François Fillon a accusé, jeudi sur France 2, François Hollande d’animer un « cabinet noir » à l’origine des fuites dans la presse sur ses affaires judiciaires. Le président français a aussitôt condamné des « allégations mensongères ».
Invité de l’Émission politique sur France 2, jeudi 23 mars, le candidat Les Républicains à la présidentielle s’en est pris au président français. François Fillon a en effet dénoncé un « scandale d’État » et accusé François Hollande d’organiser, à la tête d’un « cabinet noir », les fuites dans la presse sur ses affaires judiciaires. Des propos vivement dénoncés par le président de la République dans un communiqué.
>> À lire aussi : Affaire Fillon : enquête élargie à des soupçons d' »escroquerie aggravée et faux »
« Il y a un livre qui sort ces jours-ci, dont j’ai pu lire les bonnes feuilles, qui a été écrit par des journalistes qui sont très loin d’être mes amis puisque deux d’entre eux sont des journalistes du Canard Enchaîné », a fait valoir François Fillon. « C’est un livre (« Bienvenue Place Beauvau, Police : les secrets inavouables d’un quinquennat », NDLR) sur le ministère de l’Intérieur et la place Beauvau, qui, en 250 pages, explique que François Hollande fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l’intéressent à son bureau, ce qui est d’une illégalité totale, comment il est branché directement sur Bercy, sur Tracfin, sur les informations qui lui sont apportées en permanence, comment il est au courant des moindres faits, des moindres filatures, y compris concernant son ancien Premier ministre Manuel Valls », a-t-il expliqué.
« JE VAIS METTRE EN CAUSE LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE »
Selon François Fillon, « on cherchait un cabinet noir, on l’a trouvé, en tout cas, à travers ces allégations ». « Moi, ce soir, solennellement, je demande qu’il y ait une enquête d’ouverte sur les allégations qui sont portées dans ce livre, parce que c’est un scandale d’État », a-t-il ajouté.
Le président de la République a aussitôt dénoncé « avec la plus grande fermeté », dans un communiqué, des « allégations mensongères » : « Depuis 2012, et c’est un fait établi, l’exécutif n’est jamais intervenu dans aucune procédure judiciaire et a toujours respecté strictement l’indépendance de la magistrature », ajoute le texte.
Dans la foulée, Didier Hassoux, l’un des auteurs, avec Olivia Recasens et Christophe Labbé, du livre en question a immédiatement réagi sur Franceinfo. « On n’a jamais écrit ça (…) La seule personne qui croit qu’il y a un cabinet noir à l’Elysée c’est François Fillon. Ce cabinet noir n’existe pas », a indiqué le journaliste. Selon lui, il s’agit d’une instrumentalisation de son livre par François Fillon, un homme « aux abois », qui « essaye de faire un coup ».
Dans la nuit, le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, a quant à lui dénoncé le vote « systématique » de François Fillon contre « tous les textes renforçant l’indépendance de la justice et favorisant la transparence de la vie politique ».
« Ça m’a fait souvent penser à Pierre Bérégovoy »
François Fillon, donné éliminé dès le premier tour dans les sondages, s’est plaint du traitement médiatique qui lui est réservé. « Ça fait deux mois que la presse déverse sur moi des torrents de boue », s’est-il emporté alors que le journaliste lui demandait s’il était « un homme d’argent ». « Ça m’a fait souvent penser à Pierre Bérégovoy », a même confié le député de Paris, en référence à l’ancien Premier ministre socialiste, mis en cause dans une affaire de prêt et qui s’était suicidé en 1993. « J’ai compris pourquoi on pouvait être amené à cette extrémité », a expliqué François Fillon.
>> À lire également : « François Fillon va traîner sa mise en examen comme un boulet »
Mis en examen, notamment pour détournement de fonds publics, il a par ailleurs répété que son épouse, Penelope, soupçonnée d’avoir occupé un emploi fictif, avait bel et bien travaillé pour lui à l’Assemblée nationale, comme le font selon lui « des centaines de parlementaires ».
Sur les costumes, Fillon dit avoir eu « tort »
Le candidat de la droite a cependant concédé avoir eu « tort » d’accepter les costumes de luxe offert par l’avocat Robert Bourgi, et assuré qu’il « n’y avait pas de contrepartie » à ce cadeau. « J’ai fait une erreur de jugement » et « je les ai rendus », a-t-il indiqué.
« J’AI EU TORT »
>> À lire aussi : Robert Bourgui, l' »ami » qui a payé les costumes de François Fillon
Il a en revanche qualifié de « mensonge éhonté » les informations du Canard Enchaîné au sujet du paiement à sa société de conseil, 2F, d’une somme de 50 000 dollars pour mettre en relation une homme d’affaires libanais et le président russe Vladimir Poutine.
« VOUS ME PRENEZ POUR QUI ET VOUS PRENEZ MONSIEUR POUTINE POUR QUI ? »
L’émission a aussi été marquée par un échange tendu entre l’homme politique et l’écrivaine Christine Angot, qui lui a notamment lancé : « Vous ne reculez devant rien ! Votre parole est malhonnête. Et vous savez ce que c’est le pompon de toute cette histoire ? C’est le coup de Bérégovoy que vous nous avez fait tout à l’heure, ça, ça passe pas ! » « Ma question est la suivante : est- ce que vous nous faites un chantage au suicide, monsieur ? », a-t-elle questionné. Et le candidat de répondre : « Vous ne pouvez pas comprendre que je puisse être blessé par des accusations mensongères? »
Avec AFP et Reuters