“L’indigence et l’inégalité criante sont des fléaux si épouvantables de notre époque… qu’elles ont leur place aux côtés de l’esclavage et de l’apartheid.” Nelson Mandela
Pendant que le Sénégalais lambda essaie de survivre au jour le jour, l’Etat se permet de gaspiller l’argent du contribuable, en dépensant de manière irrationnelle. En moyenne, l’Etat a acheté 100 voitures par mois pour un coût total de 2 milliards 500 millions FCFA ; ces voitures, qui doivent être utilisées à des fins professionnelles, sont souvent utilisées à des fins privées ou même prêter à des membres de famille sur le dos du Sénégalais lambda. Ne parlons pas du coût de la réparation et du carburant de ces voitures. On parle de détournement de deniers publics et aucune sanction n’est prise à l’encontre des présumés auteurs. Un contrat d’exploitation d’hydrocarbures avec Total, qui fera perdre au Sénégal des milliers de milliards de FCFA durant la durée du contrat. Un jour, vous comprendrez ! Il faut aussi noter que le salaire des fonctionnaires coûte chaque année 683 milliards FCFA à l’Etat. Où va cet argent que nous, Sénégalais lambda, avons donné à l’Etat ? Plus de 20 000 milliards FCFA en sept ans.
Et ces députés qui sont supposés nous représenter ? La perception de chaque Sénégalais est que la majorité des députés ne font que se chamailler, applaudir et dormir. Un député perçoit 1,3 millions FCFA, en plus de 300 litres d’essence, soit 208 500 FCFA et un passeport diplomatique pour le député et son épouse ou époux. En plus de cela, il a une voiture de fonction 4 X 4 pour un coût d’un peu plus de 25 millions FCFA. Ces députés qui doivent voter des projets de loi pour l’intérêt général, sont malheureusement, pour la plupart des députés de la majorité et certains ont même avoué qu’ils votent sans lire le projet de loi, tant que cela arrangerait le président en exercice. Pendant ce temps, le sénégalais lambda, fait la queue dans les ambassades de la ville pour chercher un visa pour une meilleure vie, car il n’a plus d’espoir et ne fait plus confiance à ses dirigeants. D’autres ont préféré emprunter des méthodes plus dangereuses, en bravant la méditerranée, et selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), l’année dernière, plus de 3 100 personnes sont mortes ou sont portées disparues. Combien de soutiens de famille, de père de famille, de mère de famille, sont morts ou portés disparus parce que ces députés, qui sont supposés représenter le peuple, ne votent pas dans l’intérêt général de tout le monde ?
Le président de l’Assemblée nationale gagne un salaire de 10 000 000 FCFA et bénéficie de 49 millions de FCFA de fonds politiques par mois. À cela, s’ajoutent cinq voitures de fonction et une sécurité personnelle de notre sureté nationale, sans oublier les 10 000 litres d’essence par mois. Les vice-présidents de l’Assemblée nationale qui sont au nombre de huit perçoivent un salaire de 3 millions FCFA chacun, de deux voitures de fonction, de 1000 litres d’essence, soit 695 000 FCFA et d’un passeport diplomatique pour l’élu (e) et son épouse ou époux et 500 000 FCFA de crédit téléphonique. Pendant ce temps, le Sénégalais lambda, qui paie pour tous ces avantages, peine à manger correctement. Selon l’ANSD, un peu moins de trois ménages sur cinq (58,4 %) ont eu peur de manquer de nourriture, notamment en milieu rural où dans 65,8 % des ménages la crainte de manquer de nourriture pour insuffisance de ressources a été constamment présente. Face au manque de ressources, 32 % des ménages ont dû sauter l’un des trois repas conventionnels, 42,4 % manger moins que la norme, 29,4 % ressentir la faim, et 21,0 % rester sans manger pendant la journée. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont affirmé qu’en 2017, les faibles précipitations dans les zones pastorales au sud de la Mauritanie, au nord du Sénégal et dans certaines parties du Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad ont ruiné le bétail et les récoltes et ont affecté les moyens de subsistance, ce qui a mené à un début précoce de la « saison de la faim ».
