Lettre à M. Macky SALL, Président de la République
Monsieur le Président,
Me permettez-vous, dans ma gratitude pour la bienveillante visite que vous avez récemment réservée à la ville de Rufisque, d’avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu’ici, est menacée à Rufisque de la plus dégradante, de la plus ineffaçable des taches ? Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies du régimeprécédent,vousavezconquislescœursetRufisquevousasoutenuàhauteurde
72.6 % comme en attestent les résultats des élections présidentielles de février 2012. Bientôt cinq ans déjà, aujourd’hui Rufisque se sent trahie, Rufisque tout à la fois pesante et abstraite dans les projets de l’état central, progressant à reculons vers un avenir sombre.
Son Excellence, Rufisque est victime d’un malheureux conflit entre l’état central et la municipalité, qui au sortir des élections de Juin 2014 avait porté aux commandes un inconditionnel du principal parti de l’opposition, le Parti Démocratique Sénégalais. Le constat est tout à la fois flagrant et regrettable, votre gouvernement a volontairement écarté Rufisque de sa politique de développement, certainement pour ne pas alimenter le prochain bilan de l’équipe municipale. Je vous rappelle que pendant ce temps les populations continuent à souffrir et votre responsabilité est engagée au premier rang, car vous êtes le père de lanation.
C’est avec une véhémente certitude que je sens venir : la vérité est en marche et rien ne l’arrêtera car les populations sont aujourd’hui conscientes de la nécessité d’un engagement citoyen et responsable, conscient qu’il leur faut prendre les armes dans la légalité constitutionnelle pour exister dans ce Sénégal marron beige. Républicain et élégant nous le serons, Rufisque de Ngalandou Diouf, d’Abdoulaye Sadji, de Maurice Gueye, Rufisque des grandes luttes syndicales, Rufisque des quatre premières communes Françaises de plein exercice n’aura certainement pas de difficulté à faire valoir le Respect qui lui est du. Rufisque telle que nous la connaissions, une ville idéaliste, inventée pour bannir la lutte des ambitions et instaurer la suffisance comme bouclier contre le soulèvement des peuples meurtris et abandonnés à leur propre sort, c’est fini !
Mais cette lettre ne saurait être longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.
J’accuse mon Président, votre Plan Sénégal émergent a réservé une maigre part à la ville de Rufisque. Sur les 263 milliards prévus pour le département seuls 11 milliards reviendront à la ville de Rufisque, soit 0.06% si on considère le budget global de 4000 milliards. Il ne saurait cependant y avoir de confusion possible entre le budget d’investissement prévu pour la valeureuse ville de Rufisque et celui réservé au pôle Urbain de Diamniadio encore moins pour la nouvelle cité du Lacrose.
J’accuse votre Gouvernement, le communiqué du conseil des ministres en date du 14 Sept 2016 nous restera au travers de la gorge, voilà ce qu’il disait en son paragraphe 3 « …Dans ce cadre, le Chef de l’Etat indique au Gouvernement la nécessité de veiller à la bonne exécution du Plan directeur d’Assainissement de la Région de Dakar, au développement des plans spéciaux d’Assainissement pour les villes de Pikine, de Guédiawaye et les pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose, et d’engager les moyens adéquats, en vue de la modernisation et de l’extension des capacités de la station d’épuration de Cambérène. »
J’accuse votre ministère des sports, c’est Rufisque de ThiernoYoum et de Pape BoubaDiop qui réclame son stade. Le stade Ngalandou Diouf est fermé à la jeunesse de Rufisque depuis 5 ans et depuis lors les promesses se suivent allant jusqu’à nous inspirer une prise d’otage perpétrée contre la jeunesse de Rufisque. Président nous vous rappelons l’engagement que vous aviez pris au paragraphe 3.1.8 du document de référence du PSE : « L’objectif global du sous-secteur est d’augmenter sa contribution au développement et de le rendre accessible à tous, au regard de ses fonctions sociales, économiques, psychologiques et thérapeutiques. Dans cette pers-pective, les politiques et stratégies du sous-secteur visent essentiellement à promouvoir le sport et les activités connexes, par la construction de complexes modernes omnisports, d’infrastructures sportives et la réhabilitation des stades régionaux, le développement du sport à l’école et la promotion d’entreprises sportives et d’activités connexes ainsi que le renforcement des dispositifs de gestion.» La responsabilité de votre gouvernement pour la livraison urgente des travaux du stade de Rufisque est inéluctable mais également pour en assurer la conformité technique, ne serait-ce que pour garantir la sécurité des milliers de sénégalais que le stade pourrait accueillir dans le futur. Président, Rendez-nous notrestade…
J’accuse votre ministère de la santé, l’hôpital YoussouMbarganeDiop nous fait honte, globalement le niveau du plateau médical à Rufisque devrait interpeler la responsabilité de votre gouvernement. La cartographie sanitaire de Rufisque se résume ainsi : 13 postes de santé vétustes et 1 hôpital complétement délabré qui manque de toutes sortes de commodités avec un personnel démotivé. Président, soyez informé que le droit à la santé, au confort médical n’est pas une réalité à Rufisque et attendons avec impatience les 124,6 milliards de FCFA du programme national de relèvement des plateaux techniques des hôpitaux et autres centres desanté.
J’accuse votre ministère de la pêche, le quai de pêche de Rufisque œuvre de l’ancien régime socialiste et qui constitue un élément essentiel du secteur n’honore en rien les lébous de Rufisque. Parmi les dix premiers quais de pêche construit au Sénégal avec 20 milles tonnes de produits par an, le quai de pêche de la ville de Rufisque vit les supplices d’un manque
d’accompagnement et d’une politique de décentralisation économique inachevée. Les professionnels du quai de pêche de Rufisque réclament depuis des mois un agrément pour enfin pouvoir réaliser le rêve d’une économie maritime performante à Rufisque.
J’accuse votre ministère du Renouveau Urbain, Rufisque la ville centenaire ne mérite- t- elle pas plus de reconnaissance ? Le niveau d’urbanisation de cette ville classée patrimoine historique laisse à désirer, sans oublier les calèches ce moyen de transport médiéval qui reste encore une réalité comme unique moyen de transport des « gorgorlou » de cette grande ville de Dakar.
J’accuse enfin votre ministère des infrastructures, 14 km de canaux à ciel ouvert dont celui inauguré en 1962 par Mamadou Dia qui reste l’une des plus importantes infrastructures de Rufisque. Que des bâtiments et routes en état de délabrement trop avancés : le lycée Abdoulaye Sadji, le CDPS de Rufisque, le palais de la justice de Rufisque, la gare de Rufisque, la route de l’hôpital YoussouMbarganeDiop pour ne citer que ceux-là. Sans oublier la digue de protection contre l’avancée de la mer qui devient une condition sine qua non pour entretenir les espoirs des populations de Rufisque.
Je n’ai qu’une passion, celle de réhabiliter le respect et la considération que l’état central doit à la valeureuse ville de Rufisque, au nom de toutes ces populations qui souffrent et qui ont droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de l’âme d’un Rufisquois. Qu’on ose donc me dire en quoi Rufisque devrait être le parent pauvre de ce Pays ! J’attends.
Veuillez agréer, monsieur le Président, l’assurance de mon profond respect.
Fait à Rufisque, le 21 Septembre 2016 Par Abbou Lahad DIAKHATE