Le Président de la République doit être psychologiquement costaud pour faire face à la situation sociale en pleine ébullition. Et si, dans la quasi-totalité des différents Segments de la Nation, ça râle ferme, jamais, le tissu social n’aura été aussi mal en point.
Magistrats, Agents de l’Administration fiscale, Syndicats d’enseignants, médecins, ramasseurs d’ordures, Société civile, Etudiants non-voyants de Thiès, Sénégalais expulsés d’Amérique qui poursuivent le régime pour présumé détournement de 25 mille dollars, populations de la banlieue « dépossédées » de leurs terres…tous portent le masque des mauvais jours et en veulent à mort au Pouvoir en place.
Bref, la contestation semble avoir atteint un point de non-retour, à quelques mois des élections législatives du 30 juillet prochain. Décryptage !
L’horizon ne semble jamais avoir été si bouché pour le régime en place que par ces temps qui courent . Lequel régime doit batailler ferme, pour sortir indemne des divers foyers de tension qu’il s’est créés lui-même, pour la plupart du temps. De la Magistrature aux ramasseurs d’ordures, en passant par les Syndicats enseignants, de la Santé, la Société civile, pour ne citer que ces Segments de la vie, tous s’électrifient de nervosité envers le Pouvoir en place. Contraint à enjamber le temps pour se tirer d’affaire.
Pour ce faire, d’abord, Macky Sall doit trouver les voies et moyens de contenir le trop-plein de frustrations des membres de l’Union des magistrats du Sénégal. La preuve, jamais, des relations n’ont été aussi heurtées entre un ministre de la Justice et les justiciers.
C’est la première fois, dans le Sénégal indépendant, que des magistrats invitent leurs collègues à se virer eux-mêmes du Conseil supérieur de la Magistrature présidé par le Chef de l’Etat, Macky Sall. Au motif que la tutelle, en intentant des procès contre certains magistrats, a tout simplement déclaré la guerre à la Magistrature. La démission du juge Dème du Conseil supérieur de la Magistrature, ainsi que le récent coup de gueule du juge Téliko sont passés par là.
Au moment où l’Union des magistrats du Sénégal, pour une grande première, dans les annales de l’histoire du Sénégal, a résolument pris le maquis, après avoir fini de faire l’apprentissage de la déception avec le Garde des Sceaux, Macky Sall et son régime doivent faire face à un autre front : les Agents de l’Administration fiscale. Qui tiennent les manettes d’une bonne partie des mamelles de l’économie.
Ce n’est pas tout. Car des Syndicats d’enseignants, à l’image du Grand Cadre d’Omar Wally Zoumaro, entament un Plan d’actions, dès ce jeudi, avec un débrayage. Tandis que d’autres sont en route pour la rébellion contre un régime qui signe des protocoles d’accords plus qu’il ne sache les honorer.
Le Syndicat autonome des enseignants du Sénégal est en embuscades. Et prêt à tirer à balle réelle contre Macky Sall et son régime. Toujours, pour non-respect de protocole d’accord paraphé.
Ce n’est pas seulement les chevaliers de la craie avec qui le Pouvoir en place a maille à pâtir. Loin s’en faut ! Les ramasseurs d’ordures sont également en contentieux avec Macky Sall. Et menacent de laisser Dakar, capitale sénégalaise, moisir dans la saleté.
A cette situation déjà ô combien électrique, vient se greffer l’affaire des Sénégalais expulsés des Etats-Unis et qui ne se sont retrouvés qu’avec la modique somme de 20 000 F Cfa, pour quitter l’Aéroport Léopold Sédar Senghor. Des compatriotes qui poursuivent Macky Sall et son régime pour «détournement» de 25 mille dollars. Convaincus que le pays de l’Oncle Sam ne saurait les chasser de son sol, sans les indemniser.
Pis, las de se faire entendre, les «bannis» des Etats-Unis menacent de s’immoler par le feu, devant les grilles du Palais de la République. Et disent avoir déjà acheté allumettes et briquets pour se venger du Pouvoir, à leur façon.
D’autres Sénégalais ayant opté de livrer un «mortal kumbat» contre le Système marron-beige : les non-voyants de Thiès. Qui, après avoir longtemps souffert le martyre en silence, ont brisé leur mutisme. Et pris d’assaut les grilles de l’Assemblée nationale, pour se faire entendre. Aussi, entendent-ils se battre contre ce qu’ils qualifient d’injustice au sein de leur établissement, où certains d’entre eux sont, disent-ils, l’objet d’exclusion injuste.
Et pendant ce temps, à quelques kilomètres du Centre-ville de Dakar, précisément à Tivaouane-Peulh, une partie de la banlieue, des populations sont «ivres» de nervosité. Elles protestent contre leurs habitations détruites, disent-elles, par la Descos.
C’est dans ce contexte surréaliste sur fond de lamentations continues, que l’insécurité continue d’avoir de beaux jours devant elle. En attestent les scènes de braquages qui ne faiblissent pas. Et dont la dernière en date remonte à lundi passé, vers Saraya, l’Est du Sénégal, où des hommes lourdement armés ont arraché 38 millions F Cfa à de pauvres et honnêtes citoyens.
Aussi, «Y’en a marre», après cinq ans de congé, a-t-il jugé crucial de reprendre les armes. Pour protester contre le fait que, dit le Mouvement citoyen, rien ne bouge et rien ne change au pays de Macky Sall. C’est, d’ailleurs, tout le sens de son vaste Rassemblement du 7 Avril dernier. Et lequel aura permis à Fadel Barro et Cie de mobiliser plusieurs milliers de personnes à la Place de la Nation.
Malheureusement, comme si ce cri de détresse des «Y’en a marristes» n’était pas entendu par Dame nature, l’édition du «Daaka» de Médina Gounass, avec ses 31 morts et 70 brûlés du troisième degré, a rajouté une couche au bilan déjà trop macabre des sinistres qui s’abattent sur le Sénégal, depuis plus d’un an. Des drames qui ont, entre autres, pour noms flambée des meurtres, des accidents mortels, des vols commis la nuit avec usage d’armes à feu. Et pour lesquels, la responsabilité de Macky Sall et son régime est aujourd’hui plus qu’hier pointée du doigt.
Le Président de la République devra d’autant plus être fort psychologiquement pour ne pas flancher que c’est dans cette atmosphère morose que l’opposition essaie de se doter les moyens d’unir ses forces et de taire ses divergences pour se taper une majorité à l’Assemblée nationale. Et obliger au régime une cohabitation. Un contexte à hauts risques, aussi, pour le Parti présidentiel, qui devrait éviter le piège des investitures de ses membres sur les listes de la députation.
Actusen.com