Les directeurs généraux des agences de catégorie 1 gagnent 5 millions FCFA, sans compter les autres avantages. Parmi ces agences, il faut noter l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes, l’Agence de l’informatique de l’Etat, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie du Sénégal, l’Agence de gestion des routes, l’Agence des aéroports du Sénégal, de l’Aviation civile et de la météorologie entre autres. Ceux de la catégorie 2 gagnent 4 millions FCFA, sans compter les autres avantages, ceux de la catégorie 3 gagnent 3 millions FCFA, ceux de la catégorie 4 gagnent 2 millions FCFA sans compter les primes annuelles qui diffèrent et peuvent aller jusqu’à plus de 1 500 000 FCFA pour tous les directeurs, toutes catégories confondues. Pendant ce temps, selon l’ANSD, le salaire moyen mensuel d’un salarié est estimé à 96 206 FCFA et ceux du secteur informel gagne à peine 42 000 FCFA par mois et le taux de chômage des personnes âgées de 15 ans ou plus est estimé à 15,7 %. Chaque année, il y a 300 000 diplômés qui entrent sur le marché du travail, soit 2 100 000 diplômés en sept ans. On nous dit que le gouvernement a créé 491 000 emplois en 7 ans, soit une création de 1 609 000 chômeurs. Même si l’Etat n’a pas pour vocation de créer des emplois, il doit faciliter le climat de la création d’emplois. Selon la Banque mondiale, le Sénégal occupait la 162e place sur 188 pays dans le classement de l’indice de développement humain 2017 et un taux de pauvreté de 47 %. Pourquoi tant de disparités alors que c’est l’Etat qui est responsable de faciliter la création d’emplois, de s’assurer que chaque Sénégalais reçoive une éducation de qualité ?
À un moment, un ministre bénéficiait de 10 000 000 FCFA pour meubler sa maison et le salaire de base était de 2 000 000 FCFA sans compter les frais de mission qui pouvait dépasser 200 000 FCFA par jour et ils voyageaient en classe affaires. Il faut aussi comptabiliser les indemnités qui peuvent atteindre plus de 5 000 000 FCFA. Les fonds politiques font partie du budget de chaque pays, mais ils sont utilisés et contrôlés différemment selon les pays. Au Sénégal, ces fonds politiques, sont appelés caisses noires. Ces fonds sont votés par l’Assemblée nationale et ne sont soumis à aucun contrôle. Avant la première alternance, les fonds politiques des présidents sénégalais étaient d’environ 500 millions FCFA et de nos jours, le président a une caisse noire d’un montant de plus de 8 milliards FCFA. Le premier ministre, avant sa destitution, détenait une caisse noire de 1 milliard FCFA par an, près de 600 000 000 FCFA par an pour le président de l’Assemblée nationale, 360 000 000 FCFA pour la présidente du CESE en plus d’un salaire de 9 000 000 FCFA par mois, et 360 000 000 FCFA par an pour le patron du HCCT. Il faut entretenir la clientèle politique.
Pendant ce temps, le Sénégal compte plus de 5 000 abris provisoires, plus de 50 000 talibés qui ont entre 5 et 10 ans. Les personnes handicapées, qui augmentent de jour en jour, représentent plus de 20 % de notre population, soit plus de 3 millions. On dit que l’éducation et la santé sont les piliers du développement, comment se fait-il alors que les enseignants sont très mal payés au Sénégal, pendant que des milliards sont en train d’être partagés par des gens qui ne sont pas plus méritants que ces enseignants ? Et les médecins ? Pendant ce temps, nous ne disposons pas d’assez de structures de santé ni d’assez de spécialistes et l’argent du contribuable est en train d’être gaspillé par ces soi-disant leaders. Les bourses des médecins spécialistes, qui ont été revues à la hausse, ne sont jamais payées à temps, on compte des mois d’arriérés de paiement de bourses pour des Sénégalais, qui ont choisi de servir leur pays. Les bourses ne sont payées qu’après des grèves ou la mort d’homme.
Et l’éducation supérieure ? Les demi-bourses sont de 20 000 FCFA et les bourses entières de 40 000 FCFA, le prix de petit-déjeuner est de 50 FCFA et les prix du déjeuner et du dîner de 100 FCFA. Il a fallu qu’il y ait mort d’un étudiant pour que les bourses soient augmentées et le prix des repas diminués. Combien parmi ces leaders envoient leurs enfants à l’UCAD dans les mêmes conditions que les étudiants qui y sont ? Une université de 20 000 places qui a 85 000 étudiants. Est-ce qu’il y a assez de toilettes pour tous ceux qui y résident ? Est-ce qu’il y a assez de tables bancs pour tous ces étudiants ? Veut-on vraiment qu’ils réussissent ou sommes-nous juste en train de créer des futurs chômeurs ? Sans oublier le 31 janvier dans le campus universitaire, Balla Gaye fut tué par les forces de l’ordre. Le 14 août 2014, Bassirou Faye, pensionnaire de l’UGB de Saint-Louis, tombait sous les balles des forces de l’ordre. Le 15 mai 2018, Fallou Sène, pensionnaire de l’UGB, est mort, car il manifestait pour le paiement de sa bourse. Les auteurs de ces atrocités ne sont toujours pas punis. Aucun fils de ces leaders ne sera tué dans ces manifestations, car ils sont tous à l’abri du besoin dans une université en Europe ou aux Etats-Unis. Quelle injustice !
