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Immigration clandestine: responsabilité partagée entre l’Afrique et l’Europe

Le taux de fécondité doit être de 2 enfants par femme pour assurer le renouvellement de la jeunesse dans un pays. En Europe, ce taux n’est pas respecté, ce qui fait que sa population est vieillissante. En Afrique subsaharienne, la population est jeune et le taux de fécondité est de 4,9 en 2018. Un continent pauvre avec une population jeune est sans doute la raison de l’éclatement des flux migratoires.

L’immigration : un couteau à double tranchant

Avec le taux de fécondité en chute libre dans les pays développés, les migrants maintiennent ces économies à flot. Ils représentent plus de la moitié de l’augmentation de la population active américain depuis le début des années 2000 et près de 70 % en Europe. L’agence onusienne des affaires économiques et sociales avait procédé à une simulation et le constat a été que si l’immigration arrête, la population de l’Europe chutera de plus de 15 % d’ici 30 ans. Pour maintenir la population en âge de travailler, l’agence dit que l’Union européenne aurait besoin de près de 900 000 immigrants par an. Le cas le plus marquant est le cas de l’Allemagne qui est le plus vieux pays de l’Europe. L’Allemagne est en manque de près de 2 million de travailleurs qualifiés. Elle en est consciente et certains dirigeants diront que c’est la raison principale pour laquelle ils avaient accepté un si grand nombre de réfugiés durant l’arrivée de la vague de réfugiés. Le rapport sur les migrations internationales de 2017 par l’agence onusienne des affaires économiques et sociales a fait de troublantes révélations à l’encontre des pays développés. Ils ont en effet confirmé que 74 % de tous les immigrants étaient en âge de travailler donc il est très logique que la perte de ce groupe démographique vital puisse nuire à l’économie de n’importe quel pays. La population de l’Afrique passera de 1,2 milliard d’habitants à plus de 2 milliards en 2050. À moins que le continent ne se développe, nous assisterons à un exode massif de cette population vers les pays développés. Avec une estimation de plus de 2 milliards d’habitants en 2050, l’Union européenne doit s’attendre à ce que le quart de sa population soit d’origine africaine. La croissance démographique au Sénégal est très forte, ce qui a presque quadruplé la population du Sénégal depuis l’indépendance du pays en 1960. Selon l’ANSD, l’âge moyen de la population au Sénégal est de 19 ans et plus de 60 % de la population à moins de 24 ans. Malgré une croissance économique, relativement forte, les jeunes préfèrent quitter un pays en pleine croissance, car le développement économique en Afrique n’est pas toujours synonyme de prospérité. Selon la Banque mondiale, plus de 500 000 Sénégalais vivent à l’étranger selon une étude faite en 2012. Avec un taux de chômage de 47 % et une population jeune et prête à travailler, les jeunes Sénégalais sont souvent forcés à aller vers d’autres horizons à la recherche d’une meilleure vie. Historiquement, le Sénégal était plutôt la destination de migrants, mais depuis les années 90, le Sénégal est devenu un pays d’émigration. Trouver un emploi au Sénégal est équivalent à trouver une aiguille dans une botte de foin. La politisation de l’emploi dans la fonction publique gagne du terrain tandis que le secteur privé est trop faible pour apporter un soulagement significatif au marché du travail. Dans ce cas, peut-on dans blâmer les jeunes qui quittent ?

L’échec des deux continents

Selon les chiffres de l’ONU, la grande majorité de ceux qui atteindront l’Europe migrera à cause de la guerre. Il y a cependant 30 % qui fuient à cause de la pauvreté, en particulier d’Afrique de l’Ouest. Ces derniers sont souvent appelés des migrants économiques. Le phénomène de l’immigration clandestine est l’une des principales sources d’insécurité au Sénégal. Ce phénomène a tué plus de personnes que le terrorisme avec des milliers de personnes mortes. Pour faire face à ce fléau, le gouvernement sénégalais est dans l’obligation d’adopter une approche plus globale. Les conditions de vie en milieu rural sont très dures et cela est comparable à la « grande sècheresse » des années 60 et 70. C’est là que l’exode rural en masse commença et près de 40 ans plus tard, le gouvernement n’arrive toujours pas à contrôler ce problème. Des programmes ont vu le jour pour contre carrer ce fléau, mais le fait est que la situation est toujours présente. Avec la coopération des pays du Nord, nous verrons une surveillance des côtes pour éviter l’embarcation. Bien que cela ait diminué le nombre d’embarcations, cela n’a pas arrêté les flux migratoires. Les jeunes veulent s’enrichir vite et les programmes mis en place par le gouvernement sont des programmes qui n’intéressent pas les jeunes, qu’ils qualifient de programmes politiques. Une étude faite aussi révèle que lorsqu’un pays atteint un PIB d’environ 7 000 à 7 500 dollars par habitant, la migration légale régulière cesse de croître. Si nous restons dans cette logique, sachant que le Sénégal a un PIB par habitant d’environ 1033 dollars et une croissance économique standard, cela prendra au Sénégal près de 80 ans pour atteindre ce seuil. La solution pourrait se cacher derrière l’aide publique au développement. Au lieu d’accepter l’aide des pays européens, le Sénégal pourrait par exemple travaillait avec les institutions financières européennes, telles que la Banque européenne d’investissement pour un meilleur moyen de dépenser cet argent. Les entreprises européennes peuvent être encouragées à s’installer en Afrique dans le développement de secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, telle que l’industrie légère. Le Sénégal manque affreusement d’entreprises capables de tirer parti des économies d’échelle. L’Europe a eu son plan Marshall d’après-guerre, l’Afrique a aussi besoin de son plan Marshall de la même dimension pour donner une impulsion majeure à l’Afrique. Enfin, il y a cette idée controversée d’un politicien allemand, rejetée par les critiques qui perçoivent le colonialisme, qui propose que les Africains louent leurs terres à un organisme étranger pendant 50 ans pour qu’il le développe. S’il a eu le courage de faire cette proposition, cela nous montre que les dirigeants africains ont échoué.

Effectuée correctement, la migration apporte un dynamisme économique. Mais les lacunes des politiques d’aujourd’hui font que la plupart des pays occidentaux sont beaucoup plus fermés qu’ils ne le devraient et qu’ils alimentent la montée du populisme. Même des pays d’immigrants comme les Etats-Unis sont en train de fermer leur frontière. L’Afrique se développera-t-elle quand toutes les frontières seront fermées et qu’elle n’aura plus le choix ?

Mohamed Dia, Consultant bancaire

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