Quelle place prendra la Chine dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Avant même l’annonce de Donald Trump, le Premier ministre Li Keqiang n’avait laissé aucun doute sur la volonté chinoise de respecter le pacte sur le climat : « La Chine, comme l’une des premières signataires de l’accord, honorera ses engagements pris à Paris », a-t-il dit à Berlin. A Pékin, l’annonce de Trump est tombée en pleine nuit, et il y a déjà eu quelques réactions.
De notre correspondante à Pékin,
La presse se félicite des propos rassurants du Premier ministre Li Keqiang mais le China Daily fait part de ses craintes. « Ce retrait rend l’action globale contre le réchauffement climatique plus incertaine », écrit le journal qui prédit « des conséquences graves » car d’autres pays pourraient être tentés, eux aussi, de faire fi de leurs engagements. L’agence Chine Nouvelle parle d’un « revers mondial ».
Le Global Times, lui, remarque que seulement deux pays, la Syrie et le Nicaragua, n’ont pas signé l’accord climat. « Les Etats-Unis rejoignent cette minorité douteuse », écrit le journal et souligne que ce sont les Américains qui ont profité le plus du développement industriel au détriment de l’environnement. Commentaire du Global Times : « L’égoïsme des Etats-Unis et leur irresponsabilité sont maintenant visibles pour tous et mettront à mal leur leadership ».
« La Chine remplacera désormais les Etats-Unis »
Pékin pourrait justement s’engouffrer dans la brèche et se positionner pour prendre la place laissée par les Américains, estime Caixin : « La Chine remplacera désormais les Etats-Unis », écrit le journal économique, et le South China Morning Post renchérit : « Le premier pollueur du monde est maintenant la première puissance courtisée par tous pour lutter contre le réchauffement climatique ! ». Le quotidien de Hong Kong souligne d’ailleurs la ferveur avec laquelle Pékin cherche à devenir le laboratoire des énergies vertes : « en 2016, la Chine y a investi 88 milliards de dollars, aucun autre pays n’a fait mieux ».
La Chine a déjà doublé les Etats-Unis. Elle produit déjà 20 % de son électricité grâce aux énergies renouvelables, alors qu’aux Etats-Unis, ce taux ne dépasse pas les 13 %. Sur l’éolien, par exemple, entre 2005 et 2015, la Chine a assuré, à elle seule, plus d’un tiers de la croissance mondiale ; chaque heure, une turbine est construite ici. La Chine, premier pays pollueur mais aussi champion de l’énergie verte, c’est vrai également pour le solaire : la Chine a détrôné l’Allemagne comme numéro 1 mondial.
A ce rythme, Pékin espère atteindre ses « objectifs climat » avant même 2030.
Rfi