L’ASP Amadou Diop et ses co-prévenus Khadim Fall, Moustapha Fall et Daour Ndir sont poursuivis pour faux et usage de faux en écriture publique et corruption. A la barre, les prévenus ont retracé le film de leur arrestation qui leur a valu leur face à face avec le juge du tribunal des flagrants délits du tribunal de Dakar. Voulant rejoindre leur mère qui réside en Allemagne, les deux frères Moustapha Fall et Khadim Fall se sont rapprochés de Amadou Diop Agent à la sécurité de proximité afin de se procurer des extraits de jugement. Ce dernier a, ensuite, fait appel à Daour Ndir, Agent de la mairie de Yoff pour l’obtention de ces extraits.
Pour faux et usage de faux, corruption, Khadim Fall, Moustapha Fall, Amadou Diop, Agent de sécurité de proximité et le sexagénaire Daour Ndir ont comparu hier à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. D’après l’économie des faits, tout a commencé quand la mère des prévenus Khadim et Moustapha Fall, qui réside en Allemagne a voulu que ses deux fils la rejoignent. En effet, la dame qui a récemment bénéficié d’une nationalité allemande, a jugé nécessaire de faire profiter à ses enfants qui sont restés au bled de son privilège. Pour ce faire, il fallait qu’ils soient mineurs comme prévu par la loi allemande. Mais, ses enfants ayant atteint l’âge de la majorité, elle loue les services du sieur Amadou Diop, Agent de sécurité de proximité (Asp) pour qu’il procure aux frères Fall d’autres extraits de naissance sur lesquels ils seront mineurs.
Devant le juge, les deux frères ont soutenu qu’ils se sont rapprochés d’Amadou Diop pour obtenir de nouveaux extraits de naissance. «Il parlait avec ma mère. Nous voulions la rejoindre en Allemagne. J’ai pu avoir un extrait grâce à Amadou, mais le problème a surgi quand je devais récupérer ma carte d’identité nationale. Car en réalité j’en détenait une auparavant avec mon premier extrait de naissance», a soutenu Khadim Fall à la barre. Moustapha Fall quant à lui, a précisé qu’il ne s’est jamais douté que l’Asp lui avait remis un faux extrait de naissance. Toutefois, il a précisé que le sieur Amadou Diop a reçu de lui et de son frère la somme de 180 000 francs Cfa pour la constitution des documents.
Les extraits de naissance en question sont établis par Daour Ndir, âgé de 62 et contractuel à la Mairie de Yoff. A en croire le sexagénaire, Amadou Diop lui a envoyé une note contenant les filiations des deux frères afin qu’il leur fasse des extraits de jugement, monnayant la somme de 10 000 francs CFA. Par ailleurs, il a précisé que c’était la première fois qu’il commette cet acte délictueux en attestant qu’il n’a jamais traité d’affaire avec l’Asp par le passé.
Conscient que toutes les déclarations l’accusent, le mis en cause Amadou Diop a tenté de se défendre à sa manière. «On m’a mis directement en rapport avec leur mère. Je travaille à la préfecture des Almadies», a-t-il soutenu. Poursuivant son argumentation, il déclare : «les frères ont déposé les documents le même jour. Et moi je ne savais pas que les extraits étaient des faux, sinon je n’allais pas leur demander d’aller déposer leur pièce d’identité à la police». Poursuivant, il ajoute : «je n’ai jamais donné de papier à Daour Ndir. C’est Touré un chauffeur qui travaille à la préfecture qui lui a remis la note», s’est-il défendu. Malheureusement pour lui, le Tribunal a révélé que le fameux Touré en question n’a jamais été mentionné dans le dossier. Pris au dépourvu, le prévenu improvise et déclare: «dans cette affaire, je ne suis qu’un intermédiaire».
Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public a estimé qu’Amadou Diop est le socle de cette affaire. «Il a reçu 180 000 pour aide et assistance en vue de commettre le faux. En ce qui concerne l’Agent de la mairie, Daour Ndir, les faits de corruption sont constants», a-t-il plaidé. Par ailleurs, il a déploré que les deux frères aient recouru au faux en écriture administrative à cause de leur ambition. Ainsi, il a requis à l’endroit des frères 1 mois ferme et 6 mois ferme pour Daour Ndir et Amadou Diop.
Me Cheikh Ahmadou Ndiaye, conseil de Moustapha et de Khadim Fall affirme dans sa plaidoirie que rien ne peut prouver que ses clients savaient que les documents procurés étaient des faux. Selon lui, «l’infraction en usage de faux n’est pas un délit matériel». «C’est aujourd’hui que le fichier a été assaini. Plusieurs personnes ont retaillé leur âge en empruntant le même procédé que mes clients», a poursuivi la robe noire. En ce qui concerne l’argent qui a été remis à Amadou Diop, l’avocat trouve que cela ne justifie pas que ses clients étaient conscients de l’existence du faux. Ainsi, à titre principal, il a demandé que ses clients soient relaxés, mais si le Tribunal estime qu’ils savaient l’existence du faux, de faire une application bienveillante de la loi.
Finalement, les prévenus Khadim Fall et Moustapha Fall reconnus coupables ont été condamné à 3 mois assortis d’un sursis. S’agissant des prévenus Amadou Diop et Daour Ndir, le tribunal a estimé qu’ils sont aussi coupable des faits qui leur sont reprochés et les a condamnés à six mois avec sursis.
Maguette Ndao (Actusen.sn)