L’homme de Rio a encore frappé ! En 2007, Teddy Riner naissait au monde du judo en décrochant le titre mondial dans la cité carioca. Son premier. Neuf ans et sept sacres planétaires plus tard, dont un autre à Rio, le Français a écrit une nouvelle page de sa légende en devenant double champion olympique vendredi, égalant ainsi deux monstres sacrés de sa discipline dans la catégorie poids lourds, le Japonais Hitoshi Saito et la référence hexagonale David Douillet.
Une consécration annoncée, qui n’aura pas fait l’ombre d’un pli. Dès son premier combat, le Guadeloupéen apparaissait le visage fermé, déterminé. Tendu vers le seul objectif qui pouvait être le sien : se parer d’or. Comme d’habitude pour celui qui n’a plus perdu un combat depuis le 13 septembre 2010. Depuis, nombreux sont ceux à avoir essayé de faire tomber le colosse des Abymes. Avec le même résultat à l’arrivée.
Que pouvait, du coup, espérer l’Algérien Mohammed Tayeb, le premier à se mesurer à l’invincible ? Une première fuite hors du tapis après seulement trente secondes en disait long sur ses intentions. Et quelques instants plus tard, immobilisé sur le tapis, voire même incrusté littéralement dedans, Tayeb en avait fini avec ses Jeux.
Pas le bon tirage au sort pour lui. Lors de son passage devant la presse, il ne dira pas un mot, se contentant d’un signe de tête, empli d’impuissance. Tout l’inverse d’un Riner avançant au pas de charge, sautant une barrière de plus d’un mètre de haut sans hésitation. Le symbole que rien ne saurait se dresser entre lui et la première marche du podium qu’il convoitait. Pas même un Brésilien sur ses terres…
Dans une salle soudainement électrique, le Français devait en effet se coltiner Rafael Silva sur la route du dernier carré olympique. Un adversaire coriace, médaillé de bronze il y a quatre ans à Londres, soutenu par tout un peuple. Un défi à la mesure de l’octuple champion du monde qui, passé une phase d’observation, prenait les affaires en main. Pour ne plus les lâcher avant d’avoir validé son billet pour le tour suivant, et de goûter à une pause bienvenue.
Présente dans les tribunes, sa famille, elle aussi, pouvait souffler. L’occasion pour son père, Moïse, de nous confier son sentiment à mi-chemin d’un formidable exploit : «Cette journée est angoissante mais on n’a pas le choix. Contre Silva, cela n’a pas été simple. Je ne sens pas Teddy tendu en tout cas. Dans la famille, on n’est pas du genre à ressentir la pression. Evidemment, ce n’est pas une compétition comme les autres mais je trouve qu’il la gère bien. Aujourd’hui, il a une médaille qui lui tend les bras et il n’a pas à faire le fanfaron. Il faut qu’il fasse le travail en s’appliquant.»
Sérieux jusqu’au bout
Du sérieux, Riner en a toujours fait preuve, lui qui insiste à chaque entretien sur sa volonté de toujours se remettre en question et de ne jamais considérer une compétition future comme acquise. Comme lorsqu’il confiait au Figaro, avant de s’envoler pour le Brésil : «Avant chaque tournoi, j’essaie vraiment de ne pas penser à mon invincibilité. Je ne veux me concentrer que sur mon prochain objectif et pas sur ce que j’ai réalisé avant. Cela ne compte plus. Et au moment de monter sur le tatami, à Rio, croyez-moi, dans ma tête, tous les compteurs seront remis à zéro.» Y compris, donc, face à l’Israélien Or Sasson, son adversaire en demi-finales, qu’il avait dominé en avril dernier en finale du Championnat d’Europe. A l’époque, il avait pris son temps avant de trouver l’ouverture et de s’imposer sur une clé de bras à quelques secondes de la fin.
Harasawa impuissant, comme les autres
Un heureux dénouement qu’il reproduisait quasi à l’identique en crucifiant Sasson à la dernière seconde, au terme d’un combat crispant, lors duquel le Français, pour la première fois, sembla avoir du mal à réellement prendre l’ascendant. Mais seule la victoire comptait au bout pour le porte-drapeau, en train de vaincre la soi-disant malédiction collant à la fonction en France après les échecs de Tony Estanguet et Laura Flessel lors des deux précédents JO. Pour lui barrer la route, il ne restait plus qu’un Japonais, évidemment, en la personne de Hisayoshi Harasawa. Celui qui avait osé annoncer ouvertement vouloir le détrôner. Sauf que Riner ne pouvait pas perdre quelques minutes après que sa compatriote Emilie Andéol ait décroché le premier grand titre de sa carrière. Alors méthodiquement, en prenant rapidement deux pénalités d’avance, le Français allait saper les velléités nippones. Pour décrocher son deuxième titre olympique et entrer un peu dans la légende du sport français
Actusen.com avec Sports24