue avec un entraîneur pareil. Celui qui ne peut opposer une résistance sérieuse aux plans de l’adversaire. Ni contrecarrer ou déjouer un piège. Comme dans la République de Platon, Aliou Cissé offre au peuple sénégalais, la chose la plus laide : la servitude volontaire pour subir le jeu de l’adversaire jusqu’au terme du match. Eh bien quel que soit le résultat. Regardez ce qui s’est passé lors de cette deuxième journée des éliminatoires. Après un mondial laborieux, l’Egypte, le Nigéria, le Maroc et l’Egypte ont répondu présent avec un score fleuve pour l’Egypte (6-0) face au Niger. Parmi les 5 mondialistes africains, seul le Sénégal n’a pas réussi à s’imposer lors de cette deuxième journée des éliminatoires de la CAN 2019. Bien que le Maroc, l’Egypte, le Nigéria avaient perdu leur première rencontre. Seule la Tunisie a fait jusque-là, le plein de points avec 6pts pris en deux sorties. Si Aliou Cissé veut remporter la CAN 2019, il doit changer de méthode et de stratégie.
Gaston MANSALY
JOURNALISTE
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