Quoi que l’on dise, quoi que l’on puisse expliquer, le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) n’est qu’une assemblée consultative qui a pour mission d’étudier et de donner un avis motivé (art 1er) et pas plus. Les tournures et autres explications n’en feront pas plus qu’un organe dont les avis seront laissés à l’appréciation du Président de la république.
Un rôle que les nombreux conseillers spéciaux et autres ministres conseillers peuvent valablement jouer s’ils sont bien choisis. Une armada de privilèges et une cohorte de conseillers n’impressionneront pas le President. Les avis ne le dévieront pas de sa trajectoire. Ceux du conseil économique, social et environnemental dorment encore dans ses tiroirs, la commission nationale de réforme des institutions (CNRI) voit son approche scientifique qui a abouti à une volonté populaire, balayée d’un revers de main par un dictat présidentiel, les recommandations de l’OFNAC sont écrasées et ensevelies sous le poids d’un abus de pouvoir sans précédent…la note s’allonge aux frais du contribuable sénégalais. Les véhicules et dotations de carburant, les compensations financières et factures téléphoniques, les voyages et indemnités… crèvent les dépenses publiques sans résultats probants. Juste pour satisfaire une clientèle politique et poursuivre des desseins politiciens.
Le HCCT, une institution élevée à la taille de l’assemblée nationale par la magie d’un sinueux projet référendaire, aiguise aujourd’hui, les appétits. Ils sont à la course aux privilèges. Le mot d’ordre est unanime : ne laisser aucune niche à l’autre même si l’approche d’aujourd’hui trahie celle d’hier.
Macky a décidé de nommer 70 des 150 hauts conseillers et se partager les 80 restants avec la pléthore de candidats. Malgré tout, on va à l’assaut des restes. On espère ramasser des voix. L’essentiel c’est de participer au festin.
Des calculs politiciens sans aucune relation avec les intérêts des populations sont élevés au rang de haute stratégie. On nous apprend qu’il ne faut jamais faire la politique de la chaise vide. Un bon prétexte pour manger à tous les râteliers. On baisse les armes pour armer son adversaire et combattre par ricochet un peuple désabusé et dépouillé.
Le HCCT est une instance politicienne de partage de gâteaux. La république n’est pas en jeu. Elle n’a d’ailleurs jamais été en jeu chez ceux qui nous gouvernent. Ils se sont déguisés en républicains pour mieux l’immoler. Ils ont fini par se spécialiser dans la création de sinécures aux frais du contribuable. Ils ont, en plus, une triste manière d’élever le maximum de politiques au grade de compagnons-déserteurs. Ne pas être seuls dans la dérive mais se débrouiller pour en être les plus grands jouisseurs.
Pour des broutilles, on se fait enrôler, dans un désastre, sans rechigner. On devient complice d’une méthode de gouvernance qui ignore royalement les intérêts majeurs des populations.
Une attitude qui légitimise le mackyllage qu’on impose tous les jours à un peuple meurtri.
Quel dommage pour notre pays !
Thierno Bocoum
Député à l’assemblée nationale sénégalaise