« Certes, Dieu ne change pas l’état d’un peuple
avant qu’ils[1] ne changent ce qui est en eux-mêmes » (Coran)
Le but poursuivi dans les lignes qui suivent est de sensibiliser les politiques et les autres citoyens sur les dangers de la banalisation des insultes et autres calomnies publiques. Les développements récents comme des faits d’hier révèlent bien que le pays en a bien besoin. Seuls les insouciants ne sont pas inquiets des évolutions actuelles dans le champ politique sénégalais. Comme disait l’autre, « à certains moments, seuls les fous n’ont pas peur »
Dans cette optique, il est bon de se dire que c’est un signe d’irresponsabilité notoire de la part de personnes qui se disent des politiques et qui basculent de l’art de bien gérer la cité au vice de l’insulte et de la calomnie de l’autre. Quand l’insulte, l’invective et des propos du même genre deviennent des habitudes chez les politiques notamment au Sénégal, il urge de se poser la question de savoir : qu’est-ce que la politique pour ces gens ?
Quand l’insulte et la calomnie sont considérées par des politiques comme un moyen de faire de la politique, on est alors au bord du gouffre et le pays n’est pas à l’abri de situations dont nul ne peut anticiper les incidences catastrophiques pour le bon vivre ensemble.
Pourtant, ce sont ces mêmes politiques qui parlent tant de vertu, d’introspection, de pertes de repères et de valeurs tout en se comportant comme si ces vertus n’étaient bonnes que pour les autres !
Pourtant, tout dans les références musulmane, chrétienne comme traditionnelle de notre pays, interdit le recours aux insultes, aux invectives et autres calomnies dans le rapport à autrui. Au moment où les citoyens attendent de faire connaissance avec les offres politiques des candidats à la future élection présidentielle de 2019, certains politiques leur propose plutôt une panoplie de propos et d’insinuations qui sont autant de facettes d’une pratique politique médiocre, indécente, ridicule, choquante mais surtout inquiétante et grosse de toute sorte de dangers : « Evitez des troubles qui ne toucheront pas que les injustes[2] parmi vous » (Coran)
Il importe de ne jamais oublier que la violence verbale alimente et « justifie » celle physique. Insulter quelqu’un ou le calomnier, c’est l’exposer à la vindicte des « petits esprits » et autres fanatiques « politiques » capables de toutes sortes d’actes irresponsables. C’est aussi jouer avec le feu que de croire ou faire semblant de croire que le fait de balancer n’importe quoi sur n’importe qui n’est pas grave quand il s’agit de compétition politique. En d’autres termes, la fin politique justifie la violence verbale comme moyen ! La question est alors : « est-ce qu’une personne qui fait de la violence verbale un moyen politique mérite la confiance des citoyens ? »
Il urge de rappeler aux politiques le devoir de responsabilité et de respect aussi bien entre eux qu’entre eux et les citoyens qui attendent d’eux une compétition digne en termes d’offre politique et rien d’autre.
Dans cette optique salutaire, c’est un impératif pour les politiques d’être exemplaires à travers des attitudes, des comportements et des propos responsables émaillés de décence et de respect entre eux et entre eux et les citoyens dont ils briguent les suffrages. C’est aussi à eux d’éduquer leurs militants et de sanctionner toute forme de violence verbale venant de leurs partis et autres mouvements. De leur côté, les citoyens ont un devoir de vigilance à travers des postures qui révèlent qu’ils rejettent toute violence verbale de quelque bord qu’elle vienne et qu’elle pourrait venir. C’est dire que les citoyens peuvent contribuer à assainir la compétition politique vu que tout ce que disent et font les politiques, in fine, c’est pour gagner leur confiance. Dans ce cadre, un enjeu qui nous semble être un des plus déterminants est de rappeler qu’une compétition politique décente et argumentée est aussi une demande éthique et citoyenne.
Ahmadou Makhtar kanté
Imam, écrivain et conférencier
Fait à Dakar, le 21/10/2018 – Safar 1440
[1] Les gens qui constituent ce peuple
[2] Les coupables