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Haïti: la colère des plus vulnérables face à l’arrivée de l’ouragan Irma

Après avoir ravagé une partie des Antilles et s’être rapproché de Porto Rico, l’ouragan Irma, le plus puissant jamais enregistré dans l’Atlantique, menace la République dominicaine et Haïti. Port-au-Prince et l’ensemble du pays sont en alerte rouge, mais la côte nord est la plus à risque. Dans la ville du Cap-Haïtien, rien n’a été fait en amont par les autorités pour protéger les plus vulnérables.

Dans le nord de Haïti, on annonce des pluies diluviennes ce jeudi. Pourtant, la population semble découvrir le danger. Les autorités n’ont quasiment pas anticipé la catastrophe.

Les campagnes pour alerter directement les habitants vivant dans les zones les plus à risque, les zones les plus pauvres, n’ont commencé que tard mercredi soir.

L’électricité est rarement distribuée dans ces quartiers. Parfois, une heure ou seulement 30 minutes par jour. Les habitants n’ont donc pas accès aux médias et n’ont pas de batterie sur leur téléphone portable.

Beaucoup de familles croisées à Cap-Haïtien ignoraient encore le danger mortel qui se profilait mercredi soir. Même une fois informés, les gens n’ont pas évacué.

Le plus gros des risques pour les riverains, c’est le vent

Il faisait encore beau cette nuit dans le nord. Et en Haïti, les habitants attendent la dernière minute pour partir, quand les intempéries commencent, c’est-à-dire quand il est déjà trop tard. Ils risquent de devoir évacuer par eux-mêmes de surcroît.

Vu les averses qu’apporte Irma sur son passage, plus de la moitié de la ville risque d’être inondée. Mais la plus grande menace, ce sont les rafales de vent. Ici, la majorité des toits sont en tôle. Ils ne vont pas résister à la force des vents.

La tôle, les branches d’arbres, tous les objets qui seront charriés par le vent vont représenter autant de menaces sur la vie des Haïtiens.

« On vit de la mer. Si je dois mourir ici, alors je mourrai »

Au bord de la mer aussi, certains ignoraient encore, mercredi, qu’un ouragan allait leur arriver. Au sein de la communauté des pêcheurs, la colère monte, mais aussi la résignation devant la fatalité.

A côté de sa petite embarcation, qu’il a réalisée en creusant un tronc d’arbre, Hilaire Félix s’affaire à réparer un filet de pêche. Il avait dans l’idée de partir en mer, ignorant totalement l’existence de l’ouragan Irma…

Le fait que personne à la mairie ou à la protection civile ne l’ait informé ne le surprend même pas. Pour lui, ils sont tous des profiteurs de son malheur à venir.

« Quand un évènement comme ça arrive, ils sont contents parce qu’ils ramassent beaucoup d’argent, dit-il. Ils disent qu’ils vont aider les pauvres mais aucune aide ne nous arrive jamais. Ça dépend du peuple mais manifester, ça ne marche jamais pour changer vraiment les choses. »

A ses côtés, Josué Rosse n’attend également rien de l’Etat. Il ne partira pas de sa bicoque en bord de mer. Philosophe, il se prépare même à la mort.

« On vit de la mer, on n’a pas de gouvernement. Si je dois mourir ici, alors je mourrai, lance-t-il. Comme on dit :  » Le poisson fait confiance à l’eau mais c’est dans l’eau qu’il est cuit.  » Je n’ai pas peur de mourir dans la mer. »

Manque d’informations concernant les lieux où se réfugier

Comme nombre de Capois rencontrés dans les zones inondables du centre-ville, Josué n’envisage pas encore de se réfugier dans un abri. Il ne sait pas où ils se situent.

Au Cap-Haïtien, le gymnasium, les écoles construites en béton, tout comme certaines églises bâties sur les hauteurs de la ville, sont des refuges.

Mais pour l’heure, de toute façon, les autorités n’ont tout simplement pas encore ouvert des lieux pouvant servir de refuge. Les informations sur les abris d’urgence manquent cruellement.

Avec RFI

 

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