Lors d’une allocution télévisée mardi 16 avril au soir, le président de la République Emmanuel Macron a dit vouloir rebâtir la cathédrale Notre-Dame de Paris d’ici cinq ans. Mais les dégâts sont considérables : les deux tiers de la toiture ont été détruits par les flammes, la flèche de l’édifice n’existe plus et une partie de la voûte s’est effondrée. Trente heures après le drame, des doutes subsistent donc sur l’état de la structure et sur le délai de cinq ans pour la reconstruction de Notre-Dame.
Rebâtir la cathédrale Notre-Dame de Paris d’ici cinq ans, c’est un pari ambitieux. À l’heure actuelle, en effet, il est prématuré de donner une estimation du temps qu’il faudra pour reconstruire l’édifice. Il faut déjà faire un bilan des dégâts, sécuriser les lieux, enlever les décombres. Cela prendra quelques semaines.
Nouvel échafaudage
Ensuite, il faudra du temps pour installer un nouvel échafaudage qui servira à couvrir Notre-Dame afin de la préserver des intempéries et d’éviter les risques d’effondrements.
Vient enfin la question épineuse du choix de la méthode pour rebâtir l’édifice. Faut-il refaire une copie à l’original de la charpente du XIIIe siècle et de la flèche du XVIIIe qui étaient en bois, ou utiliser les matériels actuels comme le béton ou le métal ?
Dix ans… au moins
Même s’il est très difficile de se prononcer aujourd’hui sur la durée que prendront les travaux, un des présidents du groupement des entreprises de restauration des monuments historiques juge que cinq ans pour reconstruire Notre-Dame de Paris est irréaliste.
Pour beaucoup d’experts, il faudrait au moins dix ans, d’autant que les corps de métiers indispensables pour la reconstruction du monument sont en manque de main-d’œuvre. Charpentiers, tailleurs de pierre, couvreurs, pratiquement tous les métiers manuels devront intervenir.
A titre de comparaison, il a fallu vingt-huit ans pour rebâtir la cathédrale de Saint-Malo après un incendie et vingt ans pour la cathédrale de Reims après la Première Guerre mondiale. Ce mercredi, après le Conseil des ministres, le Premier ministre français Édouard Philippe a annoncé le lancement d’un « concours international d’architecture sur la reconstruction de la flèche » de la cathédrale.
► Le point sur les trésors sauvés ou perdus
Notre-Dame a été ravagée par les flammes mais, alors qu’on craignait le pire, aucune œuvre dans l’enceinte de la cathédrale n’a été détruite. Dès le soir du sinistre, on apprenait que les œuvres du Trésor étaient sauvées des flammes. Parmi elles, la tunique de Saint Louis (Louis IX) et la Sainte Couronne ou couronne du Christ posée, selon la croyance des catholiques, sur la tête de Jésus durant sa crucifixion. Certains vitraux ont explosé, mais les trois rosaces (vitraux) datant des XIIe et XIIIe siècles représentant les fleurs du paradis ont résisté à la chaleur.
Soulagement aussi pour les très grandes peintures et les « Mays », ces grandes toiles de deux mètres sur trois, commandées entrée 1630 et 1707 par la corporation des orfèvres. Quant aux statues en bronze, douze apôtres et quatre évangélistes, qui ornaient le toit de Notre-Dame, et n’avaient pas bougé depuis 160 ans, elles avaient par chance quitté Paris la semaine dernière pour être restaurées à Périgueux. La plus belle histoire reste celle du coq du sommet de la flèche : porté disparu pendant plusieurs heures, il a été miraculeusement retrouvé dans les décombres, à peine cabossé !
RFI