Le président américain Donald Trump a limogé mardi 31 janvier la ministre de la Justice par intérim qui refusait l’application de son décret limitant l’immigration, alors que la vaste polémique suscitée par cette mesure se poursuit aux États-Unis et à l’étranger.
Sally Yates, une fonctionnaire de l’ancienne administration Obama qui assurait l’intérim du ministre de la Justice, avait ordonné aux procureurs de ne pas défendre le décret de Donald Trump.
« La ministre intérimaire, Sally Yates, a trahi le département de la Justice en refusant d’appliquer un décret destiné à protéger les citoyens des États-Unis », a déclaré lundi la Maison Blanche dans un communiqué. « Le président Trump a relevé Madame Yates de ses fonctions et a nommé Dana Boente ministre intérimaire dans l’attente de la confirmation par le Sénat de la nomination du sénateur Jeff Sessions », a annoncé la présidence.
Sally Yates, qui était numéro deux du ministère sous l’administration Obama, avait mis en doute dans une note interne la légalité du décret. « Pendant toute la période où je s[erai] ministre par intérim de la Justice, le ministère de la Justice ne présentera pas d’arguments pour défendre le décret présidentiel, sauf si je finis par être convaincue qu’il est approprié de le faire », avait déclaré Sally Yates.
Trump limoge le chef intérimaire de l’immigration
Ce texte interdit temporairement l’entrée des États-Unis aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane [Iran, Irak, Syrie, Lybie, Yémen, Somalie et Soudan] et de tous les réfugiés. L’exécutif déclare vouloir ainsi empêcher l’entrée aux États-Unis de « terroristes islamiques radicaux ».
Donald Trump a également remplacé lundi le chef intérimaire du service de l’immigration et des douanes (ICE), Daniel Ragsdale, lui aussi un ancien de l’administration Obama.
Thomas Homan, qui prendra la direction de l’ICE en remplacement de Daniel Ragsdale, « œuvrera à l’application de nos lois sur l’immigration sur le territoire des États-Unis, en conformité avec notre intérêt national », a annoncé le secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly.
Plusieurs diplomates américains ont protesté contre le décret en utilisant un canal officiel dit de « dissidence ». Mais la Maison Blanche les a avertis : « Soit ils acceptent le programme, soit ils s’en vont », a déclaré Sean Spicer, porte-parole de Donald Trump.
Barack Obama dénonce le décret anti-immigration
Alors que manifestations et dénonciations se multiplient, l’ancien président démocrate Barack Obama s’est dit encouragé par « le niveau de mobilisation » à travers les États-Unis. Barack Obama avait promis de se tenir à l’écart du débat politique, sauf si « les valeurs fondamentales » de l’Amérique étaient menacées. Dix jours après son départ de la Maison Blanche, il semble avoir jugé que c’était déjà le cas.
L’ex-président américain « est en désaccord fondamental avec la notion de discriminer des individus en raison de leur croyance ou de leur religion », a déclaré son porte-parole, Kevin Lewis.
L’exécutif nie pourtant que les restrictions temporaires de l’immigration soient liées à la religion. « Il ne s’agit pas d’une interdiction visant les musulmans, comme les médias le rapportent faussement », a déclaré Donald Trump dimanche. « Cela n’a rien à voir avec la religion, il s’agit de terrorisme et de la sécurité de notre pays ».
France24 & Avec AFP