Pendant ce temps, il est utile de rappeler que plus de 4 000 détenus sont en détention provisoire durant de longues pénibles années. Avaient-ils bénéficié d’un avocat durant leur garde à vue ? Et de la présomption d’innocence ? Doit-on comprendre par cela que si le détenu n’est pas un politicien, un artiste ou une personne célèbre, ou n’a pas les moyens de payer sa caution, ses droits seront bafoués ? Et ces leaders qui ont détourné l’argent du contribuable et qui ont signé des accords et protocoles ? Cette justice à double vitesse, ne fera qu’augmenter la haine des citoyens envers les leaders et leur propre pays.
Pendant ce temps, on fait ce qu’on veut, car on sent qu’on sera protégé par ceux qui sont en haut. On se rappelle encore quand Alioune Badara Mbengue était torturé par 6 gardes de la prison de Rebeuss. À la suite d’une altercation avec des codétenus, les gardes, pour le calmer, l’ont torturé pendant quatre heures d’horloge. Cela entraînera l’amputation de ses deux bras. Bineta Guèye, Margo Samb, Ousmane Ndiaye, Serigne Boubou Ndoye et El Hadji Malick Samb violentés et torturés par des éléments de la Légion de la gendarmerie d’intervention à Ouakam. Et Dominique Lopy ? Accusé d’avoir volé une télévision et un matelas au domicile de l’ancien président du Conseil régional, il sera mis en garde à vue avant d’être sauvagement battu et torturé par des policiers du commissariat de Kolda. Alioune Badara Diop sera torturé à mort aussi dans les locaux du commissariat de Ndorong, à Kaolack. Mamadou Bakhoum sera tué dans les locaux de la gendarmerie de Karang, Aboubacry Dia, sera tué dans les locaux du commissariat de Matam, Abdoulaye Wade Yinghou, homonyme du président Wade, sera tué par les policiers du commissariat de Yeumbeul, lors d’une manifestation, Yatma Fall, torturé dans les locaux du commissariat de Saint-Louis, Malick Ba, tué à Sangalkam, lors d’une manifestation. C’en est trop. Qu’ils reposent tous en paix !
Vous poussez la population à bout ! Si une partie jouit des deniers publics alors que la majorité souffre, ce pays va droit vers les Printemps des peuples. Pour éviter que notre cher pays ne sombre dans une révolution, il faut que le Sénégalais lambda sente qu’il y a une justice pour lui dans ce pays. Il faut que le Sénégalais lambda croie qu’il a d’égales chances que les enfants des leaders, il faut que notre société soit une société de droit, de justice, d’équité et surtout de mérite. Pour éviter que notre cher pays ne sombre dans une révolution, il faut que le Sénégalais lambda sente qu’il y a une justice pour lui dans ce pays. On en a assez que les fils des leaders viennent diriger les fils du Sénégalais lambda, et que les femmes qui accouchent montent sur des charrettes alors que ceux qui détiennent notre argent vont ou envoient leurs épouses accoucher en Europe, aux Etats-Unis ou dans des cliniques privées. On en a assez que des enfants meurent du paludisme par manque de moyens ! Trop c’est trop ! Dirigeants d’hier, d’aujourd’hui et de demain, sachez que quand le peuple se met debout, personne ne peut l’arrêter. Religieux d’hier, d’aujourd’hui et de demain, sachez que, qui ne dit rien ou ne fait rien contre cette injustice consent. Que chacun prenne ses responsabilités !
Le jour où l’éveil des consciences verra le jour, le Sénégal plongera dans le Printemps des révolutions, et ce sera trop tard pour ceux qui ont vécu dans de bonnes conditions pendant que le peuple souffre. Ce jour-là, tout le monde sera au même pied d’égalité.
On dit souvent que « Les seules richesses des gouvernants doivent être la justice et l’équité. »
Mohamed Dia
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