Coup de tonnerre dans la diplomatie américaine : Donald Trump annule l’accord conclu fin 2014 entre les Etats-Unis et Cuba. Le président américain marque la rupture avec son prédécesseur Barack Obama, et durcit le ton, dénonçant un régime «brutal» au pouvoir à La Havane. S’il maintient les relations avec La Havane, il rétablit les sanctions. En réaction, La Havane a «dénoncé» ces nouvelles restrictions tout en réaffirmant sa disposition à poursuivre le «dialogue».
Le président Trump s’est livré à un réquisitoire sévère du régime Castro avant d’annoncer qu’il annulait les accords signés par Barack Obama qui, selon lui, n’aident pas les Cubains et ne profitent qu’au gouvernement, explique notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet.
Il frappe Cuba au portefeuille en limitant la possibilité pour les Américains de se rendre sur l’île dont le tourisme est la principale ressource : 300 000 se sont rendus à Cuba depuis le début de l’année. Donald Trump ne veut pas que leurs dollars aillent dans les poches des militaires qui possèdent la quasi-totalité de l’infrastructure touristique: hôtel, marinas, agences de location, etc.
Le président américain maintient aussi l’embargo commercial imposé il y a 50 ans et dont la majorité des pays membres de l’ONU demande la levée. Donald Trump toutefois ne ferme pas l’ambassade, laissant la porte ouverte à une possible amélioration des relations dans l’avenir.
Les exigences posées par Donald Trump
Les nouvelles mesures toutefois, impopulaires auprès des milieux d’affaires américains -la Chambre de commerce et les agriculteurs les déplorent-, puniront plus les Cubains que le régime. Trump a fixé un certain nombre de demandes avant de négocier un nouvel accord : libération de tous les prisonniers politiques, légalisation des partis non-castristes, élections libres. « Maintenant que je suis votre président, l’Amérique va dénoncer les crimes du régime Castro et se tiendra aux côtés du peuple cubain dans sa lutte pour la liberté car nous savons qu’il est préférable pour l’Amérique d’avoir un avenir avec des gens de pays où ils peuvent réaliser leur propre rêve », a lancé Donald Trump à un public conquis.
Un retour à la rhétorique de la guerre froide, au prétexte d’agir pour le bien des Cubains. Beaucoup aux Etats-Unis se sont étonnés de voir Trump soudain mettre l’accent sur les droits de l’homme, alors qu’il ne s’en est guère soucié dans le passé, déployant le tapis rouge pour des dictateurs tels que ceux d’Egypte ou de Turquie.
Accord enthousiaste à Miami, réserves par ailleurs
L’annulation de l’accord approuvé par Obama, signée à par Donald Trump à la fin de son discours a été accueillie avec enthousiasme par la communauté américano-cubaine de Miami.
Mais de façon générale, les réactions ont été majoritairement négatives, même de la part de certains républicains. Quelque 73% des Américains étaient favorables au rapprochement initié par Barack Obama. Bien que Raul Castro n’a pas desserré sa poigne, diplomates et analystes doutent que les sanctions américaines l’incitent à être plus libéral et craignent plutôt qu’il se tourne vers Moscou ou Pékin.
Avec Rfi