Le président français participait ce dimanche 16 juillet 2017 au 75e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv’. A la demande des nazis, et sur ordre de l’Etat français en place à Vichy, plus de 13000 femmes, hommes et enfants juifs avaient été arrêtés à Paris et sa région en 1942, par la police française, parqués au Vélodrome d’hiver avant d’être déportés. Très peu reviendront de Pologne. La cérémonie d’hommage s’est tenue en présence du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, une première. Mais c’est le discours d’Emmanuel Macron, prononcé devant lui, qui fera date.
C’est l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire française, qui a été commémoré ce dimanche 16 juillet sur les lieux de l’ancien Vélodrome d’Hiver, dont il ne reste rien tant la plaie est profonde, dans le 15e arrondissement de la capitale.
Le président Macron est arrivé vers 10 h, pour déposer une gerbe devant le monument commémoratif du Vél’ d’Hiv’. Il s’est ensuite rendu, avec l’avocat franco-israélien Serge Klarsfeld, au Jardin du souvenir, où sont inscrits les noms des 3 928 enfants déportés suite à la rafle.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a ensuite rejoint le président français. Les deux chefs d’Etat ne sont pas arrivés ensemble pour des raisons de sécurité. Ils ont chacun reçu de nombreux applaudissements à leur arrivée.
Une longue prière a ensuite été dite par le rabbin Olivier Kaufmann, en souvenir des victimes juives de la Seconde Guerre mondiale. Mais il a aussi étendu sa prière à toutes les victimes actuelles de la barbarie à travers le monde.
« A vous, M. le président, à la France, à tout le peuple français, du fond du cœur, je dis merci »
Bien sûr, un hommage a également été rendu à l’ancienne ministre française Simone Veil, l’une des grandes figures de la Shoah qui avait été déportée enfant, et qui est décédée le 30 juin dernier. Des textes ont par ailleurs été lus par des personnalités.
Le Premier ministre israélien a salué la main tendue par le président français à l’occasion de cet anniversaire. L’invitation à participer aux commémorations de la rafle du Vél’ d’Hiv est « un geste très, très fort (qui) témoigne de l’amitié ancienne et profonde entre la France et Israël », a confié Benyamin Netanyahu.
C’était la première fois qu’un chef du gouvernement israélien participait à des commémorations de la rafle de 1942. « A vous, M. le président, à la France, à tout le peuple français, du fond du cœur, je dis merci », a lancé le chef du gouvernement israélien à la tribune, qui s’est exprimé partiellement en français.
« Je récuse les accommodements de ceux qui prétendent que Vichy n’était pas la France »
Mais c’est le discours d’Emmanuel Macron qui aura le plus marqué les esprits. Allant plus loin que ne l’avaient fait par le passé ses prédécesseurs Chirac, Sarkozy et Hollande, citant des noms sans ambage, le chef de l’Etat a de nouveau assumé la responsabilité de l’Etat français dans l’organisation de la rafle.
Bousquet, Laval, Pétain, mais aussi ceux qui ont fait prospéré l’antissémitisme en France dans les années 1930, en ont pris pour leur grade. « C’est bien la France qui organisa la rafle, puis la déportation, et donc, pour presque tous, la mort, des 13 152 personnes de confession juive », a déclaré M. Macron.
« Je récuse les accommodements de ceux qui prétendent que Vichy, ce n’était pas la France. Car Vichy, ce n’était certes pas tous les Français, mais c’était l’Etat et l’administration de la France », a lancé le président, s’adressant en filigrane à Marine Le Pen, son ancienne adversaire à la présidentielle.
Pendant la campagne, la candidate frontiste avait déclaré que « la France n’était pas responsable » de cette tragédie. « Je récuse aussi ceux qui font acte de relativisme et expliquent qu’exonérer la France (…), c’est s’inscrire dans les pas du général de Gaulle et de François Mitterrand, qui sur ce sujet restèrent mutiques. »
En 1995, rompant avec un long silence engagé dès le début de l’après-guerre, le président Jacques Chirac avait déclaré : « Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français. »
« Nous ne cèderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme »
Mais M. Macron a également lancé des messages politiques plus contemporains, parlant même de la défense du climat et du racisme en général. « Nous ne cèderons rien aux messages de haine, nous ne cèderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme », a-t-il notamment lancé.
Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahu se retrouvent dans l’après-midi pour un entretien à l’Elysée.
Rfi