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Journée mondiale de l’Enfant: Analyse praxéologique de la situation de l’Enfant sénégalais

Aujourd’hui, nul n’ignore que le monde entier célèbre à l’unanimité et à l’unisson, la journée mondiale de l’Enfant, vingt neuf (29) ans après l’adoption de la Convention des Nations unies sur les Droits de l’Enfant.

Toutefois, en sus du caractère festif et solennel de cette belle journée dédiée et consacrée à l’Enfant, qu’il nous soit permis en tant que praticien réflexif et chercheur de faire une évaluation à mi-parcours de ces dits droits.

A l’analyse, sans être nihiliste, ni négateur, force est d’admettre que cet effectivité n’est pas de mise dans notre pays.

Tous les enfants sénégalais sont-ils réellement épanouis et jouissent-ils pleinement de leur tendre enfance ? Toujours est-il que certains, sans pouvoir mots dire continuent de souffrir de maux qui plombent leur enfance et dont les séquelles, tel un palimpseste les poursuivent jusqu’à l’âge adulte. L’enfance malheureuse et difficile imprimant donc son sceau et sa marque sur toute la vie. Parmi ces difficultés et problèmes que rencontrent les enfants, il y a notamment : les mariages d’enfants, les grossesses précoces et non désirées, la privation d’éducation, les pires formes de travail des enfants, l’exploitation économique et sexuelle, les rapts, viols et violences, la malnutrition aiguë ou sévère, la maltraitance. Pourtant, le texte précité protège à bien des égards cet être pur, sacré et sacralisé contre tous ces dangers auxquels il est confronté du fait de sa situation de vulnérabilité et d’indigence. En effet, une panoplie de droits ont été accordés à l’Enfant. Il s’agit notamment des droits civils (le droit à une nationalité, un nom, un pays, une identité ou le droit d’être enregistré à la naissance), des droits politiques (le droit à la liberté d’expression, le droit d’être écouté), les droits économiques (le droit à l’éducation), les droits culturelles (le droit aux loisirs et aux jeux).

Ces droits sont corroborés et corsés par quatre sacrosaint principes que sont : la non discrimination, le principe de vie, survie et développement, la participation et l’intérêt supérieur de l’enfant. La stratégie nationale de la protection de l’Enfant (SNPE) y ajoute l’égalité de chance, la déjudiciarisation progressive, la protection contre la violence, la responsabilité des institutions et la solidarité nationale. De surplus, la Charte africaine sur les Droits et le bien-être de l’Enfant, la Constitution sénégalaise et son préambule ainsi que de nombreux textes dans notre corpus juridique interne promeuvent et protègent les droits de l’Enfant. C’est le cas notamment du code du travail, du code de la famille, du code pénal et de procédure pénale, du code de la nationalité. Donc,  le cadre légal est largement satisfaisant. De même, il existe en appoint plusieurs politiques et programmes en faveur de l’Enfant. Il en est ainsi de la stratégie nationale de la protection de l’Enfance, du programme enfance déshérité, du plan cadre national pour la prévention et l’élimination du travail des enfants.

Toutefois, une simple observation libre et participante dans les rues et ruelles des grandes villes suffit pour se rendre compte de la situation précaire et grégaire des enfants en situation de rue. Et, ceci n’est que la partie visible de l’iceberg. Donc, malgré les efforts réels consentis, des défis majeurs existent encore dans le secteur de la protection de l’enfance.

Relever ces dits défis, est une urgence voire même une exigence pour le bien-être des enfants. Comme l’avait si bien souligné Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies:

«Rien n’est plus important que de bâtir un monde dans lequel tous nos enfants auront la possibilité de réaliser pleinement leur potentiel et de grandir en bonne santé dans la paix et la dignité». Ainsi, pour ce faire, L’Etat est interpellé au premier chef. Il a l’obligation première de respecter et de faire respecter strictement et scrupuleusement les droits de l’Enfant et de les protéger contre toute forme de vulnérabilité, à tout moment et en tout lieu. Ceci, doit se faire en partenariat avec les organisations non gouvernementales et les bailleurs de fond. Il faut donc une mobilisation de toutes les forces ainsi que de tous les acteurs de la protection de l’enfance.

Les parents aussi doivent davantage langer et s’occuper de leurs enfants car « ce petit homme ou petit de l’homme » est une tige fragile et fébrile qui a besoin d’accompagnement et d’aide surtout de la part de ses propres parents.

Tous ensembles alors pour que nos enfants croissent et grandissent dans la paix, la sécurité et la dignité.

Emmanuel DIOUF, Conseiller juridique et Travailleur social

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