Le 41e locataire de la Maison Blanche s’est éteint le 30 novembre à l’âge de 94 ans. Vice-président sous Reagan, George Bush « père » était devenu de 1989 à 1993 le premier président de l’après Guerre froide. Au cours de son unique mandat, dominé par la politique étrangère, il se sera illustré en remportant la première guerre du Golfe. Mais sa mauvaise gestion économique du pays finira par lui coûter sa réélection. De Buenos Aires, où il participe au sommet du G20, le président Trump salue le «leadership inébranlable» de l’ancien président.
Ces dernières années, il se déplaçait en fauteuil roulant. Mais il ne dérogeait pas à la tradition de marquer ses anniversaires en s’offrant un saut en parachute tous les cinq ans.
De quoi se remémorer ses exploits de jeunesse, lorsque, pendant la Seconde Guerre mondiale, et alors que George Herbert Walker Bush est le plus jeune pilote de l’US Navy, son avion est abattu dans le Pacifique.
Les deux coéquipiers du futur président trouvent la mort. Lui parvient à s’échapper de son avion en flammes en se parachutant.
De retour de la guerre dans son Massachussetts natal, ce fils d’un banquier sénateur républicain du Connecticut reprend ses études d’économie à la prestigieuse université de Yale. Son diplôme en poche, il s’installe au Texas où il fonde sa compagnie pétrolière.
Succès à l’extérieur
Marié, sa fortune faite, il va maintenant pouvoir s’occuper à se forger une carrière politique et empile les lignes sur son CV. La Chambre des représentants d’abord, qu’il quitte pour tenter sa chance au Sénat. Il échoue, mais le président Nixon le choisit comme représentant au Nations unies. En 1973, Bush prend les rênes du Comité national républicain. Il est ensuite ambassadeur en Chine en 1974 et 1975. Directeur de la CIA, il va s’attacher à redorer le blason des services secrets américains éclaboussés par l’affaire du Watergate.
En 1979, fort de son bagage, George H. W. Bush brigue l’investiture républicaine. Là encore, c’est un échec puisque Ronald Reagan lui est préféré, mais ce dernier choisit le républicain pragmatique modéré comme colistier. Bush devient vice-président des Etats-Unis pendant les huit ans de pouvoir de Reagan.
A 64 ans, George H. W. Bush lui succède à la présidence après avoir battu Michael Dukakis et alors que le monde s’apprête à vivre de profonds bouleversements. A la tête du pays, il se pose en héritier de Reagan et enchaîne les succès en matière de politique étrangère. Le mur de Berlin tombe, l’URSS explose. George Bush soutient la réunification de l’Allemagne et gère la réduction des armements avec la signature du traité START I en 1991.
Président du « nouvel ordre mondial »
Assez discret sur la répression du régime chinois en 1989, il dépêche les troupes américaines au Panama pour chasser le général Noriega impliqué dans divers trafics de drogue et qui menace la sécurité du canal. Il appuie également l’élargissement de la future ALENA, l’Association de libre-échange nord-américaine.
En 1990, quand les troupes de Saddam Hussein envahissent le Koweit, George Bush, avec l’aval des Nations unies, prend la tête d’une coalition internationale qu’il va lancer dans une guerre contre l’Irak. L’opération « Tempête du désert » est un succès et la coalition sort rapidement victorieuse de la Première Guerre du Golfe. Les troupes de Saddam Hussein sont défaites mais le dictateur reste en place, ce qui sera par la suite reproché au président américain.
A la tête de l’unique superpuissance, le locataire de la Maison Blanche entend faire de son pays le gendarme de la planète et évoque un « nouvel ordre mondial ». Dans un discours au Congrès en 1990, il déclare : « Nous nous trouvons aujourd’hui à un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le golfe Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s’orienter vers une période historique de coopération. De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix ».
Echec sur le front intérieur
Pour les Américains, George Bush senior reste le vainqueur de la Première Guerre du Golfe. Un succès qui ne suffit pourtant pas. Coiffé de l’auréole du vainqueur, George Bush en oublierait presque qu’à l’intérieur, la situation est loin d’être reluisante : les déficits explosent, le pays est en récession, le chômage bat des records. Les républicains conservateurs lui reprochent de ne pas avoir tenu sa promesse de 1988 sur la fiscalité. « Lisez sur mes lèvres : pas de nouveaux impôts », avait-il assuré. L’insécurité augmente aussi et c’est le moment des émeutes raciales de Los Angeles. Trop déconnecté des préoccupations des Américains, en 1992, la sanction tombe. Il est battu par un jeune démocrate quasi inconnu, Bill Clinton.
Le 41e président des Etats-Unis, père de six enfants, restera en tout cas plus populaire que son fils et ses deux mandats. Après sa défaite, George Bush père s’était quasiment retiré de la vie politique, laissant la place à son fils George Junior, 43e président des Etats-Unis.
Jamais deux sans trois ? Raté. En 2016, Donald Trump est venu contrarier les espoirs d’un autre Bush, Jeb, le cadet, contraint de jeter l’éponge dans la course à l’investiture républicaine.
Son père l’aura (un peu) vengé. En juillet 2016, il avait boycotté la convention républicaine. Et, pendant la campagne, n’avait pas démenti les indiscrétions de Kathleen Kennedy Townsend, la fille de l’ancien sénateur Robert Kennedy, qui rapportait que l’ancien président républicain comptait voter pour la démocrate Hillary Clinton. Hospitalisé pour une pneumonie au moment de l’investiture de Donald Trump en janvier 2017, il était d’ailleurs le seul président américain en vie à ne pas figurer sur la photo.
Un peu plus d’un an plus tard, le 17 avril 2018, George H. Bush perd sa femme, Barbara, qui disparaît à 92 ans des suites d’une maladie pulmonaire et cardiaque.