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Contribution

Idrissa Seck, l’abreuvoir des compétences? Leçons tirées du «grand oral» de Abdourahmane Diouf

En écoutant hier, l’excellente présentation de Abdourahmane Diouf qui présentait la vision programmatique du candidat Idrissa Seck, je n’ai pas pu m’empêcher de faire le lien avec tous les talents et les compétences qu’il a introduit dans le jeu politique sénégalais.

Un révélateur de talents de compétences

Il n’y pas de talent et de compétence qui s’est révélé dans le paysage politique sénégalais depuis 2000, et peut être même avant, qui ne soit lié d’une manière ou d’une autre à Idrissa Seck. On aurait pu mettre en avant l’exemple de Dethié Fall, dont les Sénégalais ont appris à découvrir les fortes capacités manageriales et le sens élevé du leadership, ou même celui d’un Ass Babacar Gueye dont l’expertise électorale n’est plus à démontrer. De même, l’impressionnant parcours de Thierno Bocoum que l’on a pu découvrir comme jeune communicant, jusqu’à la haute posture d’homme d’état respectable et crédible qu’il occupe aujourd’hui constitue sans doute un produit de cette «école Idrissa», dont la prestation de Abdourahmane Diouf représente une des multiples manifestations. Cela dénote d’une certaine vision de la politique qui met les aptitudes intellectuelles au cœur même de cette noble activité. C’est que l’ancien de Princeton a compris, de la même manière que les Américains que l’activité politique comprend aussi bien le «politics» qui concerne la conquête du pouvoir, que le «policy» qui a trait a son exercice. Cette posture, pourrait-on dire, trouve sa source aussi bien dans une orientation personnelle que dans l’héritage wadien, Idrissa Seck l’avait placé au cœur de l’agenda libéral, ce qui lui a valu un certain ostracisme, faisant perdre au Sénégal une opportunité d’alourdir la charge du savoir dans les politiques publiques pour augmenter leur efficacité.

Une gestion partagée qui fait confiance à la jeunesse

L’exercice d’hier révèle aussi un élément important qui peut nous rassurer dans cette logique de forte personnalisation du pouvoir qui marque notre pratique politique et qui s’est exacerbée sous Macky Sall. En promouvant des leaders relativement jeunes à qui il confie les responsabilités de la présentation de sa vision ou même de la gestion de son appareil politique, il envoie un signal d’une gestion partagée de l’État, autour d’un leader qui inspire et libère les potentialités. Dans un Sénégal ou la jeunesse de la population constitue une réalité démographique fondamentale, cette attitude augure d’une responsabilisation de la jeunesse qui constitue non pas l’avenir du Sénégal, mais son présent.

Un patriotisme conscient et responsable adossé à un libéralisme à visage humain 

La vision programmatique déclinée a travers la formule 1-3-15-45 s’inscrit en droite ligne du patriotisme qui a toujours structuré la démarche politique de Idrissa, et dont la meilleure manifestation est l’introduction depuis des années du «vital national interest» dans le lexique politique sénégalais. Ce patriotisme ne s’exprime pas cependant pas à travers un discours populiste qui la déconnecte de la réalité ou dans un nationalisme étriqué qui ignore les profondes mutations de l’ordre international. Il s’agit d’un patriotisme conscient et responsable qui prend sa source de sa riche expérience d’homme d’État, de son parcours de vie, ainsi que dans les compétences des talents qui l’entourent, et qui est la réponse à la profonde extraversion des politiques publiques qui marque l’ère Macky. L’importance accordée à l’initiative privée et à la libération des potentialités productives l’inscrit dans un libéralisme à visage humain qui comprend la nécessité de combattre les inégalités en intégrant les couches vulnérables dans l’activité économique.

Saliou Dione

Consultant international

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