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France : les législatives, futur « troisième tour » de l’élection présidentielle

Alors que la campagne pour l’élection présidentielle en France bat son plein, le rendez-vous des législatives, les dimanches 11 et 18 juin, est particulièrement présent dans la tête des candidats, car plus décisif que jamais cette année.

C’est un rendez-vous électoral éclipsé par la présidentielle, mais qui n’en est pas moins important pour l’avenir politique de la France. Les élections législatives, prévues les dimanches 11 et 18 juin, décideront en effet de la majorité gouvernementale avec laquelle le prochain président de la République gouvernera… ou pas.

Car cette année, avec une possible victoire de Marine Le Pen ou d’Emmanuel Macron début mai, rien n’indique que le futur président de la République disposera d’une majorité à l’Assemblée nationale. L’argument est d’ailleurs abondamment utilisé par François Fillon et son équipe de campagne : « Le fait est que M. Macron est dans une situation qui ne lui permet pas d’obtenir une majorité », a ainsi répété le candidat Les Républicains, le 13 mars sur Europe 1. « Quant à Mme Le Pen, chacun voit bien qu’elle ne peut pas avoir de majorité au Parlement. Donc oui, je suis le seul candidat qui peut, aujourd’hui, avoir une majorité », a-t-il martelé.

L’argument n’est pas nouveau. Valéry Giscard d’Estaing l’utilisait déjà contre François Mitterrand lors du débat de l’entre-deux tours de la présidentielle en 1981. Et plus récemment, il avait été opposé à François Bayrou, en 2007, lorsque ce dernier était venu perturber dans les sondages le duel entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Mais si elle avait auparavant été évoquée, la question de la majorité présidentielle, avec la perspective grandissante d’un deuxième tour opposant le candidat d’En Marche ! à la candidate du Front national, risque cette fois-ci de s’imposer dans le débat.

Une majorité à construire en cas de victoire de Le Pen ou Macron

« C’est la première fois que l’élection présidentielle va se faire sous l’influence des législatives, alors que d’habitude c’est l’inverse, note le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences-Po Paris, contacté par France 24. Jamais la question de la majorité législative n’a été aussi floue. D’ordinaire, il y a une ratification du choix du président avec des majorités préconstruites autour de la droite ou de la gauche. Or, là, il n’y aura aucune majorité préconstruite si Marine Le Pen ou Emmanuel Macron est élu. Il faudra la construire. »

Tout l’enjeu pour ces deux candidats sera donc, d’ici au premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 23 avril, de convaincre qu’ils seront en capacité de bâtir autour d’eux une majorité pour gouverner. Leurs principaux concurrents, François Fillon et Benoît Hamon, tous deux issus des deux partis dominant le paysage politique, tenteront de leur côté de persuader les électeurs du contraire.

>> À voir : Les petits « plus » du patrimoine des candidats à la présidentielle

« Mais l’argument de la majorité parlementaire est faux, affirme le politologue Thomas Guénolé, enseignant aux universités Panthéon-Assas et Paris-Est-Créteil, contacté par France 24. Une fois élu président, vos électeurs du premier tour se mobilisent beaucoup mieux que les autres aux législatives. Il suffit alors de passer des alliances avec un ou deux partis significatifs pour être sûr de remporter une majorité aux législatives. »

Emmanuel Macron muet sur la question des alliances aux législatives

Sauf que Marine Le Pen n’est pas en position de nouer la moindre alliance à l’heure actuelle et qu’Emmanuel Macron reste muet sur la question. L’ancien ministre de l’Économie a bien conscience qu’il ne peut dévoiler ses intentions – faire alliance avec la gauche ou la droite ? – avant le premier tour de l’élection présidentielle. Ce serait pour lui courir le risque de perdre toute une partie de son électorat.

« Emmanuel Macron n’aura pas de majorité purement En Marche !, surtout avec les contraintes qu’il s’est lui-même imposées, comme la parité et le renouvellement de la classe politique, estime Pascal Perrineau. Il va donc être obligé de rabaisser ses prétentions et, le moment venu, de négocier autour d’une table. »

« Contrairement à ce qu’il prétend, il sera obligé de nouer une alliance au niveau des appareils et cet allié, ce sera soit LR soit le PS », abonde Thomas Guénolé.

La question de savoir si Emmanuel Macron penchera vers sa gauche ou vers sa droite en cas d’élection est donc légitime. À moins que ce dernier ne fasse réellement le pari de poursuivre son chemin sans l’aide des partis traditionnels, au risque de devenir un président sans majorité, autrement dit, un président de cohabitation.

La question des élections législatives devrait donc monter en puissance dans les prochaines semaines, d’autant plus si les sondages continuent d’installer dans les esprits l’idée d’un deuxième tour Macron-Le Pen. Le rendez-vous électoral du mois de juin s’apparente déjà à un troisième tour de l’élection présidentielle.

France24

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