Selon l’armée israélienne, environ 20 000 Palestiniens ont à nouveau manifesté, vendredi 5 octobre, le long de la barrière de séparation entre la bande de Gaza et le territoire israélien. La mobilisation était forte encore alors que ce mouvement de protestation pour réclamer la levée du blocus imposé à l’enclave, la Marche du retour, dure désormais depuis plus de six mois. Au moins trois Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens et 126 autres blessés par balle.
Devant cet espace de rassemblement, quelques jeunes hommes gonflent à l’hélium des ballons, auxquels peuvent être attachés des engins incendiaires. Ils sont ensuite lâchés dans le ciel : le vent les pousse vers le territoire israélien.
Un adolescent a été touché au cou par une balle et est décédé à l’hôpital
Plus près de la barrière de séparation, des milliers de personnes sont rassemblées, faisant face aux soldats israéliens. Comme à l’habitude, des pneus sont incendiés pour créer un écran de fumée, les soldats répliquent en faisant usage de gaz lacrymogènes.
Mais le claquement des balles se fait aussi entendre : un adolescent se trouvant un peu à l’écart de la foule tombe au sol, il est blessé au cou et est évacué précipitamment. Les autorités gazaouïes ont annoncé son décès à l’hôpital.
Plus tôt, le ministre de la Défense avait lancé une mise en garde
En début de journée, le ministre israélien de la Défense avait lancé une mise en garde, prévenant que les fêtes juives sont désormais terminées. Un message reçu par beaucoup dans la bande de Gaza comme une menace. Et la mobilisation importante de ce vendredi se voulait une réponse, assure Ektemal Hamal, membre du comité d’organisation de la marche.
« Nous sommes sous occupation depuis 70 ans, lance-t-elle. Nous allons continuer notre combat pour nos droits, nos sacrifices et notre lutte jusqu’à ce que nous obtenions nos droits. »
Comme chaque fois, l’armée israélienne a répondu à ce qu’elle qualifie « d’émeutes » par des tirs à balles réelles et de gaz lacrymogènes. Mais le danger n’effraie pas ce sexagénaire.
« Le peuple palestinien ne restera pas silencieux »
« Nous n’avons pas peur de la mort, résume Mohamed. Nous courons après la mort et la mort a peur de nous. Regardez ici : ils ont tiré sur de nombreuses personnes. Sur des enfants, des femmes, des vieux. Les gens n’ont pas peur d’être tués. »
Le défi comme réponse pour les uns. La menace pour d’autres. Khalil Al Hayya est le numéro deux dans la bande de Gaza du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle ce territoire : « Le peuple palestinien, par la Marche du retour, a décidé d’avoir recours à des marches pacifiques pour exercer certains de ses droits, essentiellement pour casser le siège. Mais si l’ennemi israélien veut défier et briser ces marches pacifiques avec plus de violence, il est certain que le peuple palestinien ne restera pas silencieux. »
Le chef du Hamas à Gaza assurait, lui, toutefois dans une interview publiée ce vendredi que son mouvement n’a pas d’intérêt à un nouveau conflit.
Rfi.fr