L’instant durant lequel le maire de Dakar allait venir à la barre pour s’expliquer sur la caisse d’avance était très attendu.
Habillé, comme à l’accoutumé d’un grand boubou blanc, Khalifa Sall a, à l’instar de ses co-prévenus nié à bloc les faits qui lui sont reprochés. Retraçant l’historique de la caisse d’avance, il renseigne que, « avant 1983, il y avait un président du Conseil municipal qui recevait l’argent du percepteur et il rendait compte. Le président du conseil municipal rendait compte au président de la république. Après la réforme de 1983, quand le maire est devenu ordonnateur, la tutelle existait. Le maire rendait compte à l’autorité politique, le ministre chargé des collectivités locales. 1996 est le moment de l’émancipation des collectivités locales. Il n’y a plus eu de tutelle ni de contrôle à priori. Les fonds politiques ont continué à exister. Mais, le maire est devenu responsable devant son conseil municipal. Le maire recevait l’argent par un mécanisme administratif et financier mis en place par le percepteur. »
D’après Khalifa Sall, cette façon de procéder est connue de tous les maires qui se sont succédé à la ville de Dakar et des personnalités politiques. Il affirme même avoir une fois été sollicité par le président de la République concernant cette caisse d’avance. Il poursuit : « Si j’avais accepté durant mon incarcération un certain nombre d’offres et de marchés, je ne serais jamais ici. Je suis devant vous, à cause de mes positions et des décisions politiques. En 2012, le président Macky Sall m’a parlé de ces fonds. »
Lorsque le maire a fini son argumentation, il était 13H30. C’est-à-dire l’heure à laquelle l’audience est suspendue. Mais le juge voulait en connaitre davantage. Surtout que, Khalifa Sall soutient que le président l’a sollicité par rapport à ces fonds. Malick Lamotte sur un ton sérieux, la voix basse demande au maire de s’expliquer. L’assistance n’a que partiellement attendu la réponse du maire. Puis, les circonstances dans lesquelles le chef de l’état l’a sollicité n’ont pas été élucidées. Mais, le juge voulait aussi savoir si effectivement Khalifa Sall allait donner oui ou non la liste des bénéficiaires d’autant plus que ses avocats lui ont remis une liste. Le premier magistrat de la ville campe sur sa position.
Oumar Ndiaye (Actusen.com)