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Jaay Doolé Baxoul…* (Chronique hebdomadaire de SAMBAY BATHIE)

Khalifa Sall est en prison. Macky Sall poursuit sa «campagne électorale». Le maire de Dakar est dans la pénombre d’une miteuse cellule à Rebeuss. Le Président de la République bénéficie d’un bain de foule, et profite des ors du pouvoir comme jamais.

Le nouveau détenu de Rebeuss est dans le noir et son avenir politique est dans le flou. Il laisse derrière lui une épouse inconsolable, des enfants meurtris de détresse, des militants atterrés par ce qu’ils qualifient d’injustice.

Pendant ce temps, le Président Macky Sall est fait citoyen d’honneur de Podor, Matam l’accueille avec faste et son épouse affiche son plus beau sourire. Ainsi, va la politique au Sénégal, elle est cruelle. C’est un marigot infesté de gros requins, où les plus forts mangent les plus faibles.

 Le Khalife de « Taxawu Dakar » « piégé » par les Inspecteurs généraux d’Etat (Ige) sur le mil et le riz, puni par l’Exécutif pour avoir osé défier le très «sérial killer» Macky Sall, est un maire de Dakar acculé par les faits, qui se révolte. Il a demandé à ses sympathisants, à ses militants de descendre dans la rue et de lutter œil pour œil, dent pour dent.

«Que les gens sortent, se battent, occupent les rues et les médias.» Rien ne permet au maire de Dakar d’appeler à l’insurrection et à la révolte. Certes, il est dos au mur, mais il n’a pas le droit d’appeler à la résistance civile ou armée contre des Sénégalais, à qui, il voudrait, dans un proche avenir, solliciter les suffrages. Il gagnerait plutôt à convaincre le Doyen des juges sur son innocence ou supposée comme telle.

En faisant cet appel, il montre ses tares, il donne l’impression d’être un homme politique épais, sans le supplément d’âme qui va avec…Khalifa Sall ferait bien de profiter de son séjour carcéral pour lire les biographies de Gandhi, Mandela et Martin Luther King. ça lui serait d’un grand apport pour la suite de sa carrière politique. Très lamentable de sa part.

C’est une lapalissade de dire que le Sénégal compte de valeureux juges, d’excellents Procureurs dans ses Tribunaux. Bref, des justiciers pur-sang. Et ils sont nombreux. D’ailleurs, nul n’a intérêt à jeter le discrédit sur notre dernier REMPART. Nous avons des juges et des Procureurs honorables et respectables. Qui méritent toute notre affection et notre confiance.

Mais, c’est un drame de voir le Président Macky Sall régler des comptes politiques, en sélectionnant les dossiers judiciaires à faire instruire. N’est-ce pas Macky Sall, qui, s’étant taillé le costume d’un super Procureur, a une fois dit que c »est lui qui a dû mettre le coude sur certains dossiers ? Histoire d’empêcher que la Justice carbure à 100/H, quant à la suite à donner à certains Rapports d »audit.

Encore une fois, notre pays compte d’excellents Juges et Procureurs. Là n’est pas le débat. La vraie métastase, c’est la manière, dont Macky Sall gère, suivant son ordre de priorité, les Rapports devant atterrir devant la justice. Dont la balance est qualifiée, à tort ou à raison, de si déséquilibrée que certains de ses principaux acteurs rouspètent. On se rappelle le limogeage brusque et brutal, en pleine audience, de l’ancien Procureur spécial prés la Cour de répression de l’enrichissement illicite.

Quid du juge Ibrahima Dème, qui a, récemment, rendu le tablier, pour la manière dont fonctionne le Haut conseil de la Magistrature sénégalaise? Macky n’a pas le droit d’user de sa force, pour museler ses potentiels adversaires. Lui, le Président du Haut conseil de la Magistrature abuse de sa force.

Le courage politique lui impose de faire face à ses ennemis, de les regarder dans le blanc de l’œil pour les affronter. Mais le Président de l’Alliance pour la République (Apr) aime bander les muscles et faire des coups de force. Son «Niangal» cache une peur. Sa courtoisie en public cache une discourtoisie en privé.

Il prêche le faux pour connaitre le vrai, il ne montre pas réellement son «vrai visage» aux Sénégalais. C’est lui le ministre de l’Energie, de l’Hydraulique et des Mines, le 12 mai 2002, lors des élections locales à Fatick, qui avait voté sans sa carte d’identité. Des agissements anti-démocratiques du «Lion qui dort» résument l’attitude belliqueuse de l’actuel locataire du Palais de la République.

Aujourd’hui, sous le règne du Président Macky Sall, il y a eu des avancées certes sociales. Certains en doutent encore. C’est leur droit. Mais il y a eu beaucoup de recul des libertés depuis 2012. La dernière sortie de Amnesty Sénégal en fait cas. «En 2016, le Gouvernement a continué à porter des atteintes graves à la liberté de manifester. La liberté d’expression, c’est elle qui permet aux autorités d’entendre les populations, leurs problèmes, leurs griefs ; lorsqu’on empêche aux citoyens de marcher, on leur empêche de revendiquer tous les droits.

L’autre chose, c’est l’atteinte à la liberté de la presse. Des journalistes, parce qu’ils ont donné la parole à des personnes qui ont tenu des propos inacceptables pour le Gouvernement, ont été convoqués à la DIC (Division des Investigations Criminelles), détenus pendant des heures, interrogés de façon injuste. Cela doit cesser.» Très dramatique tout ça.

Les drames dans ce pays, parlons-en. 19 morts à Saint-Louis, 14 victimes sur la route de Porokhane. Les routes tuent et la coïncidence malheureuse avec le périple du chef de l’Etat devraient sonner enfin l’ère des sanctions. A défaut de l’annulation de son errance prolongée. Puisque les Sénégalais en ont marre de toujours voyager récitant à chaque fois des litanies de versets pour avoir la bénédiction de Dieu, sans que le véhicule ne remplisse les conditions de rouler. Une faute des services

C’est comme si l’Etat sénégalais est faible, qu’il a peur de sanctionner de punir pour ne pas s’attirer les foudres des usagers. Trop c’est trop ! Les discours pompeux doivent laisser la place aux actes. Y en a marre des morts. Au fait, on ne les entend plus les membres du groupe Y’en a marre. Tout comme, on n’entend pas les chefs religieux, quand des Sénégalais meurent sur des routes comme des mouches, quand des agresseurs tuent avec perfidie.

Dans ce vacarme où l’horreur règne en maître, l’on a vu les bruits de bottes des forces de l’ordre, les hommes de Maal qui cherchent le bien des Sénégalais, sans du reste le retrouver, ont sorti l’artillerie lourde pour casser des manifestants Pro-Khalifa. Si ce déploiement ultra-répressif est très dissuasif. Toute cette énergie serait utile pour combattre les agresseurs, les meurtriers qui ont fini d’installer la terreur et la peur dans nos villes.

SAMBAY BATHIE   

*chanson de Youssou Ndour incitant à ne pas faire usage de la force

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