Le président Ivan Duque a pris ses fonctions, hier mardi 7 août, à la tête de la Colombie, déterminé à durcir la politique de son prédécesseur envers les guérillas et à asphyxier diplomatiquement le gouvernement de Nicolas Maduro au Venezuela voisin.
Il pleuvait et il ventait sur la place Bolivar. Et c’est devant un parterre de parapluies blancs qu’Ivan Duque a prononcé son premier discours de chef d’Etat.
Dans celui-ci, il a réaffirmé ses promesses électorales, en annonçant des « correctifs » à l’accord de paix signé fin 2016 avec l’ex-guérilla des FARC. « Pour le respect de la Colombie et le mandat que nous avons reçu, nous mettrons en oeuvre des correctifs pour assurer aux victimes vérité, justice proportionnée, réparation et non répétition. »
Ivan Duque a aussi annoncé un durcissement des négociations avec la dernière grande rébellion encore active, l’ELN, mais aussi envers son homologue vénézuélien. Une référence à peine voilée : « En défense des valeurs démocratiques, nous rejetons toute forme de dictature sur le continent américain, nous le dénonçons et nous appelons les choses par leur nom. »
Le jeune président (42 ans) a aussi multiplié les appels à l’unité, relate notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf. « Je veux gouverner en dépassant le clivage droite gauche. Je vous invite tous à construire un grand pacte pour la Colombie », a-t-il notamment lancé.
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La surprise est venue du président du Congrès, Ernesto Macias qui, juste avant Ivan Duque, avait prononcé un discours extrêmement virulent contre le président sortant Juan Manuel Santos. Or Duque et Macias appartiennent au même parti, celui de l’ancien président Alvaro Uribe, le chef de la droite dure.
Une union compliquée
Si Ivan Duque ne se démarque pas de l’aile radicale de son parti, ses appels à l’unité vont faire chou blanc. D’autant que la gauche entend bien se faire entendre. A une vingtaine de rues de la place Bolivar, plusieurs milliers de manifestants se faisaient mouiller eux aussi.
« Je suis ici parce que je pense que l’opposition est absolument nécessaire pour construire le pays, déclare l’un d’eux, David. Je serai implacable si le gouvernement, comme tous les gouvernements précédents, décide de mettre l’Etat au service des plus riches. » Le clivage qu’Ivan Duque veut dépasser demeure solide.
Rfi.fr