C’est parti !!! Pendant 20 jours, nous allons avoir droit à toutes les professions de foi possibles et inimaginables. La campagne électorale est sur la ligne de départ, que dis-je sur le boulevard de départ, et 47 listes concurrentes vont faire assaut de promesses, de cadeaux, de T Shirts, de casquettes, et jouer au Guichet Automatique, en distribuant en-veux-tu-en voilà, des millions de nos pauvres francs dévalués à des citoyens pas dupes du tout. Que de milliards dépensés !!!
En plus de cela, le chef des républicains force le trait et en termes guerriers les incite au combat, presque à la guerre, et leur dit : «c’est gagner ou périr», et s’il le faut, «eh bien, vendez vos troupeaux de chèvres, de moutons, vos vaches, et que Augustin Tine, ma foi, vende ses cochons, c’est licite pour la bonne cause !!!
20 jours interminables durant lesquels ils pourront même s’insulter sans conséquences, la loi ayant rangé les propos de campagne dans la case des délits compréhensibles et non punissables. Ils ne vont, donc, pas s’en priver, de diffamer, de salir, et de s’arranger avec la vérité.
Ce «Politic Circus» profite à beaucoup de gens qui n’attendent d’ailleurs que ça pour faire leurs chiffres d’affaires quinquennal, comme les loueurs de tentes et de bâches et de chaises, les lutteurs qui profitent de la saison des « mbapattes » pour prêter leurs muscles aux politiciens, et qui d’ailleurs souvent sont à la source des échauffourées, prouvant qu’ils possèdent bien un muscle dans la tête et de deux cerveaux dans les biceps.
N’oublions pas les pickpockets dont c’est le moment béni pour faire du chiffre et du portable et aussi ceux qui seront de tous les meetings, ayant vendu leur dignité aux soi-disant pouvoirs des «porteurs de voix» et des «Groupements féminins» transportés comme du bétail dans des Ndiaga Ndiaye, que du coup nous aurons du mal à trouver pour rentrer dans nos banlieues certainement inondées, le soir venu.
D’ailleurs, on commence à, sérieusement, s’inquiéter des déluges qui menacent les cours d’écoles et nous font risquer de voter sur la voie publique. Cette éventualité rajoutée aux cartes d’électeurs qui sont encore sous presse, et vous avez le scénario catastrophe qui se dessine et menace le calendrier républicain.
Mais là où cela va être intéressant, c’est de voir comment ils vont nous expliquer que plus de 8000 candidats se disputent 167 sièges, et comment ils vont nous promettre de travailler au moins plus que ceux qui sortent de cette Assemblée Nationale et qui ne peuvent afficher en guise de bilan, pas la moindre loi issue de leurs réflexions à l‘endroit et au profit du peuple qu’ils disent, en vociférant, vouloir représenter.
Pendant 20 jours, ces candidats vont envahir nos écrans télé, nos journaux, salir les murs du pays avec leurs affiches. Ils vont donc concourir pour avoir nos suffrages. Et c’est le seul concours au Sénégal, d’ailleurs, où il n’y aura pas besoin de recourir à des fuites, pour y réussir, puisqu’ils tiennent le même discours suranné. Et pour nombre d’entre eux, ce sera le seul concours qu’ils auront passé avec succès : Le concours de circonstances. Et puis, il y aura des larmes, parce que c’est bien connu : un dépité, ça pleure, énormément…
Les larmes, elles risquent aussi de couler, lorsque Abdoulaye Wade sera exhibé comme une «bête politique de foire» par des repentis qui sont tout penauds de faire appel à son ombre, après l’avoir combattu en 2012, et qui auront en face d’eux, c’est surréaliste, Farba Senghor et Alfred Samba Mboupo, ex-baye Fall du Vieux revenu. Que ceux qui y comprennent quelque chose lèvent le doigt…
Les fuites ne sont pas permises… D’ailleurs, le Baccalauréat est arrivé à point pour nous distraire de ces inepties politiques et nous rappeler que la triche et la magouille sont, chez nous, les vecteurs nécessaires et obligés de la réussite ou du moins de l’idée qu’on s’en fait. Le cru 2017 du Baccalauréat interroge notre société tout entière dans son fonctionnement et son rapport au travail et au mérite.
Le Baccalauréat est socialement plus important qu’il ne l’est devenu, académiquement, c’est ainsi, et il charrie dans l’imaginaire de bien des parents et élèves des fantasmes de réussite sociale insoupçonnés. C’est ce qui explique l’émotion, qui a saisi notre société et a drainé toutes sortes d’informations erronées, de rumeurs virales, voire de fake-news comme cette prétendue copie de mathématiques, diffusée sur les réseaux sociaux.
Des enquêtes sont diligentées pour retracer le parcours de ces fuites avérées, et si la gendarmerie travaille avec la même célérité que quand elle a dû stopper, en deux coups de clics, les jeunes filles qui s’étaient échangé sur les réseaux sociaux le «photomontage» qui dégradait l’intégrité de notre Président de la République, ces enquêtes devraient être bouclées rapidement et révéler les motivations crapuleuses des protagonistes.
Mais ça ne réglerait pas, pour autant, le problème qui est bien plus profond, lié qu’il est à notre propension à toujours avoir recours à des raccourcis administratifs et pour ce qui concerne le Baccalauréat, la pression sociale est telle, que, normalement, corrupteurs sans scrupules et corrompus sans déontologie se retrouvent dans les espaces qui font la lie de notre société.
Notre relation à l’avoir facile, parce que valorisé à tout moment dans notre espace médiatique autant que politique, d’ailleurs, a pour conséquences de toujours nous mettre dans des situations scandaleuses, qui ont toutes la même motivation et la même origine : le rapport décomplexé à l’argent. Nous avons un Baccalauréat dévalué, depuis des décennies, mais nous avons, aussi, dans ce pays, deux millions de faux permis de conduire, des centaines de faux permis de construire, et ça ne gêne personne.
Au Sénégal, Bac ou pas Bac, nous avons changé d’auxiliaires. Avant il fallait «ETRE». Aujourd’hui, il faut «AVOIR ». Nous sommes tous innocents, au nom pèse, du fric et de la Sainte Triche. Mais grawoul… Fi Sénégal la… Faut bien vivre non ? Bissimillah !!!
SAMBAAY BATHIE (Actusen.com)