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La justice espagnole lance un mandat d’arrêt européen contre Carles Puigdemont

La juge de l’Audience nationale a lancé ce vendredi 3 novembre un mandat d’arrêt européen contre le président catalan destitué Carles Puigdemont et quatre de ses « ministres », partis en Belgique.

Le président destitué de la Generalitat Carles Puigdemont et quatre de ses « ministres » sont désormais visés par un mandat d’arrêt européen pour sédition, rébellion, détournement de fonds publics et désobéissance à l’autorité. Partis en Belgique, les cinq hommes n’ont pas répondu à la convocation de l’Audience nationale où ils devaient répondre de leur rôle dans le projet indépendantiste.

A l’issue de cette audience devant ce tribunal madrilène spécialisé dans les dossiers sensibles, huit autres membres de l’ancien exécutif catalan ont été placés en détention provisoire. Un neuvième, Santi Vila, a été libéré ce vendredi contre le versement d’une caution de 50 000 euros. Ce dernier avait démissionné avant la proclamation unilatérale d’indépendance de la Catalogne le 27 octobre.

Dans son ordonnance, la juge d’instruction rejette la demande formulée par les avocats de Carles Puigdemont et ses « ministres » de déposer par vidéo-conférence devant les autorités belges. Elle explique qu’ils ne remplissent pas les conditions fixées par la loi et « ne donnent même pas un domicile en Belgique pour réaliser une vidéo-conférence ».

Confirmant réception, un porte-parole du parquet fédéral belge a indiqué à l’Agence France-Presse que la justice belge allait étudier le mandat d’arrêt émis par l’Espagne.

Puigdemont « disposé à être candidat »

Peu avant l’annonce de l’émission du mandat, Carles Puigdemont a assuré dans un entretien en français à la RTBF qu’il se rendrait à la justice, « mais à la vraie justice », et a demandé à ses avocats d’exprimer à la justice belge qu’il était « complètement disposé à collaborer ».

Il n’y pas de garanties pour obtenir une sentence juste, indépendante, qui puisse échapper à cette énorme pression, à cette énorme influence de la politique sur le pouvoir judiciaire en Espagne.
Carles Puigdemont sur la RTBF03/11/2017Écouter

Dans cette même interview enregistrée et diffusée lors du journal télévisé, le président catalan destitué s’est également dit « disposé à être candidat » aux élections du 21 décembre en Espagne, même s’il doit faire campagne depuis l’étranger. Et a insisté pour obtenir des autorités centrales « l’engagement que le résultat de ces élections sera respecté. »

Les indépendantistes dans la rue à Barcelone

A 1 000 km de là, place Sant Jaume, dans le cœur historique de Barcelone, le drapeau national espagnol continue de flotter au côté de la bannière catalane sur le toit de la Généralité. Mais le ressentiment gagne les cœurs des manifestants.

Luis, libraire, est furieux des dernières décisions de la justice espagnole. « Il faut que le monde entier entende que nous avons des prisonniers politiques, qu’on veut qu’ils soient libérés. C’est une honte qu’en 2017, nous ayons des prisonniers politiques. Une honte ! » s’emporte-t-il au micro de notre envoyée spéciale, Aabla Jounaïdi.

Le rassemblement est aussi l’occasion d’apporter un soutien au président catalan déchu Carles Puigdemont. Et de critiquer sévèrement l’Union européenne. « J’ai connu la dictature de Franco, un régime très dur. Aujourd’hui, on n’en est pas loin. On ne peut s’exprimer librement. Le 1er octobre, vous avez vu l’agression des forces répressives espagnoles alors que nous étions pacifiques. Si l’Union européenne accepte toute cette violence et accepte que l’Etat espagnol outrepasse la loi, quelle foi peut-on encore avoir en ces institutions européennes ? Aucune », lâche Ramon Escofet, sympathisant du parti indépendantiste Esquerra Republicana.

Les manifestants ont aussi appelé à libérer les chefs de deux importants mouvements citoyens pro-indépendance, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, dont la détention provisoire a été prolongée ce vendredi.

Rfi

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